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Un crime au paradis... de la pertinence


De fretyl, le 7 janvier 2017 à 13:18
Note du film : 1/6

Quelle idée !!! Mais quelle idée de vouloir remettre au gout du jour ce qui était une farce cynique, cruelle, sans pitié qu'était La poison ! Le film de Becker est bien gentillet ; Villeret y joue les pauvres types, là ou Simon était finalement assez immoral. Je passe sur la deuxième partie du film ou les dialogues sont pompées à 80 % sur ceux de l'original.
Le film n'est plus qu'une farce villageoise ou l'on y voit des seconds couteaux assez minables ; Roland Magdane ou Valérie Mairesse.

Mais tout de même on a fait nettement pire dans le domaine du remake. Il reste Dussolier en avocat ; les scènes qu'il a avec Villeret demeurent parfois assez drôle. Et c'est quasiment tout. La musique de Pierre Bachelet… La scène ou Balasko brule la collection de timbres du pauvre Villeret réussi à déranger une comédie vaguement trop tranquille. Je ne me souviens plus si dans l'original Michel Simon était lui aussi dans la philatélie ?

Becker a fait beaucoup mieux sans pour autant réaliser des chefs d’œuvres : Les enfants du marais ou L'été meurtrier.

Est-ce que ça mérite la moyenne ? Non, mais on a vu récemment des reprises tellement pires : L'auberge rouge, Le deuxième souffle, La fille du puisatier que l'on restera indulgent pour ne pas mettre un zéro à cette gaffe de cinéma Français.


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De azurlys, le 6 mars 2008 à 13:32

En plongeant dans les films présentés en début de forum, je reste un peu perplexe devant la décision qui a conduit à ce choix. Non pas que tout celà ne vaille pas tripette – encore que la question se pose aussi de cette façon – mais parce ce qu'il n'y reste que peu de chose de Guitry, hors mis le point de départ.

D'une façon générale, il y a dans le cinéma de Sacha Guitry un ton, une distance, un sens de la dérision qui colle aussi à des sujets sombres, comme par exemple "La Vie d'Honnète Homme" sans qu'il y ait de rupture de ton, où l'on sent bien un regard usé par les désillusions, les trahisons, dont certaines sont probablement plus éloignées dans le temps que la triste aventure qui fut celle de l'auteur à la Libération. Toute son oeuvre ultérieure s'en ressent, même si le brio, l'éclat, l'esprit – dont j'ai vaguement l'impression que l'on ne fait guère état ici, hélàs – et le cynisme compensent pour une part l'amertume. On se demande comment certains ont pu prétendre de Sacha Guitry qu'il était léger et superficiel, alors que la surface claire et drôlatique de ses oeuvres cache souvent des replis bien pessimistes.

Or, cette alchimie de l'esprit, cette légèreté apparente, ce sombre éclat qui en font la saveur, sont à peu près absents dans les films refait récemment. Et si je dis "à peu près", c'est sans doute pour éviter "complètement".

Peut-être certains films sont-ils acceptables. Je pense à "Quadrille", dirigé par Valéry Lemercier. Au reste, la question est de se demander de prime abord par quels méandres en est-on arrivé à solliciter cette sympathique comédienne pour diriger un film, et où avait-on pris que ses capacités le lui permettaient ? Il en reste un film qui n'est pas déplaisant, avec des idées de décors, de recherches de couleurs acidulées étonnantes, sur lesquelles il conviendrait cependant de s'interroger sur l'utilité de cet attirail décoratif, pour tout dire joli mais un peu superflu, et dont le texte de Guitry ne tire aucun profit. De très piquantes répliques, jouées modernes, n'y trouvaient sûrement pas leur miel, comme :

  (deux femmes parlent d'une troisième, absente)
  • … D'ailleurs, elle a un mari adorable. Celà ne veux pas dire qu'on peut l'adorer. Du reste celà veut dire exactement le contraire ! Mais il est adorable.

Jolie réflexion, brillante en apparence, mais qui dissimule une pensée plus aigüe. En effet, quand on "adore", on le fait silencieusement. Etre adorable, c'est déjà voir l'autre beaucoup plus éloigné… Un peu comme "être charmant" – d'une certaine façon tout le monde l'est, enfin au début… Ensuite on est bien forcé d'apporter des correctifs ! – alors qu'"avoir du charme" relève d'une toute autre perception.

Pour "Un crime au Paradis", faut-il s'étendre ? Là encore, ce n'est pas un film indigne, mais on est dans une pochade épaisse dans laquelle Josiane.Balasko parvient à être une caricature d'elle-même, ce qui le confine à la performance… Jacques Villeret s'en sort mieux, mais c'était un comédien très habile, chez lequel on pouvait sentir des fractures intimes. En somme, rien de Guitry, pas même le texte, et l'on a retenu que le fil conducteur pour aboutir à un résultat qui ne faisait pas dans la dentelle ! Je serais bien passé au cimetière Montmartre, ou le cher Sacha repose avec son frère Jean, son père et sa dernière épouse – celle dont il disait "elle me fermera les yeux et ouvrira mes tiroirs" – il avait vu juste : c'est ce qu'elle a fait -, pour lui demander son avis sur ce "Crime…", mais j'ai l'impression de connaitre sa réponse. Pour le consoler (rien que ça !…), j'y poserai quelques fleurs, comme je le fais de temps à autre quand mes pas me conduisent dans cette direction, histoire de rendre un modeste hommage à son génie – certains parlent de Molière, et d'autres, plus récents, ont évoqué Marivaux – et le remerçier de toutes les joies que son oeuvre m'a procuré.

Coté cinéma d'après son théâtre, cinq films avaient été convenus avec les ayant droits. Celà a donné "Désiré" avec J.P. Belmondo et Beatrice Dalle (!), "Le Comédien" de Christian de Chalonge, si je ne me trompe pas, avec un Michel Serrault à peine acceptable, "Quadrille" de V. Lemercier, et deux autres titres qui m'échappent. Dans quelque temps je vous conterai ici les raisons de cette insolite décision et des résultats… inégaux – c'est le moins que l'on puisse dire – qui en furent le résultat. Il me faudra simplement d'user de voiles et d'appliquer sans doute des masques sur l'histoire, mais le temps me manque aujourd'hui.

Et comme je voudrais laisser le dernier "mot" au Maître, en voici un (un seul, mais j'en prépare d'autres, du moins si l'on veut)

  • On peut faire semblant d'être grave, on ne peut pas faire semblant d'avoir de l'esprit !

A bientôt


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