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critique


De dumbledore, le 2 août 2004 à 15:25
Note du film : 4/6
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A l'origine de \Fool for love, il y a \Sam Shepard. Pas seulement l'acteur principal du film, mais le talentueux dramaturge, auteur de la pièce dont ce film est tiré. Le talent d'écrivain de \Sam Shepard est manifeste et n'est pas négligeable et on lui doit de bien belles pièces ainsi que de très fins scénario (\Paris, Texas pour n'en citer qu'un).

Fool for love est d'une ses premières pièces et si le talent est déjà là, les références à ses maîtres sont un peu trop appuyés. On sent Tennesse Williams dans les personnages cassés et souffrants qui se battent avec un héritage d'une lourdeur accablante. L'histoire du coup est quelque peu prévisible tout comme ce théâtre très "viscéral".

Par contre plusieurs idées sont passionnantes et efficaces que le film sait exploiter avec force.

La plus évidente est celle du père (joué par Harry Dean Stanton). Il est là dans l'action entre les deux personnages, mais il est clair qu'il n'est qu'une incarnation imaginaire, et qu'il n'est pas là "réellement". Comme tous les enjeux et les frustrations des personnages tournent autour de lui, nos deux personnages le convoquent sans cesse et sa présence sur scène/à l'image permet de lui donner la parole afin de complexifier encore la réalité si lourde que doivent porter les deux personnages.

Seconde belle idée : Sam Shepard durant toute l'action du récit se met à boire de plus en plus. Il devient ainsi de plus en plus violent, de plus en plus souffrant également et l'aveu final devient logique compte tenu de l'état d'ivresse.

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Il faut dire que derrière la caméra ne se trouve pas un manchot. \Robert Altman est encore en forme pour ce film et n'a pas renoncé à la finesse au profit des clichés, comme dans ses derniers films. Il dirige de main de mettre les deux comédiens :\Sam Shepard excellent, mais ça on le savait et \Kim Basinger époustoufflante – ça on l'ignorait. Il adapte également sa mise en scène à la théâtralité de la pièce, utilisant des zooms volontairement voyant mais qui ont le mérite de renforcer la théâtralité et la "représentation" de l'action. Le décor en lui-même rappelle le travail d'épuration et de distanciation de Brecht et porte déjà en lui tous les fruits que cueillera avec roublardise un \Lars Von Trier : décor qui sent excessivement la construction scénique, ne donnant aucune existence au hors champs. Au lieu de cacher le théâtre, le film le révèle, l'assume pour rendre finalement le drame de ses personnages plus apparents, plus pathétique et plus touchant.

Décidément du bon Altman.


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