À côté d'un chanteur inoffensif, Adamo, un peu niquedouille, fait pour le cinéma comme moi pour le macramé, il y a deux excellents acteurs. Et même trois si l'on ajoute le souverain Jean Desailly, mais qui a un trop petit rôle ici pour qu'on en parle. Deux excellents acteurs, donc. Bien sûr Michel Constantin dont la gueule cabossée et les fortes paluches ont été tant et tant, et souvent si bien utilisées au cinéma depuis que Jacques Becker l'a imposé dans Le trou. Et si on se souvient surtout de Jess Hahn dans des rôles de gangster ou d'espion balourd, il faut voir combien, si bien dirigé par Éric Rohmer, il est remarquable dans Le signe du lion, seule tête d'affiche qu'il ait jamais obtenue.
Ce qui montre bien que le cinéma, malgré de très bons acteurs (et même de solides troisièmes rôles, comme Jacques Legras, Bobby Lapointe, Guy Delorme, Fernand Sardou), malgré la présence d'une très jolie fille, Élisabeth Wiener) – sottement sous-utilisée – ça ne tient qu'avec une bonne histoire et surtout un bon réalisateur. À dire vrai l'intrigue policière est de la même eau, du même tonneau que toutes celles qui faisaient florès dans les années 70 : une histoire de malfrats bien classique, de chevaux de retour de la délinquance, une histoire du Milieu, comme on l'appelait alors, qui n'était pas tellement différent de celui de Touchez pas au grisbi et des films noirs de Jean-Pierre Melville. Je ne voudrais pas qu'on prenne ceci en mauvaise part et en criant d'emblée au péché majuscule d'aujourd'hui, la discrimination, mais il y a dans le film une confondante homogénéité ethnique, aussi bien chez les voyous que chez les matons et, naturellement dans la rue. J'entends par là qu'il ne faut pas s'attendre au moindre exotisme ou à la moindre originalité : les coffres-forts s'ouvrent au feu incandescent du chalumeau et les diamants ruissellent. L'insignifiant Philippe (Adamo), qui a essayé de réhabiliter la mémoire de son père mais a commis pour ce faire je ne sais plus quelle bêtise, rencontre en prison les deux truands chevronnés Théo (Michel Constantin) et Bob (Jess Hahn) ; ils passent un marché : les voyous aideront Philippe à récupérer des documents permettant d'innocenter son père et en contrepartie pourront profiter des diamants récupérés dans le même coffre. On conçoit bien à ce simple énoncé que tout va reposer sur une mise en scène précise, nerveuse, agressive : après tout, des histoires de casse, il y en a une tripotée dans l'histoire du cinéma et certaines sont si réussies qu'on en arrive à haleter avec les protagonistes en en espérant le succès. Tout est affaire de rythme, de violence, de je ne sais quoi. Et là, voilà qu'on tombe dans le bœuf miroton ; ou pire dans le flocon d'avoine : c'est mou, c'est gluant, c'est ennuyeux comme une pluie d'été ! On ne croit pas une seule seconde à tout ce qui se passe et on attend que la fin survienne, brave fille.On comprend que le réalisateur de ça, Claude Bernard-Aubert se soit ensuite tourné vers le film pornographique ; disons que c'était un peu davantage jaillissant.
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