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Critique


De dumbledore
Note du film : 6/6

Succès mondial mérité, Claude Lelouch disait de E.T. qu'il aurait mérité le prix Nobel de la paix. C'est un peu excessif, mais cela montre bien quelle émotion le film avait suscité à sa sortie.

E.T. reste toutefois un chef d'oeuvre du Cinéma. Par sa finesse, par son émotion mais aussi et surtout par sa mise en scène. Rarement un film aura eu une mise en scène aussi cohérente par rapport à son propos, avec des partis pris qui traversent tout le film et qui évoluent en même temps qu'évolue le sens.

E.T., c'est un film certes sur la tolérance, mais c'est surtout un film sur l'enfance et le rapport de chaque individu avec sa propre enfance. La force du cinéma fantastique, c'est de rendre concret ce qui est généralement uniquement intellectuel, ou thématique. Godzilla, c'est la peur japonaise des explosions nucléaires, Alien c'est la pulsion à l'intérieur de l'appareil psychique (le navire) qu'il faut combattre et E.T. c'est l'enfance qu'il faut gérer, de qui il faut accepter d'être séparé pour devenir adulte. Séparé mais pas oubliée, gardée dans la mémoire comme une source d'énergie et de créativité.

Ce thème, la mise en scène le traite avec brio. Durant les trois-quarts du film, le monde d'Elliott se résume au monde de l'enfance. Tous les adultes sont ainsi absents, cadrés par bout, ou en contrejour. Sauf la mère, qui appartient ipso facto au monde de l'enfance. Ensuite, au moment de la naissance au monde adulte ("mort" d'E.T., avec toute la symbolique de la salle d'hôpital, le cordon, etc) une fois E.T. arraché, une fois Elliott adulte, la mise en scène change. Les adultes sont cadrés de pieds, normalement… Elliott appartient à leur monde. C'est simple, c'est évident, mais c'est surtout brilliant!

Alors 20 ans après, que reste-t-il d'E.T.? La même émotion d'abord, même si le côté plastique d'E.T. est un peu gênant. L'image, par contre, déçoit beaucoup plus. Le grain est gros, l'image manque souvent de netteté pour être même totalement floue lors des adieux finaux sous-exposés, et dont l'étalonnage a été poussé au détriment de la qualité de l'image…

Quant aux rajouts, on ne peut être que perplexe. Il y a d'abord les scènes corrigées: les révolvers des policiers effacés numériquement et remplacés par des talkie-walkies, un reproche de la mère à son aîné qui est devenu "hippie" alors qu'il était jadis "terroriste". Il y a ensuite les plans ou scènes rajoutés: un plan d'E.T. de dos qui regarde s'envoler le vaisseau spatial, la scène de la salle de bain et celle où la mère va chercher ses enfants en retard durant la soirée d'Halloween. On peut aimer ou ne pas aimer, le problème c'est d'abord et avant tout que ces changements se voient. Les talkie walkies ne font pas naturels (normal, on ne tient guère un talkie-walkie de la même manière qu'un flingue et un acteur ne joue pas non plus de la même manière les deux accessoires!) et le E.T. numérique des plans et scènes rajoutés ne ressemble pas au E.T. plastique de jadis… Toutefois, ce qui est intéressant avec le rajout de ces scènes, c'est qu'une optique différente du film nous est proposée. Ces scènes concernent essentiellement le personnage de la mère, et mettent plus en avant son absence, son incapacité à gérer les problèmes de ses enfants. La scène de la salle de bain (qui sert aussi à donner l'information scénaristique que E.T. ne respire pas) montre que la mère, quoiqu'inquiète, n'est pas là, et celle de Halloween montre qu'elle est dépassée et incapable d'autorité. A croire qu'il y a vingt ans, Spielberg s'identifiait plus à Elliott et que maintenant, il est passé du côté de la mère…


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