Je n'ai pas vu ce film, mais je sais que Jolivet est quelqu'un de compétent. L'échec d'un tel film ne serait-il pas dû au manque d'acteurs charismatiques ? Au manque de vraies stars ? Je ne suis pas sûr que Lindon ou Canet soient des arguments pour aller voir un film. Donc au fond, ces acteurs plus ou moins imposés par les chaînes TV finiraient par nuire au film lui-même…

… que le mépris condescendant d'Ardi$$on recevant Canet l'autre samedi, et lui balançant ce film comme un bide dans sa "carrière". On aimerait dire à Jolivet qu'il a fait un bon film, bien plus intéressant et scrupuleux que bien des navets commerciaux franchouillards berriesques et balaskiens qui encombrent les bacs.

Au fait, existe-t'il seulement un moyen pour écrire aux réalisateurs ou à leurs agents ? Des liens sur votre site, ça serait une idée qu'elle est bonne, non ???

Pierre Jolivet aborde un genre bien éloigné de ses films sociaux dans lequel on l'avait vu jusque là. Certes le film est loin d'être parfait, mais il ne mérite pas le bide en salle qui fut le sien. Le Frère du guerrier possède de très bonnes choses. D'abord Vincent Lindon excellent dans le rôle du guerrier du Moyen-Age. Il est impressionnant de crédibilité dans tout son travail physique, que ce soit sa démarche, son regard, ses gestes (quand il est au galop en pointant l'arbalète par exemple). Le thème abordé par le film est lui aussi des plus intéressants : le savoir de l'écrit appartient à une élite, l'Eglise, et quiconque veut s'en saisir est une menace potentielle. Les décors sont souvent très beaux et très réalistes (souvent, mais pas toujours : les scènes de groupes sont limites). Les costumes sont pour une fois très vraisemblables. Le scénario est plutôt bien construit, la manière dont les personnages se croisent est souvent astucieuse.

Seulement, et c'est terrible à dire, la sauce ne prend pas. L'alchimie n'opère pas et cela sans doute à cause d'un mauvais point de vue de Pierre Jolivet comme réalisateur. Il ne sait pas qui est son personnage principal ou pire, refuse de l'assumer comme tel. Il aurait fallu pouvoir mettre en retrait Vincent Lindon et Guillaume Canet (bon sang pourquoi a-t-il accepté un rôle si peu intéressant ?!) pour rester sur le personnage féminin, seule non-star du trio. Car c'est elle l'héroïne, elle qui est du côté de l'avenir, prise en sandwich entre deux dinosaures. Il aurait fallu aussi être plus violent, plus dur avec ses personnages et notamment Vincent Lindon qui est très vite, trop vite, le pauvre petit garçon au grand cœur. Cela ne correspond guère à la mentalité de l'époque, surtout pour un guerrier. Même le romantisme est à la limite de la crédibilité.

Film malade donc, imparfait, mais on ne pourra pas retirer une chose à Pierre Jolivet : il a osé prendre des risques et aller voir hors des sentiers battus…