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Sujet : Une bonne surprise à nuancer


De laurentS, le 4 décembre 2014 à 00:25

J'attendais ce film avec une certaine hâte. L'histoire du juge Michel est un très bon sujet. Affaire d'ailleurs déjà traitée voici près de trente ans dans Le juge de Philippe Lefebvre, avec Jacques Perrin, Richard Bohringer et Daniel Duval. Et cette version ne démérite pas, même si, avec le manque de recul dans le temps, le scénario ne traite l'affaire que dans ses grandes lignes. Dans La French, la mise en scène est volontairement plus stylisée et lorgne du côté de Scorsese. Il y a donc une certaine énergie dans le film. Dujardin est sobre, excellent, ainsi que l'ensemble de la distribution.


Toutefois on peut regretter les raccourcis historiques et les libertés prises au sujet la personnalité de Pierre Michel, faisant de lui un joueur de poker repenti. Je me trompe peut être mais je n'en ai jamais entendu parler et cela n'apporte pas plus d'humanité au personnage. Pour les grands écarts avec la vérité historique, il y aurait une liste plus exhaustive à faire voici pour l'essentiel : le scandale des grâces médicales par exemple devient une collusion manifeste entre policiers corses douteux et la pègre. À tel point que le juge aurait dû contourner les ripoux en créant une sorte de brigade spéciale, propre, œuvrant dans le plus grand secret dans le cadre de la découverte du laboratoire de Saint-Maximin. Gaston Deferre est très clairement mis en question dans ses relations avec les policiers corses et le pouvoir qu'il aurait eu de faire dessaisir Michel de ses dossiers drogue. Une scène assez ridicule montre Michel dans le bureau de Deferre à l'intérieur, en 1981, se livrant à une sorte de marchandage de bas étage afin de reprendre la main sur le dossier de la French. Tout ceci est pure invention. On sait que la hiérarchie a mené la vie dure au magistrat, durant les derniers mois de sa vie, pour des broutilles. Mais il n'a jamais été dessaisi. C'est faux.

La fin, également, est assez contestable : la mise en scène de l'assassinat du juge, très elliptique, intervient de façon très abrupte. Pourquoi pas ? Mais on peut se demander s'il était utile de mettre en scène la femme du juge, se précipitant sur le corps de son mari, tout juste tombé sous les balles, encore prisonnier du poids de sa moto.

Certes nous sommes au cinéma mais tout de même cette fin mélodramatique est à la limite de la faute de goût. La réalité historique est à la fois plus terrible et plus digne. Jacqueline Michel attendait son mari pour le déjeuner, avec ses filles. Il était déjà en retard ; quand elle a entendu les sirènes, elle a compris…

Si la French jette un œil vers le film politique (la dénonciation des liaisons dangereuses entre politique, police, pègre dans les années 70) c'est vraiment de loin et de façon abusive. Yves Boisset faisait mieux, en plus simple. Le juge, de Philippe Lefebvre montrait bien la solitude de l'homme.

À part cela, La French est fort bien fait. Il s'agit d'un spectacle de bonne qualité, une reconstitution sobre de l'époque. Et il faut le noter car trouver la juste mesure n'est pas si simple (malgré les différents plans du palais de justice de marseille devant lequel, à plusieurs années de distance, on reconnaît les mêmes modèles de voitures, mais stationnées différemment).


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De fretyl, le 20 avril 2015 à 15:03
Note du film : 2/6

Eh ben décidément Cedric Jimenez n'a ni le souffle ni l'efficacité d'un William Friedkin pour retranscrire le combat qui fut celle des autorités françaises et américaines pour lutter contre le trafic mondial de l’héroïne dans le courant des années 70.

On pouvait attendre au vu de la bande annonce un polar rebondissant, un thriller musclé… Le film manque de souffle, de relief ; les interprètes principaux (Dujardin) et Lellouche) n'ont pas le charisme que l'on pouvait attendre. En tout cas Dujardin n'a ni l'aura, ni le charme de ce que pouvait être un Belmondo.

La French patauge de bout en bout et hésite entre une dénonciation maladroite et fourre tout du lien entre justice/politique et drogue ou d'un polar qui au final manque de surprise et même de violence.
Décidément la personnalité sympathique de Dujardin ne suffit pas à faire de lui l'acteur emblématique que le cinéma français voudrait nous faire apparaitre.

Des longueurs se font parfois sentir, des caricatures aussi (la pègre marseillaise y est dénoncée de façon quasiment risible). Les règlements de comptes manquent de sauvagerie, le rythme n'y est pas si bien soutenu. Au final si l'on ne retrouve pas un seul instant la brutalité d'un French Connection ; j'avais surtout préféré French Connection 2 que j'avais trouvé plus méchant, plus incisif que le premier opus et ou d'ailleurs le Marseille de l'époque y était montré de nature plus crédible, on a l'impression de trainer dans un mauvais polar des années 70 du genre Les Hommes avec Constantin. Grosse déception pour ce qui avait été annoncé comme un film important de l'année 2015.

