Il y a des films qui donnent la pêche et desquels on sort avec un large sourire aux lèvres. On sait toutefois qu'on assiste nullement à un grand moment de cinéma, que le film n'est pas un chef d'oeuvre et ne le sera jamais mais qu'importe. Le plaisir est là et pourquoi le bouder ? C'est le cas avec ce Coup de foudre à Bollywood. L'histoire est tirée d'un roman de Jane Austen "Pride and Prejudice (d'où le titre anglais du film Bride & prejudice), roman qui a fort inspiré la création anglo-saxonne de ces dernières années puisque Helen Fielding s'en ait largement servi pour écrire son histoire de Journal de Bridget Jones (sans compter presque une dizaine d'adaptation "officielle" du livre). Lalita appartient à une famille indienne traditionnelle qui connaît ses traditionnels soucis, à savoir marier ses filles. "Ses" parce que cette famille n'a que des filles. Lalita est un personnage entier, refusant les compromis, rêvant d'un amour pur. Quoi qu'attirée par le beau et riche américain Will Darcy, elle le fuit car Wickham, ancien ami devenu ennemi de Darcy, a révélé, sur le beau et riche américain, quelques comportements humains exécrables dont il fit les frais. Bien évidemment entre les deux hommes on apprendra que le salaud n'est pas celui qu'on croit et le gentil non plus.

Derrière la caméra et derrière l'écriture du film se trouve Gurinder Chadha qui avait réalisé deux ans avant un petit bijou, Joue-la comme Beckham qui proposait déjà la même vision de la jeune femme indienne et le même (bon) goût consistant à mélanger les cultures : culture indienne et culture anglais alors. On retrouve la même chose ici, avec même l'exploit de révéler de nouveau une comédienne qui crève l'écran. En effet, si Joue-la comme Beckham permettait la révélation de Keira Knightley,Coup de foudre à Bollywood permet de révéler au grand public (les autres l'auront vu dans Devdas notamment) Aishwarya Rai. Outre une beauté évidente (plus "cinégénique" d'ailleurs que photogénique), elle fait preuve d'un charme fou et d'une jolie gamme de jeu, surtout dans la comédie. Elle crève littéralement l'écran, attirant sans cesse le regard. Phénomène rare en fin de compte.

Le film pousse bien plus le mélange Inde/occident puisqu'ici la réalisatrice prend l'histoire hollywoodienne la plus classique qui soit, à savoir la comédie romantique calqué sur le mythe de Cendrillon, moule qui a donné nombre de comédies romantiques, que ce soit les films de Julia Roberts que ceux de Reese Witherspoon par exemple. Cette recette américaine est mise à la sauce indienne : chansons, danses dans des décors grandioses et surtout colorés, claire de lune et grands sentiments.

Le film n'est d'ailleurs pas pour rien divisé en deux grandes parties : l'une montrant des occidentaux plongé dans l'Inde et l'autre montrant la famille indienne plongée dans l'occident (Londres et Los Angeles). Le mélange fonctionne à merveille. Le début est particulièrement pétillant, pétillant comme un bon champagne. La description de la famille est une belle réussite, campant des personnages à la fois bien ciselé et tous drôles et touchants, même dans leurs défauts. La comédie est là sans cesse, parfaitement maîtrisé et géré.

Si un reproche peut-être fait au film, il ne concernera pas cette période et ce monde indiens, mais bel et bien la sphère occidentale. Par les comédiens d'abord. Le personnage de Darcy est une platitude impressionnante (comme l'était d'ailleurs Hugh Grant dans Journal de Bridget Jones). Il est bien fade comparé à Lalita et on s'étonnera au fond qu'elle puisse en tomber amoureuse. Mais au-delà des personnages, c'est l'histoire en elle-même qui déçoit. Certes, on comprend qu'elle se veuille et qu'elle se doit d'être "classique" pour justement renforcer le détournement comique. Toutefois, elle est trop prévisible, et finalement le film peu à peu de sa tenue. Autrement dit, le champagne s'évente un peu.