Certains changent de trottoir à la simple vue d'un roquet. Notre écologiste de Grizzly man caresse lui le museau de carnivores de 350 kilos, qui n'hésitent pourtant pas à dévorer leurs propres oursons en cas de famine (à la grande indignation de cet écolo rêveur). Cet individu nous fait passer par toutes sortes de sentiments : la joie (quand il apprivoise des renards et joue avec), la peur (quand il s'approche à 5 centimètres des grizzlis pour leur déclamer son amour de la nature -"i love you"-), la pitié (face à ses illusions, sa paranoïa). Des sentiments de spectateur liés à la qualité de la mise en scène de Werner Herzog.

Prenant du recul par rapport au sujet, Herzog exprime à un moment son désaccord avec l'écolo : "je pense que la nature n'est pas idyllique mais sauvage, chaotique, et le terrain de meurtres". Il a raison, et il vaut mieux planifier le retour à la nature, professé par Thorau -dont il est ici question-, avec des gardes armés quand il s'agit de l'Alaska intérieur et de ses 30000 grizzlis.