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Critique


De Gaulhenrix, le 30 août 2007 à 14:42
Note du film : 4/6

Je suis moins sévère que Dumbledore pour cette réalisation de David Mamet, Engrenages (2001) qui propose, dans le genre du film d'action, une intrigue séduisante, des dialogues savoureux et des acteurs très convaincants.

Un scénario ingénieux nous conduit de surprises – nombreuses – en retournements – multiples – de situation. Le mot-titre est au pluriel car c'est à deux braquages que l'on assiste. Mais le scénario de Mamet est innovant. En effet, si le premier se déroule en ouverture du film selon un enchaînement rapide des faits entièrement (et remarquablement) basé sur l'apparition successive des différents protagonistes à l'écran, et si nous assistons ensuite aux conséquences inattendues de ce casse qui préludent, directement, au second braquage, il faudra attendre la seconde partie du film pour qu'il se déroule selon un scénario de nouveau inattendu. Entre les deux braquages, l'intérêt ne retombe jamais grâce à une série d'anecdotes et à des rapports entre personnages insolites. Les rouages de l'intrigue sont donc parfaitement huilés pour mieux jouer avec le spectateur. On signalera toutefois, comme il est d'usage dans ce genre de réalisation, deux ou trois invraisemblances…

L'autre point fort du film est assurément le souci apporté à des dialogues toujours brillants faits de réparties vives et savoureuses (par exemple – je cite de mémoire : « Mon copain est si décontracté que ce sont les moutons qui comptent pour l'endormir »).

Les acteurs, enfin, (Gene Hackman, Danny De Vito, Deroy Linto) sont parfaits dans leurs rôles respectifs : humains, solidaires et attachants pour les uns ; cyniques et violents pour les autres. On fera, toutefois, une réserve pour Rebecca Pidgeon (Fran), excellente pendant les deux tiers du film, mais moins convaincante sur la fin (son rôle difficile en est sans doute la raison).

Le film dépeint un univers réglé par les tromperies, les escroqueries et l'appât du gain, et placé sous le signe d'un cynisme ouvertement affiché, mais dénoncé : en effet, le personnage le plus sympathique en est aussi la première victime et son exécution n'est connu qu'indirectement par le spectateur, en une scène très pudique ; d'autre part, l'innocence symbolisée dans le film par la présence d'une petite fille (la scène est merveilleuse de tendresse !) n'est qu'une parenthèse vite refermée, même si elle sert à faire réfléchir sur le cruel contraste entre l'univers plein de promesses de l'enfance, et le monde adulte méfiant, corrompu et nihiliste : cette fillette deviendra-t-elle semblable à Fran, la jeune femme du film ? Ou encore, Fran a-t-elle été un jour cette enfant-là ?

En définitive, ce film d'action est une comédie qui mélange les tons – d'une ironie caustique à une discrète émotion – et constitue un divertissement agréable.


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De dumbledore

Dramaturge, pédagogue, David Mamet s'est fait remarquer par un don pour les histoires à renversements de situation. Que ce soit « La prisonnière espagnole » ou bien « Engrenages », ou bien encore « Braquages », toutes ces histoires sont l'occasion de retournements de surprises quant au réel visage que portent les personnages.

Derrière ces retournements se cache le thème inépuisable du mensonge, de la fausseté.

David Mamet est reconnu pour cela, on le moque même un peu et un film comme « Sexcrimes » en est d'ailleurs une parodie réussie. Seulement, c'est aussi devenu un fond de commerce. Il en use et abuse à tel point que dans ces derniers films, de retournement en retournement, on en vient à se désintéresser et des personnages et des situations, au point de les trouver artificiels, « tricky » diraient les scénaristes américains.

C'est le cas ici avec « Braquages ». Mais surtout, cette histoire parait tellement… vieille ! Les codes, les enjeux semblent être issus directement des années 70, tout au mieux. Le rapport entre Joe et Fran et la question « peut-elle m'aimer malgré mon âge » est une problématique post-années 60 avec la libération de la femme. Le casse en lui-même et la fascination pour l'or, semblent eux aussi hérités d'une autre époque…

Même la mise en scène conventionnelle et sans âme est datée.

Quant à la thématique du film, elle prête elle aussi à discussion. Finalement dans toute l'histoire, il y a les gentils qui veulent une chose, les méchants qui veulent la même chose. Les clans sont clairs et définis. Seule la femme change de camp, trahit… Vision machiste et simpliste de la femme digne de l'Eve à la pomme et finalement entre parier sur l'amitié virile et l'amour, il vaut mieux parier sur l'amitié. Un peu simple, non ?…

Restent les comédiens ! Gene Hackman en tête, séduisant, classe. Le film repose sur lui et il s'en sort bien. Danny DeVito excelle dans ce rôle de bad guy . Il est vrai que quelques mots d'auteurs parsèment le film, avec ce défaut propre du mot d'auteur, qu'on sent justement le scénariste derrière, et non le personnage…


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