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Toute une époque !


De Impétueux, le 2 juillet 2021 à 21:47
Note du film : 4/6

C'est très bien, La crise, c'est très bien surtout (et d'ailleurs exclusivement) à son début, lorsque le pauvre Victor (Vincent Lindon) constate, effaré, qu'autour de lui tout s'effondre : il a perdu sa femme, qui s'est enfuie on ne sait où, il a perdu son boulot, parce que le capitalisme ne fait pas dans la dentelle et comporte une logique rationnelle glaçante. Et il verra vite, dans un mouvement bien tourné et bien mis en scène, que tout le monde se fiche complétement de ce qui lui arrive, qu'il n'a aucune importance pour quiconque, y compris (et combien !) pour ceux qui se disaient ses proches ou ses amis. On est seul et comme le dit Montherlant (dans Le chaos et la nuit) Nul ne comprend bien sa situation tant qu’il n’a pas compris que, hormis un ou deux êtres, personne ne s’intéresse à ce qu’il vive ou à ce qu’il meure.

Donc Vincent, abandonné et en pure panique mentale, découvre que le monde n'est pas si fluide et plaisant qu'il l'imaginait pour les premiers de cordée, dont il fait partie : le grain de sable dont on n'imaginait pas l'existence vient perturber le bon agencement des rouages : que va-t-on en faire ? Surtout que peut-on ? D'autant qu'autour de soi, tout fout le camp.

Bien sûr, la caricature est proche : où que Vincent pose les yeux, c'est un champ de ruines : les femmes abandonnent leurs maris, ou sont abandonnées par eux, les gamins se retrouvent dans les étranges situations des familles recomposées (ce qui signifie, littéralement, qu'avant la difficile recomposition, il y a eu une sordide décomposition), une sorte de machin, d'entrelacs incompréhensibles où ils perdent toute notion de lignée et de filiation ; c'est tout à fait dans l'esprit d'aujourd'hui, bien que La crise date de trente ans déjà : la promotion de l'individu, seule mesure de lui-même et horizon insurpassable de toute civilisation. C'est mon choix !, comme ils disent.

Donc le film de Coline Serreau commence assez bien et en tout cas à toute allure, même si le spectateur un peu expérimenté voit bien que la réalisatrice va un peu plus vite que ses moyens pourraient le lui permettre. Ce n'est pas parce qu'on a tourné un assez naïf navet, Trois hommes et un couffin, qui a bénéficié d'un succès aussi absolument incompréhensible qu'inattendu qu'on demeurera au rang des grands cinéastes. Mais enfin il y a de l'idée, dans La crise et la capacité d'employer au meilleur des acteurs dont on se souviendra. J'ai ainsi le sentiment qu'on n'aura jamais vu meilleure l'excellente et théâtreuse Maria Pacôme que dans ce monologue très écrit où elle envoie valdinguer mari et enfants (Vincent/Lindon et Isabelle/Zabou) au nom du droit au plaisir qu'une femme de son âge peut s'octroyer après une vie toute de sagesse et de respectabilité bourgeoises.

Seulement, comme la plupart du temps, le scénario simplement vu ainsi, dans la décomposition sociétale, est un peu étique, Coline Serreau croit devoir y adjoindre un atout qu'elle pense maître : le con fini, le beauf ultime, l'imbécile majuscule qui, finalement, mais démagogiquement aussi, va apporter la lumière de l'intelligence populaire. Et si Patrick Timsit est parfait dans le rôle de ce Michou ridicule et indispensable, il ne peut apporter davantage au film que le discours bienveillant du brave type qui porte toutes les contradictions de nos sociétés et qui, mieux que les intellectuels, dispose du solide bon sens indispensable dans ce monde bouleversé.

En d'autres termes et comme d'habitude, le film, parti sur une idée plutôt amusante et grâce à des acteurs impeccables, surnage jusqu'à ses deux tiers, commence à s'enfoncer graduellement dès l'heure atteinte. La dernière partie est donc bâclée et composée avec des n'importe quoi : on se croirait alors dans un sketch d'humoriste télévisuel et on sent alors palpiter l'envie de la réalisatrice de finir sans trop de risque un film qui lui échappe.

Cela étant, à ma troisième ou quatrième vision, j'ai encore été ici et là amusé. Mais je vais m'arrêter là.


