Sans doute serait-il idiot de bouder son plaisir devant les grandissimes Noiret, Rochefort
et Marielle
pour qui le film a été écrit ; mais justement, et indépendamment du happy end qui ne s'imposait pas, le film aurait été merveilleux s'il n'avait tourné qu'autour de la tristesse, du côté un peu minable des comédiens qui n'ont pas eu le succès à quoi ils rêvaient, ceux qui s'voyaient déjà, comme chante Aznavour,
ceux qui croyaient qu'ils auraient une vie grande, et c'est une toute petite vie, comme chante Souchon.
Il y a des trésors pathétiques qui se perdent là, dans les espérances déçues, dans les jactances, les rires qui fusent d'autant plus forts qu'ils sont faux… On pourrait n'être pas si loin que ça de La fin du jour.
Les grands ducs, restés sur ce registre désespérant, comme Tandem,
comme L'homme du train,
comme dans une autre mesure La fille sur le pont
serait, avec un peu plus de fiel, un film formidable, grâce à des dialogues ciselés de Serge Frydman (Je me sens seule comme dans un aquarium vide – Irène Jacob –
Au théâtre, c'est sur ses silences qu'on juge un acteur – Jean-Pierre Marielle –
Les cloisons, ça vous fait des générations de taupe – le même – Voiture de Rital, attitude de faux-cul, tête de faux-derche – Jean Rochefort,
sur la dégaine du metteur en scène de l'improbable pièce Scoubidou). Grâce aussi à une musique séduisante de Jean-Claude Nachon, presque aussi réussie que celle du Petit Marguery.
Tel quel, il reste trois acteurs formidables, et une très belle distribution adventice. Assez pour revoir le fil de temps en temps et passer un très bon moment.
Un bon moment… Bof.
Ce qui est plaisant c'est que certains instants fonctionnent…
Que Noiret, Rochefort
et Marielle
semblent s'être amusés comme des gamins et cela pour la dernière fois.
Pas possible de ne pas rire face à certains excès. Certains cabotinages laissent tout de même des trois acteurs la caricature de ce qu'ils pouvaient être…
C'est certe agréable. On ne va pas cracher dans la soupe. Les acolytes devaient être suffisamment soudés et ont semble-t-il réellement cru en Leconte et en un scénario farfelu qui pouvait laisser présager une grosse partie de rigolade.
C'est quand même lourdingue, surjoué. Si l'on admet Les grands ducs comme un divertissement frais et sympathique alors pourquoi flinguer totalement Une chance sur deux
qui ne vole finalement pas plus haut et n'a pas plus de prétention ?
Noiret, Rochefort
et Marielle
sont morts ce qui par contre ajoute une note de mélancolie sur la vie qui passe…
Page générée en 0.0045 s. - 5 requêtes effectuées
Si vous souhaitez compléter ou corriger cette page, vous pouvez nous contacter