Le début de Tenue de soirée est une vraie merveille, marquée par des dialogues acérés au couteau et par la miraculeuse conjonction de deux tempéraments d'acteurs extraordinaires.
Au fait, si je me suis décidé à revoir le film, que je n'avais alors guère apprécié, quarante ans après sa sortie au cinéma, c'est par crainte qu'il soit bientôt interdit, bien-pensance wokiste régnante et Vertu arborée à toute occasion. Dieu merci, il est encore possible de regarder des films tournés par Gérard Depardieu et même d'en acheter des DVD. Nous ne sommes pas encore soumis tout à fait à la dictature du Camp du Bien.
Il n'y avait évidemment que cet immense acteur pour tenir un rôle improbable, invraisemblable, perturbant et y être pour autant, particulièrement éclatant. Cette espèce de brute charismatique qui surgit dans la vie parcimonieuse, mesquine, minable d'Antoine (Michel Blanc) et de Monique (Miou-Miou) et qui emporte tout sur son passage, les repères, les identités, les cadres, les morales, les évidences (qui ne sont plus si évidentes, de ce fait)… Comment ce diable de Bertrand Blier parvient-il à ne pas faire décrocher le spectateur, tout au moins dans les deux premiers tiers du film, la fin étant moins satisfaisante ?Bob (Depardieu) , grand fauve dominateur n'a pas le moindre mal à entraîner dans son tourbillon les deux paumés qui voient en lui à la fois l'issue des médiocrités qui pèsent sur leurs minables épaules et la force d'une autorité qui les fascine autant l'un que l'autre. Tout cela est dans l'ordre des choses.
Ce qui l'est moins c'est la relation homosexuelle torrentueuse qui s'impose. Non qu'elle soit invraisemblable ; mais parce qu'en 1986, date de sortie du film, il fallait un sacré culot à l'auteur et un sacré courage aux acteurs pour l'imposer comme une évidence… D'autant que le côté sordide est appelé à se renforcer. Scène dans les toilettes avec le souteneur Pedro (Michel Creton), raffinement obscène de l'amateur d'art antique (Bruno Cremer) violente engueulade subie par Monique qui n'en fait pas assez à la maison et, à la fin, tapinage du trio dans le brouillard glacé.Il n'est pas impossible que Bertrand Blier n'ait jamais vraiment su s'arrêter à temps et qu'il ait trop souvent basculé de la délicieuse grossièreté à la déplaisante vulgarité… Énigme à résoudre !!!
Blier est un magnifique auteur et certainement l'un des seuls vrais provocateurs dans le métier. J'aime moins cette Tenue de soirée sans véritable relief dont les situations assez facile frôle parfois le grotesque, c'est en fait à ce moment là que Blier commençait vraiment à baisser.
Suivront à cette baisse Merci la vie, Mon homme, Les acteurs pour en arrivé au Côtelettes !
Dans cette série de films moyens j'ai souvenir d'un film extrêmement poétique, assez méconnu et superbement interprété par Marcello Mastroïanni en fin de vie Un, deux, trois, soleil.
Page générée en 0.0055 s. - 6 requêtes effectuées
Si vous souhaitez compléter ou corriger cette page, vous pouvez nous contacter