C'est le commissaire "Pépère". Rythme lent, scénario répétitif, esprit soixante-huitard. Le film a vieilli et s'adresse à des amateurs éclairés. De bonnes surprises, toutefois : la mise en scène est inventive, la photographie d'une ville et de ses personnages ordinaires, des dialogues réussis, et de bons interprètes. C'est typiquement un film qui s'inscrit dans le ventre mou de la discipline, comme il en existe tant.

Le commissaire Pepe (Ugo Tognazzi) enquête sur une affaire de moeurs qui éclabousse les notables d'une petite ville en apparence tranquille. Le commissaire est saisi de dégoût, notamment vis a vis des pressions politiques.

Cinquième réalisation de Scola, souvent tenue comme mineure, datant de 1969 mais sortie en France dix ans plus tard.

Le film est un peu languissant et souffre d'un certain manque de méchanceté. On a souvent vu ce type de dénonciation des turpitudes des notables d'une petite ville, et en plus fort: évidemment Au nom du peuple italien est le chef-d'oeuvre insurpassable de cette lignée.

Malgré cette réserve, le film se pare de nombreuses qualités: une façon légère de parler de choses graves, un Tognazzi parfait dans un type de rôle alors nouveau pour lui, une belle musique de Trovajoli, un personnage assez amusant: le clochard Parigi (Giuseppe Maffioli), ami excentrique du commissaire Pepe.

Et de façon étonnante, le film m'a semblé réussi au niveau de la forme alors que ce n'est pas toujours le fort de Scola qui est avant tout un grand auteur. Le cinémascope est utilisé avec bonheur, la photo est excellente. L'atmosphère du film se partage entre brouillard, intérieurs verdâtres et ciel gris, comme ce sera le cas plus tard dans Mes chers amis. Les cadrages sont inventifs, on trouve même un générique en " split-screen".

En somme c'est un Scola perfectible mais qui réserve quelques passionnantes surprises.