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Sujet : Savez-vous danser sur un volcan ?


De Impétueux, le 20 septembre 2013 à 21:45
Note du film : 4/6

Ce petit film superficiel et amusant est sorti sur les écrans parisiens le 28 septembre 1938, c’est-à-dire exactement à la veille de la Conférence de Munich, qui s’est tenue les 29 et 30 septembre et qui a abouti à cette reculade historique, à ce sursis dont les Démocraties n’ont pas même profité pour s’armer devant la Bête…

Il n’y a pas de hasard. De délicieux nanards comme celui-là, qui mettent en jeu, dans un cadre convenu, toute une panoplie de parasites sociaux, de viveurs, de gens du monde, d’aigrefins, de gigolos, de danseurs mondains, de diplomates douteux, ne sont pas rares dans le cinéma de l’Entre-deux-guerres. Mais celui-ci tombe particulièrement à pic.

Yves Mirande, à la fois ici scénariste et réalisateur, c’est un peu le Sacha Guitry du (très) pauvre, un Guitry qui n’aurait été qu’auteur de boulevard et un habile faiseur de mots ; Café de Paris n’est pas mal parce que les mots sont drôles, les silhouettes enlevées, les acteurs excellents ; mais ça n’est tout de même pas destiné à être vu, aujourd’hui, par tous les publics (c’est une litote !) et ça ne peut intéresser que ceux qui sont attirés, au choix, par l’époque de la réalisation, les anecdotes un peu vaines et artificielles et les trognes inoubliables du cinéma passé.

Ce qui est drôle, c’est que les rôles distribués ne reflètent pas tout à fait l’image traditionnelle qu’on a des personnages habituellement incarnés : Jules Berry, comme toujours, pérore en majesté, mais interprète un type plutôt sympathique, à cent lieues de l’abject Bathala du Crime de Monsieur Lange, et Pierre Brasseur, qui a toujours l’horrible gueule de petite gouape de Quai des brumes, n’est pas un bien grand salopard, seulement un petit rat crevé.

Cela étant, Carette ressemble à tous les titis sentencieux et goguenards qu’il a toujours composés, Jacques Baumer, commissaire de police profiteur de bonnes fortunes ajoute un peu de vice à sa lugubre figure, Marcel Vallée, inoubliable directeur de la Pension Muche, dans Topaze exhibe avec talent sa papelardise gluante, et Maurice Escande se colle à merveille dans la morgue et l’habit de soirée d’un aristocrate douteux.

L’intrigue, pour artificielle qu’elle est, est bien venue et son mécanisme habile ; le soir du réveillon, au Café de Paris, bel établissement à la mode, des fêtards de plusieurs (demi)-mondes et du monde tout court se croisent, se reconnaissent, engagent des affaires louches, se grisent de mots, de champagne et de jolies femmes. Lambert (Jacques Grétillat), rédacteur en chef d’une feuille spécialisée dans le chantage et la délation, La parlotte, dîne avec sa maîtresse ; il est détesté par à peu près tous les convives, qu’il a fait chanter, ou à qui il vient de refuser de ne pas dévoiler leurs magouilles et manigances.

Au douzième coup de minuit, les lumières s’éteignent, pour permettre aux couples, vrais et faux, de s’embrasser. Quand elles se rallument, quelques secondes après, Lambert a un couteau de service planté dans le dos. Qui a tué ? Je ne le conterai pas…

Danse sur un volcan, fatigue d’un vieux monde, éclat des lumières, gaieté des danses (musique, excellente, du grand Georges van Parys), élégances des compagnes et compagnons de la nouba.

Je le répète, le film sort le 28 septembre 1938. Moins d’un an plus tard…


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De Tamatoa, le 20 septembre 2013 à 22:10

Ce Café de Paris qui fait tant d'ombre au Café du cadran de Jean Gehret, puisque situé juste en face de lui (dans le film). Beaucoup plus populaire et fréquenté par des ivrognes, quelques journaleux en mal d'articles sensasionnels et des amoureux. Mais le violoniste attitré du Café de Paris, magnifique Aimé Clariond y vient faire sa cour à la patronne, la très naive Blanchette Brunoy. Et ce qui est très amusant c'est que dans ce Café du cadran, il n'est question que du Café de Paris qui sert de référence au monde de la limonade. Et dans nombre de plans on voit entrer au Café de Paris beaucoup de gens de la haute depuis la porte du Café du cadran où on s'inquiète même de savoir, patrons et employés, si Le Café de Paris a fait du monde ce soir, si le violoniste a eu du succès, si la comtesse Machin était là. En fait de compte, Le café du cadran est une publicité de première pour Le café de Paris puisqu'il n' y est question que de lui !

Je sais que Le café de Paris existe mais un Parisien pourrait-il me confirmer l'existence du Café du cadran ?


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De Impétueux, le 20 septembre 2013 à 23:02
Note du film : 4/6

Mais oui, le Café du cadran existe encore : il est situé, dans le quartier de l'Opéra, à l'angle de la rue Daunou (qui abrite le bien plus célèbre Harry's bar) et de la rue Louis-le-Grand.


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