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De cel007, le 3 janvier 2008 à 01:34
Note du film : 6/6

Voici les réplique de cette scene culte:

  • Le père: Victor, ta mère a un amant !
  • Victor: Hein ?
  • Le père: Et elle a décidé de me quitter pour partir avec lui !
  • Victor: Hein ?
  • Lisa: À cinquante ans elle se barre avec un mec de dix ans plus jeune qu'elle.
  • Le père: Voilà.
  • Lisa: Et papa reste tout seul
  • Victor: C'est qui ?
  • Le père: Monsieur Borin
  • Victor: Monsieur Borin ? Ah la vache, le fumier !
  • Lisa: Je ne te le fais pas dire
  • Victor: Maman t'es complètement dingue ou quoi ? Et où tu vas aller ? Et papa ? Et moi ? J'ai des problèmes, moi ! Marie m'a quitté, j'ai perdu mon boulot, je suis complètement…
  • La mère: Alors écoute Victor, tu arrêtes. Tu arrêtes tout de suite. Tu te tais et tu m'écoutes. D'accord ? Alors écoute bien : tes problèmes de boulot, tes problèmes avec ta femme, tes problèmes de fric, tes problèmes en général et en particulier, moi ta mère, je m'en fous comme de l'an quarante, tu m'entends ? Je m'en fous, mais alors je m'en fous, je peux pas te dire à quel point je m'en fous. Je n'en ai vraiment rien, rien, rien à foutre.
  • Victor: Mais merde c'est pas croyable : ma propre mère se fout de mes problèmes ?
  • La mère: Je vais te dire encore mieux : non seulement je me fous de tes problèmes, mais je me fous également des problèmes de ta soeur, je m'en fous totalement… Attends, y'a encore plus rigolo : je me fous royalement des problèmes de ton père
  • Victor: Mais je rêve ! Ma parole je… je rêve !
  • La mère: Non, non mon lapin, tu ne rêves pas. Pendant trente ans je vous ai torchés, nourris, couchés, levés, consolés, tous les trois. J'ai repassé vos chemises, lavé vos slips, surveillé vos études. Je me suis fait des monceaux de bile, je n'ai vécu que pour vous, qu'à travers vous. J'ai écouté toutes vos histoires, vos problèmes et vos chagrins, sans jamais vous emmerder avec les miens. Alors maintenant, je prends ma retraite. Toi, il te reste une longue vie devant toi pour résoudre ta crise; moi il me reste très peu de temps pour résoudre la mienne. Alors tu permettras que pour une fois je m'occupe de mes affaires avant les tiennes.
  • Victor: Tu vas détruire toute une famille, qu'est-ce que je dis, deux familles, pour une vulgaire histoire de cul ?
  • La mère: Ah d'accord, alors quand il s'agit de ton cul c'est de l'amour, mais quand il s'agit du mien, c'est vulgaire, c'est ça?
  • Lisa: Oui c'est vulgaire, c'est dégueulasse !
  • Victor: Mais enfin maman, c'est une passade, il a dix ans de moins que toi, ça ne peut pas durer !
  • La mère: Mais mon petit chéri ça durera ce que ça durera, ça m'est bien égal, même si ça ne devait durer qu'une heure je referais tout pareil… de toute façon j'ai jamais vu que la durée fasse tellement de bien aux histoires d'amour.
  • Lisa: Ce n'est pas une histoire d'amour, tout ce qui t'intéresse c'est de t'envoyer en l'air !
  • La mère: Mais bien sûr que ça m'intéresse de m'envoyer en l'air, ça t'intéresse pas toi ? Et même si c'était qu'une belle histoire de cul, j'ai pas le droit d'en avoir une belle histoire de cul, moi ? Et… ils sont insensés tous les deux, comment ils croient qu'ils sont venus sur cette terre ? Vous croyez que je vous ai fait avec mes oreilles ? Je vous ai faits avec mon cul mes petits poussins… même qu'à l'époque c'était drôlement chouette le cul avec votre père, mais voilà, qu'est-ce que vous voulez, maintenant il se passe plus rien entre nous… alors ça vous fait peut-être pas plaisir de l'entendre, mais votre mère, elle a un cul. Qui va très bien. Il va mieux que jamais même. Et puis, y'a autre chose que vous voulez pas entendre : Je suis amoureuse. Je suis heureuse… Je nage dans le bonheur.

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De mamie nicole, le 22 janvier 2005 à 16:04

Est-il possible d'avoir le texte de la tirade de Maria Pacôme lorsqu'elle explique pourquoi elle quitee son mari ?


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