"Vous connaissez un régime qui n'agisse pas ainsi ?" nous demande le chevalier Lagardère.

Hélas non, et le frontière est le plus souvent très ténue entre légalité et illégalité, l'Histoire étant ainsi le produit d'intrigues et de manigances…

Mais le régime nazi a ceci de particulier qu'il a pulvérisé toutes les limites possibles.

Le procès final mis en image dans le documentaire procède à un examen clinique des faits reprochés aux accusés, et met en évidence leur absence de conscience. Cela via le montage et les commentaires à la fois sobres et percutants, montrant l'écart énorme de réalité entre les déclarations des dignitaires nazis lors du procès et leurs agissements au cours des années précédenes.

Cette conclusion montre par ailleurs que la seconde guerre ne fut pas qu'une succession d'épisodes militaires, remportés par les plus forts, les plus courageux, les mieux organisés, mais fut aussi la victoire finale du droit -avec le juriste français et même haut-savoyard "de Menthon" parmi les juges de Nuremberg- et de la morale sur la barbarie. De mon point de vue, ce final -très appuyé- est très réussi et oriente la pensée du spectateur vers une note d'espoir, teintée d'humanisme, bienvenue.

Non manichéen, le documentaire souligne par ailleurs auparavant que ce combat contre la barbarie fut aussi mené en interne par quelques résistants allemands -certes peu nombreux- qui payèrent de leur vie ce combat. Et que Pétain -montré comme limite gâteux- et ses sbires furent par contre coupables de passivité intellectuelle, voire de collaboration criminelle…

Mais De Nuremberg à Nuremberg ne se contente pas de montrer la réalité, de juger en filigrane les différents protagonistes. Il montre aussi le poids des images comme instrument de propagande, puis comme instrument de rétablissement de la vérité.