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De Bastien, le 17 octobre 2003 à 12:19
Note du film : 5/6

C'est toujours un peu difficile de parler des films de Denis à la première vision tellement ils font partie de ceux qui personnellement me transportent au delà de la simple analyse intellectuelle… Ce qui apparait d'emblée c'est que le sujet et le traitement apparaissent d'une incroyable pureté. Avec des unité de temps et de lieux limités, elle s'est laissée aller à raconter cette histoire simple sous la forme d'une épure hypnotique qui contraste avec l'aspect plus morcelés de ses films précédents… Du moins en apparence première. Comme d'habitude on est plongée dans l'atmosphère dés ces scènes d'ouvertures particulières qui sont là pour nous accoutumer rapidement au film… Et onentre sans doute encore plus facilement dans le bain tellement celui-ci est bon et vide de réels malaise…

Denis maîtrise à tel point son art qu'il en a une portée étrange: toute la première partie dans l'embouteillage est une merveille de cinéma d'embiances et d'impression. On s'y sent tellement bien à vrai dire que l'on aimerait que ça dure pendant tout le film… Denis et sa chef op Agnès Godard sont ici au sommet de leur art d'un pure point de vue stylistique. L'arrivée de Lindon va un peu bouleverser la donne… Son personnage fantômatique est séduisant mais il manque sans doute une certaine dimension prédatrice à sa douceur, ce que la réalisatrice a souvent représenté vis à vis de ses personnages. Idem pour Lemercier une fois qu'elle est prise dans l'engrenage. Les peaux éffleurées étaient toujours accompagnés d'un souffre plus crue.

"Vendredi Soir" est un film plus noctambule et réveur qui marque un certain changement… C'est là que l'apparence de limpidité s'écroule un peu. Lemercier s'endort dans sa voiture, se réveille… Lemercier imagine comment elle pourait vivre son aventure avec Lindon, d'abord sous la forme d'oeuillère, puis viennent de multiples fondus et de surimpression sur les pensées, enfin les scènes en elle mème… Ce qui est vécu commence à ne plus faire de distinction avec le fantasmé. La texture du mood est construite à base de plusieures couches mélangées les unes aux autres, et le résultat est parfois déroutant, toujours subjuguant: on pourra prendre pour preuve la complexe scène du restaurant. Cet aspect onirique est rejoint par le cast de quelques anciens de la bande à Denis (Grégoire Colin, Florence Loiret) qui interprètent des figures fantômatiques du décor autour des deux stars vierges de son cinéma.

Entre Wong Kar-Wai/HHH et sans doute le futur Sofia Coppola, nul doute que les comparaisons pourront aller bon train pour qualifier ce cinéma spleenesque et envoutant, il n'en reste pas moins que ce "Vendredi Soir" reste une aventure nocturne unique. A son réveil, on s'y sent léger, mais si le film nous propose parfois plus immédiatement de plaisirs sensoriels que d'autres films de Denis, tel un rêve, ces plaisirs s'avèrent également plus fuyant que d'habitude après visions, et dans un sens c'est légèrement frustrant… au premier abord ?


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