Dans la grande lignée des films judiciaires engagés Michel Drach a réalisé avec Le Pull over rouge une excellente documentation sur l'affaire Ranucci. S'inspirant du livre à thèse de Gilles Perrault, le film ne se permet pas, avec un sujet aussi brûlant, trois ans à peine après l'exécution de l'accusé, d'effets spectacle. Restant d'un rigorisme permanent, on pense presque au cinéma de Rosi tant un flot d'informations judiciaires nous est transmise de la manière la plus sèche.
Le film en dehors de sa plaidoirie très engagé ; de un pour la réhabilitation de Ranucci, et de deux, pour l'abolition de la peine de mort, est aussi une intelligente et captivante observation de l'effet que peut avoir une affaire criminelle sur le grand public. Il n'y a pas de héros, les protagonistes sont à la fois les flics, le coupable, les journalistes, les avocats. Une foule de personnage dont les points de vues sont multiples. Le pull-over rouge a aussi l'habileté de ne pas noyer le spectateur dans quelque chose de trop lourd. Michel Drach insuffle à son film un allure dramatique poignante. L'affaire Dominici avec Gabin quelques années avant fonctionnait sur les mêmes bases, a tel point que l'on pourrait penser que les deux films sont du même réalisateur.
Malgré tout, même si j'essaye de ne pas parler de cette affaire comme au café du commerce je n'ai toujours pas été convaincu réellement de l'innocence de Ranucci (alors que je crois à celle de Dominici). Jusqu'à présent aucune émission télévisé, aucun écrit, n'a apporté de réponse à un certains nombres de questions effarantes que je me pose depuis des années. Pourquoi Ranucci s'est il stoppé à quelques mètres de l'endroit ou on retrouvé le corps de la petite fille ? Que faisait-t-il dans la champignonnière pendant quatre heures ou l'on a d'ailleurs retrouvé le pull-over rouge ? Pourquoi a-t-il pris la fuite lors de son accident de voiture ?
En vérité je me suis toujours demandé si la rumeur, Ranucci non coupable, n'avait pas été lancé pour renforcer l'opinion publique contre la peine de mort.
Le pull-over rouge est un point de vue. A prendre avec des pincettes, mais qui ne bascule en rien les doutes et les positionnements sur cette affaire.
La petite fille enlevée puis assassinée le 3 juin 1974 s'appelait effectivement Marie-Dolorès Rambla. Il est possible que le scénario du film prévoyait de ne pas utiliser son véritable nom contre l'avis de sa famille déjà très remontée contre Gilles Perrault après la publication de son livre (ce n'est pas la première fois au cinéma que cette méthode est utilisée dans le cas de film évoquant un fait-divers particulièrement sordide.
Page générée en 0.0035 s. - 6 requêtes effectuées
Si vous souhaitez compléter ou corriger cette page, vous pouvez nous contacter