4,5/6. Visuellement très réussi, mais cette histoire est aujourd'hui franchement datée par certains aspects et baigne par moments dans le comique involontaire (quand le personnage principal se fait attaquer par des nymphomanes, par exemple). Sur un sujet assez proche (réflexion sur l'anormalité), L'homme qui rétrécit passe infiniment mieux l'épreuve du temps. Mais, malgré tout, Shock corridor reste aujourd'hui à voir car il reflète toute une époque, et ses qualités formelles sont incontestables.
Sublimissime. Toutes les scènes vous vampirisent les tripes, les yeux et le cerveau.
Magnifiques personnages – et interprétation – de "fous", de gens en rupture avec la société, qui les a cassés dans ses rouages et qui donc devient elle-même le symbole de la folie. Le jeu de la vie et de ses petites ambitions (incarné par le journaliste) peut vous ronger à jamais si vous perdez. "Amusez-vous !" nous lance Fuller, mais comme à l'accoutumée chez lui, les loosers ne sont pas toujours ceux qu'on croit. Dans son rythme engloutissant et psychotique, le film nous avale sans réussir à réfléchir vraiment.
On peut avoir votre ressenti… Il me semble que Shock corridor est l'archétype du film qui peut être très diversement apprécié (il ne fait pas dans la nuance). On peut prendre très au sérieux la séquence qui m'a fait rire et estimer qu'il s'agit d'une parabole. Quoiqu'il en soit, la mise en scène de Fuller est de grande qualité (plans étonnants notamment les plongées abruptes).
Vous m'intriguez par ailleurs "ttl" avec vos sept messages sur ce site en huit ans…
Nb : je recommande à ceux qui apprécient Fuller, le documentaire remarquable réalisé à son sujet par Mika Kaurismäki avec Jim Jarmusch à propos de Tigrero, projet abandonné de Fuller (mais dont certaines images apparaissent dans Shock corridor). Il s'agit de "Tigrero, un film jamais réalisé" (1994).
Mais si je trouve que le film de Milos Forman est loin du chef-d'œuvre, il est tout de même bien plus intéressant que Shock corridor, verbeux, didactique, emphatique, tourné sans imagination aucune à l'aide de continuels gros plans et de filmage frontal. Les personnages sont inconsistants et ennuyeux, le déroulement prévisible, la démonstration biaisée… Une déception évidente.
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