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Mais où avais-je la tête? Ce Lizzani...


De Arca1943, le 13 octobre 2013 à 17:53
Note du film : 5/6

Avec la mort récente de Carlo Lizzani, réalisateur au long cours mais ô combien inégal, je (re)vote pour la sortie de ce film très réussi, où les vedettes Michele Placido et Ida Di Benedetto sont entourés par des non professionnels, à la manière du néoréalisme dont le tout jeune Lizzani, en 1943-49, fut un des protagonistes.


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De Arca1943, le 10 octobre 2005 à 01:36
Note du film : 5/6

…est vraiment un très bon film, âpre et dur comme l'arrière-pays italien où il se déroule, fondé sur le récit d'un grand conteur (Ignazio Silone, l'écrivain préféré de Faulkner) et tourné selon certaines méthodes du néoréalisme que Lizzani connaît bien : car autour des professionnels Michele Placido et Ida di Benedetto, notamment, ce sont des vrais paysans d'un vrai village du Mezzogiorno qui vivent ces aventures. Et il y a quelques scènes de foule vraiment pas piquées des vers, dans ce film…

Note politique : comme souvent à l'époque, ce film est enraciné dans une culture politique de gauche, mais – attendez ! ne partez pas ! – comme souvent à l'époque aussi, la représentation du fascisme est assez peu conforme à l'orthodoxie simplette de la gauche militante, de la gauche de parti. Entre artistes et militants, il y a souvent et fort heureusement une bonne marge, résumée selon moi par cette observation de Luigi Comencini : « Le cinéma demande la vérité du réalisme et non la vérité de l'idéologie. »

Carlo Lizzani l'a d'ailleurs voulu ainsi, explique-t-il en entrevue (Jean A. Gili, Le Cinéma italien, tome 2, chez "10/18"). D'où le choix d'adapter un récit de Silone. Ignazio Silone (1900-1978) a été un membre fondateur du Parti communiste italien, mais il en fut expulsé à la fin des années 20, peu de temps après son premier séjour en URSS… Et une des raisons de base de cette expulsion était justement son désaccord complet sur la définition du fascisme et sur les moyens à prendre pour le combattre : rejetant le slogan crétin (et typiquement stalinien) "socialistes = socio-fascistes", Silone insistait pour dire que vu la gravité du péril, il fallait la plus vaste coalition possible de tous les partis antifascistes italiens, incluant non seulement les socio-démocrates, mais aussi libéraux et démocrates-chrétiens (PPI). Et ça, c'était, vous l'aurez deviné, une très vilaine "déviation bourgeoise" !

Fontamara, son premier roman, fut écrit en 1930, donc à peu de temps de là. Et de dissident, Ignazio Silone est graduellement devenu dans les années 30 un anticommuniste de gauche en plus d'être un antifasciste, comme son ami l'historien Gaetano Salvemini. Il a publié ensuite un autre roman réaliste/vériste très fort, "Une Poignée de mûres" (1952) – jamais porté à l'écran que je sache – où ce sont les communistes qui exploitent les paysans…

Bref, porter Silone à l'écran, c'était encore, du point de vue de la gauche de 1977, un choix sulfureux… Mais bon, l'essentiel, ce que ça signifie surtout pour nous spectateurs, c'est que le fascisme et ses effets sur la vie des paysans sont montrés dans ce film le plus possible avec la vérité du réalisme et le moins possible avec la vérité de l'idéologie.

Fontamara est un grand film, conçu avec amour et beaucoup de métier. C'est même un classique dont la présence parmi nous sur DVD serait tout simplement chose normale. D'où mon vote !

Arca1943


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