Revu sur grand écran avec un avis revu en nette hausse. "Confession" gagne énormément à être vu sur grand écran, on se rend compte de la gestion optimale de l'espace réalisée par Damiani. Spectaculaire, visuellement superbe en copie restaurée.
Dès lors, quelle échappatoire ? Il est tout de même assez surprenant, glaçant, même de voir presque célébré pour seule solution le mythe du justicier solitaire, dans un film censé être de gauche et tout enluminé de résurgences marxistes. On n'est pas si loin dans Confession d'un commissaire de police des Escadrons de la mort (les scuderias) des favelas brésiliennes, groupes de policiers qui se préposent au nettoyage des criminels, trop difficiles à neutraliser par les moyens légaux.
À ceci près, évidemment, qui n'est pas négligeable, que le film met en scène un homme seul, Bonavia (Martin Balsam) qui se bat contre à peu près tout le monde, finit par avoir tout le monde contre lui et par aller chercher une mort crapoteuse dans la prison où il a été enfermé pour avoir lui-même assassiné la crapule Lomunno (Luciano Catenacci).
Le film de Damiano Damiani se laisse voir avec beaucoup de plaisir, malgré certaines invraisemblances de scénario ; il m'a semblé moins un film politique qu'un thriller. Ceci n'est pas en absolue contradiction avec ce que j'écris au premier paragraphe : une fois admise la corruption généralisée, tout se passe comme dans un policier classique, très efficace, agrémenté par le conflit intelligemment présenté entre le Commissaire Bonavia et le Substitut Traini (Franco Nero), l'un et l'autre honnêtes mais si différents dans leur origine sociale, leur expérience, leur caractère qu'ils ne peuvent s'entendre et se comprendre que lorsqu'il est trop tard. Et puis le réalisateur a le sens de l'horreur filmée : l'assassinat du petit berger jeté du haut d'une falaise simplement parce qu'il a été témoin d'un crime, le coulage de la malheureuse Serena (Marilu Tolo) dans un poteau en béton donnent des images impressionnantes…Tout comme est impressionnante la séquence finale entre le corrompu Procureur Malta (Claudio Gora) et son vif Substitut, qui comprend en un seul regard toute son impuissance.
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