4,5/6. L'univers de Jane Austen, Sense and Sensibility, écrit en 1811, adapté en 1995 par Emma Thompson, réalisé par Ang Lee. Une vision de l'humanité, des aspects sociaux et moraux, et également d'éducation, sont à mettre au crédit de Jane Austen, brillante analyste de son époque. Rien à redire sur la réalisation de Ang Lee, simple et efficace (certains plans sont néanmoins très sophistiqués dans leur construction), complètement adaptée à cet univers. Cette adaptation cinématographique présente logiquement une société rigide, découpée en classes sociales figées et compartimentées, avec des élans du coeur qui s'y fracassent. La partie romantique, moteur du récit, est traitée avec finesse, pudeur, et une forte sensibilité.

Des personnages féminins de tous âges sont mis en avant, et conduisent le récit. Le casting est excellent, mais ce n'est pas une surprise vu le réservoir traditionnellement plein du cinéma britannique. Michael Coulter est nominé à l'oscar du meilleur directeur de la photographie pour ses prises de vue magnifiques de la campagne du Devon(shire). La part sonore (dictions, musique) est à la hauteur. Mais toutes ces qualités évidentes n'empêchent pas d'éprouver un certain ennui, face à la prévisibilité de l'intrigue et à sa longueur un peu excessive… Il manque peut-être aussi du mordant à cette histoire façon Barry Lyndon. L'humeur du spectateur, sa sensibilité, ses goûts, sa culture, trancheront in fine dans un sens plus ou moins favorable.

NB : Ce film a obtenu l'Ours d'or du meilleur film, l'Oscar de la meilleure adaptation, les Golden Globes du meilleur film dramatique et du meilleur scénario, entre autres (nombreuses) récompenses.