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L'univers parallèle de Robert Bresson


De vincentp, le 8 août 2009 à 23:05
Note du film : 5/6

Des plans fixes –sauf exception- s'enchaînant à la perfection, portés par des images magnifiques, éclairées par des teintes vertes et noires, multipliant certaines figures, comme ces portes ouvertes.

Des portes ouvertes vers un territoire inconnu, un monde parallèle au nôtre. Un monde régi par des lois qui lui sont propres. Le temps s'y écoule par moments à toute vitesse ou bien ralentit sa course. Les trois ans de détention du personnage principal s'écoulent en un instant, mais le cheminement des lettres qu'il adresse à son épouse, passant de mains en mains, dure une éternité. Le facteur espace suit la même logique de déphasage : le cheminement de la ville à la campagne de ce personnage échappe à toute logique physique ou géographique connue.

Les lois qui régissent cet univers bressonnien se traduisent à l'occasion par une désynchronisation de l'image et du son : le son plaqué sur une image correspond à la séquence suivante. Nous percevons donc les sons avant l'image, ce qui est une caractéristique contraire de notre univers, au sein duquel la lumière voyage plus vite que le son.

Cet univers bressonnien est régi par un enchaînement non cartésien des idées. On comprend que Robert Bresson fustige le matérialisme mais il le fait en employant des « modèles » (selon son expression) qui renvoient à un mode de pensée finalement très matérialiste : les détenus allant s'attabler semblent extraits d'un défilé de mode. Nous comprenons également que le mode de vie millénaire à la campagne, proche de la nature, procure douceur de vivre mais aussi aliénation. Dès lors, pourquoi le progrès économique basé sur l'argent et un habitat citadin ne pourrait-il pas apporter un avenir meilleur à l'humanité ?

Étrange univers, donc, que celui mis en images et en sons par L'argent. Peut-être la représentation du monde d'un artiste alors âgé de 82 ans, mixant dans son esprit passé et présent, des décors urbains des années quatre-vingt à un mode d'élocution, plutôt compassé, qui fut celui des années trente.

L'œuvre d'un auteur, qui se mérite, certes, mais aussi une oeuvre souvent magnifique.


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