L'affaire du Juge Michel est également mal transposée et finit par se fondre dans le larmoyant mélodramatique.


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De Impétueux, le 16 décembre 2015 à 14:22
Note du film : 2/6

Voilà qui n'a ni le souffle, ni l'intelligence de French connection de William Friedkin ! La French a été bâti sur la seule présence d'un des acteurs les plus bankables du cinéma français, Jean Dujardin, qui dispose d'un beau physique et d'une réelle présence mais qui, employé par des gens qui ne croient plus au cinéma, est en train de gâcher, artistiquement parlant, une carrière qui aurait pu le mettre à un certain rang. Il faut reconnaître que c'est à peu près normal, puisqu'à part de rares exceptions, le cinéma tout entier oscille entre le téléfilm complètement formaté et la superproduction pour adolescents attardés (le lancement du dernier Star Wars est, à cet égard, d'une parfaite obscénité).

Jean Dujardin, bien mis en valeur par le toujours excellent Gilles Lellouche a beau faire et le film a beau se vouloir, bien mignardement, un hommage aux films engagés des années 70 (Le juge Fayard d'Yves Boisset), il n'en a ni la violence, ni la naïveté furieuse. C'est lisse dans le pourri, a-t-on envie de se dire, tant la dénonciation des concussions, des complaisances, des corruptions qui paralysent l'action des preux chevaliers de la Morale et de la Loi (avec des majuscules) manque de violence et de détermination.

On voit bien, en gros, que le Système a digéré la révolte, qu'il s'en sert, même, pour donner bonne conscience au spectateur, prié de sortir de la salle sans pouvoir réfléchir à des questions plus essentielles. Comment se fait-il, par exemple que du réseau de la French connexion démantibulé aient pu sortir cent, mille, dix mille têtes d'une hydre qui a paisiblement envahi le monde entier ? Gibraltar, de Julien Leclercq (avec, d'ailleurs le même Gilles Lellouche) montrait beaucoup mieux l'inanité des efforts dispendieux entrepris pour lutter contre un business qui a déjà gagné la partie, ce qui est fort ennuyeux, certes mais qui, bien pire, oblige les États à déployer pour vider la mer à la petite cuillère des effectifs qui seraient mieux employés par ailleurs.

La French tourne entièrement autour de la personnalité, qui fut flamboyante, du juge Pierre Michel (Dujardin, donc) avec, en reflet presque exact, en face de lui, un célèbre parrain du Milieu marseillais, Gaétan Zampa (Lellouche) ; est-il exact – ou maladroit ? – de présenter souvent les deux hommes dans des milieux familiaux qui se ressemblent presque ? Est-ce une idée de scénariste ou de réalisateur ? Je n'en sais rien et à dire vrai, l'histoire n'est pas si passionnante qu'on ait envie de creuser ce point-là.

On connaît la fin de l'histoire – l'assassinat du Juge qui rentrait en moto déjeuner avec sa femme et ses filles par deux tueurs identiquement motorisés – mais à la différence de bien des films où l'on sait aussi que le héros ne s'en sortira pas (Jésus sera bien crucifié, Louis XVI ne parviendra pas à dépasser Varennes et Napoléon sera battu à Waterloo), on s'en fiche complètement.


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De Commissaire Juve, le 17 décembre 2015 à 21:49
Note du film : 4/6

Petit mot en passant…

Film découvert fin mars. J'ai trouvé ça plutôt pas mal. Au début, quand on roule sur le front de mer et qu'on voit toute la collec de voitures années 70, ça m'a rappelé des souvenirs ; c'était drôle (j'ai vécu un an à Marseille en 78-79).

Ensuite, c'était plutôt cadré serré, pour éviter de montrer les transformations de la ville.

J'ajoute que, pour les petits passages aux Etats-Unis, ils ont réussi à re-sortir les grosses bagnoles d'époque et même à reconstituer le World Trade Center.

Au rayon des regrets : on a un Gaston Deferre plus ou moins crédible, Mélanie Doutey décolorée en blond vénitien, des musiques d'arrière-plan pas assez connotées années 70 (comme c'est le cas pour le Série Noire d'Alain Corneau… mais là, le film est de 1979), un boulevard Michelet pas très authentique et, surtout, quelques libertés prises avec la véritable histoire du juge Michel.

Mais ça tient la route.

Ils oublient quand même de préciser, à la fin, que Gaëtan Zampa est mort aux Baumettes deux ans et demi plus tard (1984).


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