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De New-JPL, le 7 septembre 2011 à 14:50
Note du film : 6/6

Chers amis ( véritables ) cinéphiles, je suis particulièrement heureux de m'adresser aujourd'hui à vous. D'aucuns apprécieront peut-être que, l'an de grâce deux-mil onze s'écoulant, emportant ainsi qu'il était malheureusement prévisible nombre de ses promesses de rééditions de films anciens, l'on se préoccupe – encore ! – des trésors confisqués de notre patrimoine. En ces " temps de grande paresse ", selon l'expression consacrée par Gianni Esposito – paresse de l'activité, non anéantie pourtant ! de la communauté cinéphile française classique – il apparait en effet au quidam simplement curieux de découvrir le cinéma d'une époque autre que la sienne que le marché courant d'aujourd'hui, avec la généreuse complicité des programmateurs de notre vénérée TNT, se moque éperdument de la grande majorité des films que nous défendons et se borne à ne sauvegarder que quelques productions taxées d' " immortalité " ou dites " marquées du sceau indélébile des chefs-d'oeuvres ". Cela notamment pour les drames. Et ce n'est guère mieux pour les comédies, auxquelles on attribue là encore une hiérarchie, arbitraire en terme de qualité, qui n'aboutit qu'à ressortir et à rediffuser sans cesse les mêmes films dont on a la nausée. Inutile de chercher midi à quatorze heures. La démoralisation générale du cinéma traditionnel n'est autre, à cette heure, que la conséquence directe des politiques menées par les éditeurs et les détenteurs de droits. Et quoi de plus naturel, me direz-vous, en cette France spoliée de sa propre mémoire. Car il est aisé de constater, en dépit des nombreux espoirs que ces " gens " nous ont fait miroiter depuis l'apparition de la VHS, que cette démarche de dépossession de nos films, dont beaucoup possèdent un intérêt historique et ( j'ose le dire ) moralisant considérable, s'inscrit bel-et-bien dans une entreprise de démolition de la culture française, et ce dans l'optique un peu trop évidente de ne commercialiser qu'un cinéma mondialiste et, par ce biais, de graisser la patte aux promoteurs d'un matériel de pointe à la sauce blu-ray / 3D. Comme si nous avions systématiquement besoin pour apprécier un vieux film d'une restauration minutieuse et infallible voire en trois dimensions ! Le péril encouru, grâce à la passivité des éditeurs et à l'égoïsme de petites mafias d'héritiers, est à l'image des films perdus : la disparition progressive des témoignages de notre Histore.

Nous autres sommes cinéphiles de " vocation ", les passionnés, les vrais, et, depuis un certain temps aussi, les victimes quasi-impuissantes d'un système ingrat et oublieux de son devoir de mémoire. Libre au lecteur, après cela, de nous voir ou en vieux réactionnaires gâteux, ou en contre-réformateurs légitimes et actuels de l'accès au cinéma d'hier. Car Claudine… est toujours à l'école. La Claudine de Colette fut en effet transposée à l'écran en plein âge d'or du parlant français, par Serge de Poligny. Lors de sa sortie, en décembre 1937, le public littéraire put en apprécier l'atmosphère dite de demi-teinte, très fidèle au roman original, brodée du charme pimpant d'une Blanchette Brunoy fort jeune à l'époque et du charisme espiègle de Max Dearly. Où l'on vit également, pour ne citer qu'eux : Pierre Brasseur et Mouloudji enfant. … Le tout sur une musique de Ray Ventura.

Quel meilleur exemple aurions-nous pu trouver pour illustrer notre propos ? Tout y est. Film d'adaptation d'un chef-d'oeuvre couramment étudié DE NOS JOURS car étant le roman-phare d'un grand auteur ; réalisation impeccable et fidèle ; distribution soignée accommodée à une musique qui elle, témoigne de son temps propre et permet donc au spectateur de revivre l'oeuvre à travers les accents, grisants, d'une époque ciblée. Eh bien ce film, Mesdames-Messieurs, fut mis en vente. Oh pas bien longtemps ! en 1994. Un total de seulement quarante-cinq cassettes furent vendues, pour la bonne et simple raison que René Château, n'ayant pas eu le droit de diffusion… avait pris le gauche. Et voilà la seule et bien courte irruption de ce qui aurait être un classique redécouvert dans le marché courant. Mais ne nous abusons pas, nous n'attaquons pas foncièrement l'éditeur Château. C'est notamment à lui que nous devons la remise au goût du jour – du moins au temps des VHS – de raretés valant un bon détour telles que BOUT-DE-CHOU (1935), UNE JAVA (1939) ou encore l'hilarante COLLECTION MENARD réalisée sous l'Occupation. En revanche, ce que nous condamnons formellement, et je me fais ici le porte-parole de tous les désabusés, c'est sa politique actuelle en terme de RE-éditions. Nous passerons rapidement, si j'ose dire, sur les premiers succès d'une pornographie " soft " qui semblent constituer une sérieuse garantie sur les ventes des nouveaux produits de sa collection, pour en venir, amèrement, au vif du sujet. M. Château a en effet, à la disparition des cassettes, perdu le marché d'un nombre considérable de classiques ( LES VISITEURS DU SOIR, LE ROUGE ET LE NOIR, les DON CAMILLO, KATIA… ) et a fait l'objet de procès dont le plus célèbre est certainement celui de LA BELLE EQUIPE, où il se vit accusé par les enfants Duviver de " dénaturer " l'oeuvre qui, selon le cinéaste, devait à terme représenter le PESSIMISME en vue du Front Populaire. Or, René Château s'est toujours refusé à exploiter la fin originalement prévue, ladite fin étant alternative d'une issue plus heureuse que la production avait exigée à l'époque pour éviter la démoralisation des travailleurs mais dont Duvivier, des années plus tard, ne voulait plus se souvenir. Résultat : lors de la diffusion intégrale du film – HD – le 30 mai 2006 au Cinéma de Minuit, l'on s'aperçoit que la fin pessimiste du film original a tout bonnement été perdue, et que le contenu diffusé n'est autre qu'une fort mauvaise copie exploitée par les salles allemandes, seul recours pour nous faire reconnaître, aujourd'hui, la saveur que Duviver a voulu laisser au film dans son testament culturel.

Cet autre exemple est tout aussi accablant que le premier et nous fait distinguer, au-delà de M. Château, la responsabilité des éditeurs en général dans la débâcle actuel du commerce de notre cinéma. Pathé, Gaumont… autant de confiscateurs épris de " gros sous " plus que cinéphiles. Voilà ce que nous voulons dire, aujourd'hui, à toute personne un minimum soucieuse du patrimoine national : aidez-nous ! ces deux exemples sont flagrants, mais nous pourrions vous en sortir à la pelle, et en l'occurrence, la liste serait bien trop longue. Documentez-vous, apprenez à connaître ces films, soyez curieux des adaptations anciennes, des pellicules officiellement perdues mais officieusement soigneusement cadenacés et à moisir dans des greniers. Je terminerai cet exposé en précisant que ce qui précède est pour ainsi dire une lettre ouverte au Ministère de la Culture, et qu'un rapport est d'ailleurs en voie d'y être directement envoyé. Or, comme ainsi soit qu'à toute chose sensée il faille un bon mot pour conclure : " Les trésors du futur prennent racines dans le ciel du passé ". Louis Pauwels, " Le Matin des Magiciens " .


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De nicole:, le 8 avril 2009 à 08:06

GRACE à R. CHATEAU , NOUS AVONS EU L'occasion de decouvrir ce tres beau film tire du roman de COLETTE.


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