Ecrit par l'auteur de "The hours", ce film porte les marques de ses origines littéraires (construction relâchée, personnages imprévisibles, relations échappant au cliché) et parvient à séduire en douceur, sans esbrouffe. Colin Farrell retrouve le charisme dont il n'avait pas fait preuve depuis "Tigerland" et campe un personnage ambigu, complexe : on peut le voir comme un "ange" pur et généreux, mais aussi comme un parasite insidieux, "volant" la vie de son ami d'enfance. L'acteur arrive à faire vivre ces deux facettes simultanément avec une aisance déconcertante. Robin Wright est trop âgée pour son rôle et n'est pas à la hauteur de ses partenaires. Le film dégage une profonde tristesse, une résignation devant la vie qui passe et la dernière séquence, dédramatisée au possible, en anticlimax est bouleversante. A noter que l'accident qui coûte la vie au frère aîné de Bobby, au début du film est absolument traumatisant de réalisme. On avait un peu oublié que le cinéma U.S. pouvait produire des oeuvres de ce genre et on se demande pourquoi le "cinéma d'auteur" français est encore si loin d'en être capable. Parce que là, en l'occurence, ce n'est pas une question de moyens !

A noter que Farrell apparaît totalement méconnaissable dans "Intermission" un polar anglais, entre Tarantino, "Short cuts" et "Secrets and lies" (ça paraît improbable, mais c'est à peu près ça !) Il joue un rôle secondaire de loubard grossier et déplaisant. Le film est sympa, très oubliable, brasse un peu trop de thèmes, mais il se laisse voir. En tout cas, la comparaison entre les rôles de Farrell dans ce film et "A home at the end of the world" en dit long sur sa versatilité.