Les étudiants filmés en viennent à se demander s'il pourront jour « sortir des CDD », tant il est incertain que leurs études et leur diplôme leur permettront de décrocher un CDI dans un domaine qui les intéresse (à France Culture pour Pascaline !).

Cet intéressant documentaire est une réalisation de Céline Dréan (Le Veilleur, Dans les murs de la Casbah). Elle explique que « finalement il s'agissait moins de faire un film sur les étudiants qui travaillent mais plutôt de les regarder vivre elles, parce que c'étaient elles. » Et d'ajouter : « ce qui m'intéressait aussi, au-delà de la rencontre, c'était le fait qu'elles soient deux mais pas dans la même situation. »

Le DVD, techniquement de bonne qualité, présente le film et seulement celui-ci, sans menus ni sous-titres.

ces deux étudiantes en cinéma montrent leur engagement, à la fois anticapitaliste et féministe. (Spontex).

Je conseillerais très cordialement à Pascaline et Klara, ces deux étudiantes sans doute très sympathiques : 1- de ne pas fumer. Le tabac est l'archétype du schéma capitaliste non vertueux. Un engagement anticapitaliste passe par l'abandon impératif et immédiat du tabac. 2- de ne pas hésiter à se déplacer pour effectuer un début de carrière, par exemple en région parisienne. Certes, la période est difficile un peu partout, mais un peu moins qu'ailleurs en région parisienne. A Rennes, les postes sont rares, et sans piston, c'est difficile.

Je suggère à ces deux demoiselles un engagement "volontariste" plus que "anticapitaliste et féministe".

Justement, le pas est franchi et l'une d'elles est déjà partie à Paris.

Voilà un téléfilm très intéressant, plutôt mieux filmé et mieux rythmé que les habituels sujets de société qui font florès sur les écrans et qui décrivent avec une volonté d'authenticité, de réalisme et de franchise des vies banales (banal n'est pas un mot péjoratif : je l'emploie en antonyme d'aventurier et des films où l'on montre, par exemple, la traversée du désert de Gobi par un cycliste asthmatique ou l'ascension du Machu Pichu par un unijambiste daltonien).

Il faut dire que le format de 52 minutes est excellent et permet d'entrer, sans ennuyer, dans la vie quotidienne de deux jeunes filles du siècle, malheureusement engluées dans les tourments du même siècle.

L'une et l'autre ne sont pas identiques, toutefois : Pascaline est la fille d'un couple de tout petits restaurateurs d'un village breton ; ses parents estiment appartenir à la classe moyenne inférieure, n'avoir aucune chance de monter une marche et doutent de la possibilité de leur fille de le faire, mais ils l'aident petitement pour ses études. Klara, à ce qu'on décèle, a eu un parcours moins stable : sa mère a beaucoup changé d'adresse, a vécu dans un squat, ne peut sans doute pas lui donner un kopeck ; elle est davantage militante, davantage révoltée, joue davantage à être insouciante (j'ai envie de me casser à l'étranger), alors que Pascaline, qui, à la fin du film est pleine d'espérance parce qu'elle a pu décrocher un stage à France-Culture, semble aussi plus résignée… Et cela bien qu'elle ne cesse de regarder en arrière avec angoisse (C'est pas dévalorisant d'être serveuse, mais c'est pas mon but ; Campagnarde, c'est pas péjoratif : on n'a pas honte des siens, mais on ne voudrait pas vivre leur vie).

De toute façon, pour Pascaline et Klara, il n'y avait guère le choix qu'entre M. Poutou et Mme Éva Joly (2,31% des voix), le cas de Mlle Nathalie Artaud (0,56%), issue d'une autre famille trotskyste (celle de Mlle Arlette Laguillier) n'étant pas évoqué, et un vote pour l'éructant M. Jean-Luc Mélanchon (11,10%) apparaissant presque comme une concession à la bourgeoisie capitaliste… On voit là aussi que les perspectives sont lumineuses.

J'ai l'air de me moquer, je me moque d'ailleurs un peu, et en même temps je ressens beaucoup de tristesse pour ces deux jeunes filles plutôt charmantes et gaies, pas plus sottes que beaucoup d'autres et qui malgré un vocabulaire apparemment très limité et une tendance récurrente – et bien actuelle – à ponctuer tous leurs propos de Tu vois et de Voilà ! ont un discours assez construit. Qui est coupable ? Toutes les politiques qui ont laissé croire à des générations de jeunes gens (et de parents) que le baccalauréat avait de la valeur et que toutes les études ouvrent la voie à un emploi. Parvenus à la maîtrise, beaucoup de ces étudiants à avenir bouché se rendent compte qu'on les a roulés, mais que faire ?

Le capitalisme a gagné, exportant la fabrication de masse dans les pays à bas coût et réduisant ainsi au chômage les ouvriers professionnels et important, avec la complicité du gauchisme, les masses d'immigrés pour les services non délocalisables.

Pauvres petites filles pauvres…