Pas un mot n'est pas un grand film, il ne marquera pas l'histoire du cinéma et sera sans doute vite oublié. Il a toutefois sa place parmi les " films policiers classiques ". Classique, car le film s'inscrit totalement dans le genre, sans le révolutionner, ni le transcender. On retrouve le classique " homme ordinaire dans une situation extraordinaire ", le thème on ne peut plus américain du justicier solitaire qui recourt à la violence pour protéger sa famille, et de la confrontation finale avec le méchant dans un lieu " spécial ".

Seulement, la mise en scène est particulièrement efficace et réussit à tenir le spectateur en alerte, avec même quelques effets étonnants comme le travail sur les couleurs au début du film. Ces tentatives sont malheureusement contrebalancées par un manque de confiance en soi. C'est le cas notamment de la scène de la mort du méchant. La belle idée c'est qu'elle se produit en rappelant l'assassinat du métro. Malheureusement, de peur de ne pas être perçue comme tel, on y a rajouté un flash-back du métro qui a pour effet d'appuyer trop sur l'idée et de gâcher un peu la scène.

Le scènario est donc classique, il est même maladroit dans la mise en place. Seulement, une fois le film lancé sur ses rails, il réussit à générer plusieurs scènes fortes belles (le montage parallèle entre l'évasion de Michael Douglas et celle de sa femme, Famke Janssen) et réussit la prouesse de maintenir l'intérêt tout du long d'une histoire qui pourtant n'a rien d'original.

Le seul reproche que l'on puisse apporter aux comédiens concerne le casting de Michael Douglas qui n'est pas vraiment à l'aise dans ce genre de personnage fragile qui se surpasse. Certes, il est crédible comme psychiatre, mais il l'est beaucoup moins dans les scènes d'actions où il perd son personnage. Il semble perdre au fur et à mesure du film son personnage pour devenir finalement un héros sans âme ni caractéristique particulière.