Nous ne sommes pas là pour faire de la diplomatie, et présenter des vessies pour les lanternes. Laissons ce délicat exercice aux critiques ou aux administrateurs mondains d'organismes cinématographiques publics qui cotoient le monde du cinéma, et cirent les pompes des auteurs qui ont fini par s'établir à coup de coktails ou de théories fumeuses ! On peut comprendre cette nécessité alimentaire (qui ne sert pas vraiment les intérêts du cinéma français), mais très peu pour moi (qui ai la chance de travailler dans un secteur d'activité très éloigné de celui du cinéma et de pouvoir publier des avis en toute indépendance) !
Car le constat est ici implacable ! La dentellière (1977) fait souffrir (frémir) le spectateur contemporain (même si parfois il est intéressant de regarder des films assez banals, car cela remet les choses en perspective). Cette histoire, improbable, sans souffle dramatique, visiblement très mal adaptée de son oeuvre littéraire de départ pour le cinéma par Pascal Lainé n'est pas une réussite. Les idées s'enchaînent mal, et elles sont mal traduites en images. Il ne s'est passé grand-chose en trente minutes, à part un shampooing (séquence nous rappellant les conversations étranges que l'on peut entendre quand on va se faire coiffer dans un salon de coiffure féminin). Ajoutons que les dialogues sont d'une grande vacuité et fermons le ban !
« Les idées s'enchaînent mal. »
Il y a belle lurette que j'ai vu ce film – indisponible de ce côté-ci de l'Atlantique – mais je crois bien me rappeler qu'il cherchait à enchaîner des émotions, non des idées. Va falloir que je remette la main dessus…
C'est vrai… Mais en matière d'émotions, il y a eu Rohmer, Cassavates,…, et ce pauvre tamdem Goretta-Lainé fait pâle figure à comparer ! Cette intrigue sentimentale ressemble à un roman de gare, ou de la collection Harlequin (malgré Huppert).
Enfin…, ce n'est qu'un avis ! Inutile de poster un tueur à gages devant mon domicile !
« Cette intrigue sentimentale ressemble à un roman de gare. »
Je crois que l'expression complète lorsqu'on se veut de la vraie élite intellectuelle est « ressemble à un roman de gare qui fait pleurer Margot. » Aussi subodoré-je que lorsque vous évoquez "l'émotion" au sujet de Rohmer (sic !) ou de Cassavetes, vous parlez en fait de la fameuse "émotion esthétique", ou émotion de la tête, chère aux esthètes et aux intellectuels, et non de l'émotion au sens courant d'avoir le cœur étreint voire brisé par ce qui se passe à l'écran, comme lors du dialogue final entre le père et son fils agonisant dans L'Incompris, ou quand Mifune
éclate en sanglots en se confiant à l'infirmière compréhensive (et plus ou moins secrètement amoureuse de lui) dans Un Duel silencieux,
ou quand survient l'enfilade de baisers censurés et remontés à la fin de Cinéma Paradiso
ou quand Noiret
est à un cheveu de dire enfin "Je vous aime" à Azéma
dans La Vie et rien d'autre
ou quand Hepburn
dit "Marry us !" à la fin d'African Queen
ou lors de la mort du Cheyenne dans Il était une fois dans l'Ouest.
Rappelons aussi que « romans de gare » fut très longtemps, presque jusqu'à sa mort, l'étiquette unanimement apposée par le sérail crétino-myope des intellos parisiens ou parisianisants aux romans de Georges Simenon, que les érudits turinois Fruttero & Lucentini, pour ne citer qu'eux, consacrent avec raison dans leur Trilogie du crétin comme « le plus grand romancier du 20ème siècle ex-æquo avec Kafka
».
Bon, cela dit, je n'ai toujours pas revu La Dentellière. Mais si je me laisse aller ici à une montée de lait, c'est bien sûr parce que je garde de ce film un souvenir certes lointain, mais profondément ému.
Votre avis est intéressant. Ouvert d'esprit, je préfère largement à ce que l'on poste un avis contraire au mien, plutôt que l'on me regarde de travers pour des avis postés sur ce forum (même si cet aspect me fait en fait bien rigoler, car le cinéma ne doit représenter que 5% de mon activité quotidienne !). Si des gens ne pas contents de mes avis, qu'ils expriment ici leurs opinions. Toute autre réaction est nulle et non avenue.
Oui, l'émotion peut être simple, et sans doute que les personnages de La dentellière ont des réactions spontanées, et un peu simplettes. Je n'aime pas la vision qui est délivrée dans ce film, qui me fait penser (peut-être à tort) aux émotions qu'on essaie de nous faire avoir via les journaux télévisés, entre deux tranches de publicité très mercantiles.
Il faut aussi ajouter que parfois l'écriture d'un auteur de cinéma (ou d'un artiste) nécessite un temps d'adaptation. Aussi, il ne faut jamais jurer de rien. Je n'aimais pas Bob Dylan, et sa voix nasillarde, avant de changer d'avis radicalement.
Pomme développe un surprenant complexe d'infériorité face à François…Elle semble complètement intimidée devant tant de culture, de connaissances étalées…Cela doit lui rappeler ses études courtes, et François "enfonce le clou" au lieu de mettre en valeur ses qualités. Le cas semble "un cas d'école" si j'ose dire…Aujourd'hui, l'ouvrier n'hésite à prendre son patron de haut si nécessaire…"liberté, égalité, fraternité" les intellectuels ne sont pas supérieurs en tout, et manquent souvent de qualités humaines…Comme François…
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