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De verdun, le 26 avril 2020 à 22:28
Note du film : 5/6

Avant son exil contraint en Europe, Joseph Losey tourna aux Etats-Unis Le garçon aux cheveux verts, Haines, Le rôdeur, M et La grande nuit. Le rôdeur, film d'autant plus mythique qu'il fut longtemps difficile à voir, passe pour être le chef-d'oeuvre de la trop courte période américaine de Losey.

Cette réputation est méritée.

D'une part, c'est un grand film noir, une sorte de variation astucieuse sur le thème de l'élimination d'un mari gênant, déjà vu dans Le facteur sonne toujours deux fois ou Assurance sur la mort. Mais Le rôdeur va plus loin dans la noirceur que ces deux films. Ici c'est l'homme, qui plus est un flic, qui prend l'initiative du meurtre. Cet individu peu recommandable est interprété par un Van Heflin impressionnant, dont le physique bonhomme cache parfaitement la duplicité et la cruauté.

D'autre part, c'est une satire assez virulente des valeurs étatsuniennes, signée par des auteurs de gauche qui n'allaient pas tarder à être victimes de la chasse aux sorcières: Losey, Dalton Trumbo et Hugo Butler. Les valeurs américaines sont ici toutes renversées: le flic d'abord rassurant devient meurtrier et le mariage ne débouchera pas sur le bonheur. En outre, si le flic s'est lancé dans une telle entreprise criminelle, c'est à cause de sa folie mais aussi à cause des tentations illusoires de richesse et de prospérité inhérentes à l'"American way of life". La satire est d'autant forte qu'elle n'est jamais appuyée mais découle logiquement du récit et des personnages exposés.

Enfin, c'est une oeuvre typique de Losey. En plus de retrouver ses thèmes habituels (les rapports entre les classes sociales notamment), on appréciera la maîtrise technique habituelle du cinéaste, aussi à l'aise dans la première partie en huis-clos que dans la dernière partie qui se déroule à ciel ouvert, en plein désert. Ici l'ensemble est constitué de longs plans-séquences assez typiques du style "loseyein". Mais il y a aussi des moments fulgurants, surtout l'ouverture et le dénouement, aussi mémorables l'une que l'autre. La réalisation est soutenue par une très belle photo noir et blanc.

Même si quelques moments m'ont semblé légèrement verbeux, Le rôdeur est un grand film noir et un grand film d'auteur.


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De cormega, le 4 mai 2006 à 21:18

j'aimerais voir ce film édité sur un dvd zone 2.


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