Le projet a tout d'abord été proposé à Katsuhiro Otomo, ce dernier a conseillé aux producteurs de confier la réalisation de Perfect Blue à son ami et collaborateur sur Roujin Z et Memories, Satoshi Kon. Notre artiste va en profiter pour réaliser son premier coup de maître avec ce thriller psychologique, puzzle infernal, captivant et angoissant où s'entrecroisent des sujets et des personnages intelligemment construit (le personnage de Mimaniaque me trouble profondément de par son regard effrayant et sa mentalité de fanatique, il n'est pas sans me rappeler notre ami Alakazam dont l'image m'apparaitra désormais sous cette forme dérangeante)

Christopher Brandon me facilite le travail, car décrire une telle oeuvre de manière exhaustive est très difficile. J'insiste juste sur le montage et la mise en scène, tout simplement géniaux. Car si une première vision peut dérouter, la deuxième permet de cerner l'absolue cohérence et le mélange flashbacks, rêves, hallucinations, comédie et réalité est admirablement géré et rythmé. Le scénario de Sadayuki Murai est d'une redoutable efficacité, même si le but est de déranger et perdre le spectateur, l'ensemble reste clair et savamment ficelé.

Perfect Blue peut rivaliser avec n'importe quel film à suspens hitchcockien et se permet des libertés que seul un dessin animé peut intégrer sans choquer, en marquant les ambiances grâce à des procédés inventifs et efficaces, les perceptions et diverses hallucinations des personnages, par exemple, sont assumées d'une façon qui frôle le fantastique et la fin, effrayante, explose en style et atteint un niveau d'angoisse insoupçonné.

Comme l'a déjà dit Christopher Brandon, des touches réalistes viennent ponctuer ce canevas démoniaque, nous rappelant que malgré le support manga, qui peut hélas, inciter certains à avoir des préjugés quant à la crédibilité de l'ensemble, l'action s'inscrit à notre époque et critique des sujets toujours d'actualité, avec une lucidité acerbe. Un incontournable.

« Le crime était presque parfait… » Ah ! Voilà un objet de convoitise et de culte chez nombre d'amateurs d'anime japonaise de qualité. Perfect blue est devenu une belle référence en France au même titre que Jin-Roh ou Ghost in the shell. Thriller ultra réaliste, il s'appuie sur les phénomènes importants d'otakisme japonais, c'est-à-dire le fanatisme croissant de certaines groupies avec leurs idoles, et la difficulté à orienter sa carrière artistique lorsqu'on est une star trop en vue. Mais Perfect blue c'est aussi une vision sans concession du monde des médias au Japon, que l'on a peu de peine à retranscrire en France. Réalisé en 1997, ce film lucide est annonciateur de notre si formidable télé-réalité. Le réalisateur Satoshi Kon (oui, c'est bien son nom !) offre plusieurs niveaux de lecture à son œuvre, tant sur les questions sociales que sur la solitude des jeunes femmes japonaises, qu'au sujet de l'intrusion d'internet comme loupe déformante de la vie d'une star… Riche en émotions, en détails et en intelligence, Perfect Blue est à savourer sans modération. Avertissons néanmoins nos fidèles internautes : certaines scènes et certaines images peuvent sans conteste choquer. Vous êtes prévenus !