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Chronique de Dumbledore


De vincentp, le 11 avril 2022 à 23:04

Le film commence par un cri et s'achève par un cri. Ces deux cris ne sont toutefois pas les mêmes. Le premier serait plus celui d'une jeune femme écrasée par la pression de sa famille, de la ville et de son âge aussi, et qui doit évacuer son mal d'une manière physique. Elle aurait pu se taillader les veines, cela aurait été la même chose.

Le second cri est plus heureux, même s'il est là pour positiver une fin très noire. C'est le cri d'un couple ivre de vitesse, ivre d'amour, en un mot ivre de vie.

D'un cri à l'autre, on assiste à l'histoire d'un couple, certes, mais surtout à l'histoire d'un couple dans une société en pleine mutation. La fille ne veut pas être comme sa mère (divorcée avec une vie minable) et s'accroche à un père idéalisé (présent que par téléphone). Elle ne veut pas être comme sa mère mais se rend compte que finalement elle n'a pas vraiment le choix. Les "impératifs de la vie" comme on dit sont là: son mec doit bien trouver un boulot, et elle aussi. Ils se retrouvent épuisés le soir après leurs journées de travail. Pire, ça leur arrive même de ne faire que se croiser. Le début de la routine du couple s'installe. Comme ses parents avant elle. Voilà ce que réclame la société, voilà ce vers quoi elle va. Mais à l'inverse de sa mère, elle veut refuser. Seuelment, que faire? Quelle est la solution? Y en-a-t-il une?

Ces deux jeunes que l'on suit durant tout le film sont en rupture et en transition. Rupture par rapport à leurs parents, par rapports aux codes familiaux et sociaux qui furent ceux de leurs familles. Ils cherchent un autre chose dans une société elle-même en mutation mais qui n'est toutefois pas encore prête à répondre à leurs exigences.

C'est un peu l'histoire d'un mec blessé qui cherche à monter dans un train qui déraille.

Que reste-t-il à faire sinon que refuser tout en bloc, chercher l'argent facile et avec lui accepter le risque d'en payer le prix.

Le film de Lin Cheng-Sheng est intelligent et subtil, comme son réalisateur. Il démarre sur le ton d'une comédie, enchaîne des scènes drôles (comme la tentative de vol d'un distributeur de banque), montre avec légèreté des jolies jeunes femmes en tenues sexy, mais doucement et sûrement il fait avancer son histoire d'amour vers le drame.

Le film est en quelque sorte anti-romantique. Certes nos deux héros s'aiment, ils sont beaux, jeunes, leur amour est parfait, exalté. Seulement, où qu'ils soient, ils sont toujours prisonniers de la ville omniprésente, notamment dans la bande-son chargée de circulations. La réalité est là, impérieuse et incontournable. C'est elle par sa simple existence qui mettra en danger le couple…

Le film a obtenu le Lion d'Argent à Berlin et deux prix pour la comédienne (sublime de charme et de beauté) et le réalisateur. Voilà donc trois prix bien distribués…


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