Objectivement Christophe Lambert n'a été correct au cinéma que deux fois : dans Greystoke, la légende de Tarzan et Max & Jérémie ; excellent film avec Philippe Noiret et Jean-Pierre Marielle.

Je n'ai pas vu ce film de Ferreri, mais je me méfie un peu de ce qu'a parfois pu faire ce cinéaste.

En dehors de La grande bouffe et du Mari de la femme à barbe, je me souviens avoir été vraiment consterné par La derniére femme avec Gérard Depardieu.

Avec au générique les acteurs Eddy Mitchell et Christophe Lambert et le scénariste Didier Kaminka, on pourrait croire qu'il s'agit d'un mauvais Zidi des années 80.

C'est bien un film des années 80, années du fric, de la pub et des vidéoclips mais c'est aussi du pur Ferreri marqué par le goût du cinéaste pour les intrigues simples basées sur des obsessions curieuses et jusqu'auboutistes. En outre, les images finales reproduisent le dénouement de Dillinger est mort, oeuvre majeure de Ferreri.

Un homme qui a tout pour lui, c'est-à-dire la jeunesse, le travail, les femmes éprouve une passion folle pour .. un porte-clés en forme de visage féminin qui dit "I love you" quand on siffle dans sa direction ! Et le miracle se produit: on est touché par ce récit, cette histoire du beau suicide d'un beau jeune homme. Par ailleurs, le film garde sa force 24 ans après. Le personnage incarné par Eddy Mitchell de chômeur longue durée malchanceux a des résonances très modernes. Les maux des années 2010 seraient-ils les mêmes que ceux des années 1980 ?

Le ton hermétique et lent peut rébuter mais c'est à mon avis un des plus beaux films de l'un des réalisateurs les plus singuliers du septième art, qui prouve qu'un auteur peut transcender les contraintes de la production française courante pour faire oeuvre personnelle. Et c'est aussi la preuve que Christophe Lambert n'a pas tourné que dans des navets.