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Critique


De dumbledore
Note du film : 5/6

The Hole est un film qui peut symboliser parfaitement ce qu'est le cinéma asiatique de nos jours, ce qu'il peut incarner à la fois de modernité et d'héritage culturel.

Il y a d'abord l'idée d'une histoire très simple et très forte à la fois, très évocatrice de thématiques puissantes. Ici, nous sommes dans une Corée terrassée par une épidémie. Les habitants sont appelés à quitter la ville, de peur d'être atteints par un virus qui transforme les humains en insectes : ils ne parlent plus, ne travaillent plus, mais se terrent, s'enferment dans des trous. Nous suivons l'histoire de deux personnes, un homme et une femme, deux voisins (il habite au-dessus et elle en-dessous) qui refusent de partir. Seulement, une infiltration d'eau va créer un trou entre les deux appartements, créant haine réciproque mais bientôt également… communication.

L'idée est on ne peut plus simple : deux voisins, un trou. Elle permet également une économie de moyens impressionnants. On a quelques plans de ruelles, mais fort peu, tout se passe dans les deux appartements.

Seulement thématiquement, ce concept est d'une rare force. Elle permet de traiter de l'isolement urbain, de la solitude. Toute cette histoire d'épidémie d'ailleurs ne témoigne de rien d'autre que cette tendance à "s'enfermer" chez soi, à s'isoler à communiquer de moins en moins. La fuite d'eau permet quant à elle de donner une représentation physique, matérielle de la destruction mentale des personnages.

Les appartements se saccagent à mesure qu'ils glissent dans la folie. L'appartement prend l'eau de toutes parts, tout comme les psychismes des deux individus.

L'eau est également un thème très récurrent dans le cinéma asiatique. Il est la représentation même de l'ambivalence. L'eau est source de vie, mais source de mort. Cette ambivalence de l'eau se retrouve ici, mais également dans Dark Water par exemple ou bien encore dans toute l'oeuvre de Mizoguchi. La raison est évidemment culturelle et géographique. Le tsunami de décembre 2004 ne nous démentira pas.

Un scénario simple, économiquement léger, avec des portés thématiques fortes et ancrées dans la société et de la culture (isolement des êtres), recours au fantastique… voilà la parfaite alchimie des films actuels de l'Asie.

On pourrait rajouter également la mise en scène qui est très contemporaine. Tsai Ming-liang joue sur le plan séquence, sur la lenteur afin de rendre plus réaliste, plus pesant le temps et les personnages. Toutefois, il recourt à des intermèdes imaginaires qui sont du coup décalés avec ce réalisme. Ces intermèdes sont des chansons des années 50, des chansons très ancrées dans l'imaginaire pro-américain (comme In the mood for love)… ce qui est une autre des caractéristiques du cinéma asiatique…


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