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Sujet : Superbe !


De vincentp, le 20 mars 2013 à 22:59
Note du film : 6/6

Une somptueuse étude psychologique réalisée en 1950 par Nicholas Ray, à partir d’un scénario élaboré par plusieurs collaborateurs dont Charles Schnee (Convoi de femmes, Les ensorcelés,…). Le sujet de base est relativement banal (des liaisons sentimentales qui se font et défont au gré du temps) mais le scénario le traite de façon brillante, de façon très légèrement décalée par rapport aux canons du drame psychologique. Que vient faire le peintre avec ses oeuvres suréalistes, sinon montrer que la transgression de normes académiques (de pensées et d'action) est inhérente à l'espèce humaine, et qu'une autre représentation de la réalité est possible ? Le peintre du récit n'est-il pas un auto-portrait imaginé par le metteur en scène de cette histoire ?

La mise en scène de Nicholas Ray est magnifique (fluidité des plans, traduction des idées en images,…), la photographie en noir et blanc de Nicholas Musuraca est superbe, et la direction des acteurs est exceptionnelle. Joan Fontaine, au centre de cette histoire, réalise une prestation de tout premier ordre…

Entre autres particularités de Born to be bad :

  • sa densité. Chaque seconde de ce long-métrage apporte un élément à l’intrigue (il faut s'accrocher pour tout suivre et tout comprendre). Aucun temps mort : le mariage doit durer une dizaine de secondes… L’important n’est pas ici l'agencement des faits mais la psychologie –et les tourments- des cinq personnages, examinés à la loupe. L’évolution constante des traits des personnages nous renseigne sur l'évolution de leur psychologie. Le regard de Joan Fontaine en constante évolution confère une forte épaisseur psychologique -et une dose de mystère- à son personnage.
  • sa modernité. Cette histoire échappe aux poncifs du mélodrame d'hier et d'aujourd'hui. La fin ambiguë –on ne sait pas si elle est heureuse ou malheureuse- positionne le récit comme très atypique et énigmatique. L’imaginaire du spectateur est sollicité pour donner un sens à des instants très énigmatiques…

On retrouve dans Born to be bad le côté cosmique habituel chez Nicholas Ray : le mari en proie à des interrogations existentielles observant les formes en trident et la trace directe de l’avion dans le ciel lumineux, l’amant et la femme contemplant et énumérant les planètes du système solaire par une nuit noire ; un onirisme discret doublé d’une pointe de mystère –et de mysticisme- porte ce drame psychologique, lui confèrant une forte dimension émotionnelle, et une envergure artistique de tout premier plan.

Chapeau à ce génial Nicholas Ray, qui fut incontestablement l’un des plus grands cinéastes des années cinquante, et sans aucun doute aussi du siècle dernier…


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