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Forum : Un Trou dans la tête

Sujet : critique


De dumbledore, le 2 août 2004 à 15:22
Note du film : 2/6

On ne peut nier ni remettre en question le fait que Frank Capra est un des plus grands réalisateurs de l'histoire du cinéma, et surtout du cinéma américain. Sa thématique révèle d'un profond courage : oser dire et montrer dans ses films que des personnages apparemment naïfs, peuvent réussir à changer le monde, grâce justement à cette naïveté. On lui doit ainsi une demi-douzaine (facile) de chefs d'oeuvre.

Un trou dans la tête n'est pas un de ses meilleurs films. Loin de là. Par contre, il est passionnant dans ces faiblesses, car, en comparaison avec ses réussites, on comprend mieux sa manière de faire.

D'abord dans la construction de son personnage principal. Quel est le personnage principal d'un film réussi de Frank Capra ? Un type qui incarne tout ce qu'on aimerait pouvoir afficher de naïveté, de bon sens, de rêve, d'imaginaire, etc – de tout ce qu'on aimerait finalement garder de l'enfance. Tout ce que la société adulte exige que vous abandonniez au profit de valeurs d'un monde capitaliste : la rentabilité, l'argent, l'égoïsme, etc. Or le personnage de Capra réussit malgré tout et surtout malgré tous à s'imposer et surtout à imposer sa vision du monde. Finalement, l'incarnation d'une des plus naïves devises de la culture actuelle, celle de l'Idiot de Dostoievki, : "La beauté sauvera le monde".

Or dans Un trou dans la tête, le personnage est manqué. D'abord il est incarné par un Frank Sinatra qui n'est pas l'aise. On le sent paumé, incapable de comprendre et d'assumer le personnage qu'il joue. On ne peut lui en vouloir car Frank Capra n'arrive pas à se dépêtrer de ce personnage qui ne tient pas et ne peut pas tenir la route. Frank Capra pousse trop loin son archétype de personnage en n'en faisant plus un rêveur mais un mythomane. Le personnage est ainsi convaincu qu'il a sous la main le coup financier du siècle et il n'en est rien. Il rate tout et plus il rate, plus il flambe par un pur déni de la réalité. Pire : il n'incarne aucune belle idée mais au contraire l'arrivisme, la mode, les plaisirs faciles. Le pire? On peut douter que Frank Capra soit conscient de cette réalité de son personnage. Du coup, l'équilibre du film est cassé. On ne s'identifie pas au personnage, on le sent névrotique, et surtout on se dit "fuyons" ce personnage qui ne peut apporter que des catastrophes car justement il n'est pas, ne peut être dans la réalité. Il est pathologique. Il ne fait pas rêver, mais cauchemarder

Du coup, tout le film hérite de cette tare. L'histoire est tirée par les cheveux, construite au scénario mais nullement au niveau de ses personnages et les avancées du scénario semblent artificiels. On sent les rouages, les "trucs" comme le personnage de l'enfant plus adulte que le père, brillant et intelligent, personnage tellement cliché et entendu depuis les films des années 20 qui voient là un survival bien propice.

Heureusement, il y a Edward G. Robinson qui apporte l'humour et la distance qui faisaient également la force comique de Capra. C'est le banquier de Capra, formé par l'argent, vivant pour le profit et qui – à la fin du film – retrouve son âme d'enfant. Edward G. Robinson sauve littéralement le film par sa présence et on attend qu'il revienne à l'écran quand il n'est plus là.

La fin du film est particulièrement parlante sur l'incapacité voire l'impossibilité de faire développer ce personnage. Le film s'arrête sur un retournement incohérent de Robinson qui change d'avis, même si on sait que finalement rien n'a changé et que la situation de Frank Sinatra fauché se représentera…


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