Comme je ne pouvais quand même pas passer le restant de mes jours à regarder Goyokin toutes les deux semaines (d'autant que ces damnés sous-titres anglais… mais passons), j'ai mis la main sur le premier film de Hideo Gosha pour le cinéma, 3 samouraïs hors-la-loi. Bien m'en a pris ! Ce film de sabre au rythme enlevé et compact (89 min.), superbement photographié en glorieux noir et blanc, est un des meilleurs que j'ai vus jusqu'ici. En plus, j'ai même adoré la bande annonce qu'on trouve dans les suppléments : « Au diable le seigneur ! » « Au diable l'administrateur ! » « Ils défient le système féodal ! » Ouais ! Yaaah ! De l'aventure, de l'amour, des combats, une bonne fin amère à l'italienne (ah, quelle scène quand Sakon Shiba essaie de convaincre les paysans apeurés d'aporter la pétition au seigneur !), bref, je ne vois pas ce que je pourrais demander de plus.
Les trois héros éponymes sont bien campés et contrastés. Et si Tetsuro Tamba montre qu'il aurait dû avoir le premier rôle plus souvent, et si Mikijiro Hira est très à l'aise dans son rôle de garde du corps blasé qui finit par se rallier à la bonne cause, le personnage de monsieur Sakura, interprété par l'excellent Isamu Nagato, m'est tombé dans l'oeil. Voilà un samouraï selon mon coeur. D'abord, il vient d'une famille de paysans, pas comme ces dédaigneux de la haute. Et puis c'est un bonhomme aimable, aux rondes manières, qui coulerait une vie paisible et sans histoires (dans la prison où il demande à rester, puisqu'il y est logé et nourri !) si l'administrateur du domaine – un sinistre et hypocrite personnage ! – n'écrasait pas d'impôts les paysans du lieu. Les malheureux qui n'ont même plus de riz à se mettre sous la dent mais seulement de la bouillie de millet. Alors, désespérés, ils enlèvent la fille de l'administrateur. Sakura-san aime les gens du peuple, et quand les paysans s'inclinent très bas devant lui, aussitôt il s'incline plus bas encore, histoire qu'on ne le prenne pas pour un autre. Et bien entendu, celui qui voudra l'affronter au sabre devra se lever de bonne heure, car il est du genre foudroyant !
Sacré trio, de toute façon. À quelle époque se passe ce chambara-ci ? J'avoue ne pas être en mesure de dater avec précision. Mais qu'importe. C'est mené tambour battant, avec fougue et humour. Superbe musique aux accents très modernes (par moments ça rappelle Art Zoyd!). Et notons-le, deux femmes y tuent des samouraïs ! La première, avec une dague; la seconde, en glissant dans le chapeau du samouraï sa longue épingle à cheveux; et quand le type se fait assommer par Tetsuro Tamba surpris, il meurt sur le coup.
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