Attention, la présence de Jennifer Aniston à l'affiche et le titre gentillet cachent un film d'une grande dureté, d'un grand pessimisme.

On est loin des films hollywoodiens qu'on a l'habitude de voir. Pas de happy end, pas de personnages sympathiques et parfaits. On est là dans le domaine du réalisme avec uniquement des personnages écrasés par une réalité du quotidien tellement pesante qu'il faut, pour tous, trouver un dérivatif. L'herbe pour l'un, un amant pour l'autre, la religion pour un troisième ou bien encore la provocation pour un autre.

L'histoire est bien menée et tient son thème du début à la fin du film. L'histoire d'amour développée entre Jennifer Aniston et le jeune poète évite le romantisme en restant très juste et très réaliste dans la description de cet amour vain. Le jeune homme est en effet décrit comme tellement narcissique que l'histoire est naturellement vouée à l'échec. Leur scène d'amour finit d'ailleurs comme la seule bonne scène d'un été 42 : le jeune homme joyeux d'avoir perdu son pucelage se laisse aller à sa joie alors que la femme détruite pleure cet acte qui remet toute sa vie en question.

Pourtant, ce réalisme qui habite le film réussit toujours à éviter de tomber dans le pathos. Jamais on ne cède au voyeurisme ou à l'émotion facile. Aucun personnage n'ouvre la porte à ces facilités.

Il faut saluer à l'occasion la performance époustouflante de Jennifer Aniston qui prouve définitivement ce dont on pouvait se douter avec la saison 8 de Friends (série TV), à savoir qu'elle est une grande comédienne. Elle est ici méconnaissable, offrant une facette tout à fait opposée à son personnage de Rachel : elle ne minaude jamais, ne fait appel à aucune technique de jeu voyante. Elle réussit à rendre son personnage crédible et touchant, s'effaçant derrière son rôle. Elle ose même se montrer sans maquillage, mal habillée, un peu bouffie.

Oui, décidément, une des grandes différences entre le cinéma hollywoodien et le cinéma indépendant, c'est que l'un se situe toujours dans le monde du rêve américain et que l'autre évolue souvent dans une réalité qui n'a rien à voir avec ce rêve !