Pour se changer les idées après son divorce, l'éditrice Carol Hunnicut (Anne Archer) accepte un rendez-vous avec l'avocat Michael Tarlow. Pendant qu'elle se refait une beauté dans la salle de bain, Tarlow reçoit un de ses clients, le gangster Leo Watts, à qui il a dérobé une forte somme d'argent. À peine Tarlow a-t-il avoué sa faute et plaidé la clémence, que Watts le fait abattre par Jack Wooten, son garde du corps. Affolée, Carol, qui a tout vu, part se cacher au fin fond des Montagnes Rocheuses. Robert Caulfield (Gene Hackman), l'assistant du District Attorney, s'empare de l'affaire.

Réalisé en 1990 par Peter Hyams, Le seul témoin est un remake de L'énigme du Chicago-Express, chef-d'oeuvre du film noir réalisé en 1952 par Richard Fleischer. Dans les deux films le personnage principal a pour mission de protéger, au cours d'un voyage en train, un témoin capital de gangsters qui veulent l'abattre.

Loin de valoir l'original, Le seul témoin reste tout de même un divertissement regardable grâce à une bonne réalisation de Peter Hyams. Metteur en scène prometteur dans les années 70-80 grâce à des films aussi réussis que Outland, Capricorn One ou encore La nuit des juges, Hyams a perdu ensuite toute ambition dans les années 90-2000, devenant le metteur en scène attitré de Jean-Claude Van Damme. On appréciera aussi une image particulièrement soignée: en effet, Peter Hyams assure non seulement la mise en scène mais aussi la photographie du film. Enfin, Le seul témoin bénéficie de la solide présence d'un Gene Hackman encore en forme à l'approche de la soixantaine.

En revanche, on ne peut que regretter un scénario un peu inégal, moins resserré et oppressant que celui de L'énigme du Chicago-Express et surtout dénué de surprises: quelques scènes d'action très spectaculaires à l'extrême limite du vraisemblable alternent avec quelques temps morts évitables. Ainsi, la poursuite finale sur le toit du train est très bien faite et plastiquement réussie grâce aux paysages des montagnes rocheuses mais son dénouement est trop prévisible.

Bien joué et bien réalisé, Le seul témoin reste trop conventionnel à cause de la banalité de son scénario et de ses dialogues. Ce qui aurait dû être un suspense inoubliable en devient un produit standardisé malgré de réels atouts. Ceci explique sans doute pourquoi ce thriller ferroviaire est tombé dans un certain oubli.