Quand ce film est sorti en salles, je me souviens de réflexions qui fleurissaient dans les gazettes : Trop d'invraisemblances ! Quand la mer rouge s'ouvre devant Moise dans Les Dix Commandements, personne ne trouve rien à redire, c'est très normal. Stallone emprunte la gallerie de droite au lieu de celle de gauche et c'est invraisemblable !

Non, non ! Ce film est excellent ! Et Fi des invraisemblances. Très largement inspiré par L'Aventure du Poseidon, avec des scènes carrément plagiées, tous les ingrédients sont là pour nous tenir en haleine jusqu'au bout. Effets spéciaux spectaculaires et anxiogènes, la grande machinerie Hollyoodienne tourne à plein régime pour notre plus grand plaisir. Rien ne manque : Glissements de terrain, explosions, inondations souterraines, feu, cascades impressionnantes, personnages hétéroclites réunis dans un même endroit clos et devant le même danger (figure classique et consacrée dans ce genre de film catastrophe), les ceusses qui ont constamment la trouille et les autres, héros malgré eux. Un Stallone qui tord sa bouche Nord-Est/Sud-Ouest comme jamais et Alain Dorval, la voix Française qui en rajoute un max dans le rauque. On a l'impression d'avoir déjà vu le truc des milliers de fois mais on en redemande. Rob Cohen qui n'est pas le premier venu dans le genre cataclysme, nous a concocté un film sans un seul temps mort, sans une seconde d'ennui. La pyrotechnie est une grande et belle invention. Et c'est bien que notre homme en use et abuse.

Ca pète de partout, ça explose, ça se noie, ça hurle, ça meurt, ça se fait écraser, ça manque d'y passer de très peu, et c'est le héros qui avait raison face aux entêtés qui ne voulaient pas le suivre. Et comme d'hab, la plus jolie fille de la bande, Amy Brenneman, tombera amoureuse de ce pompier qui ressemble tant à Rocky/Rambo ! C'est très bon tout ça ! Pas nouveau nouveau mais très bon quand même ! Un des meilleurs films cata qu'il m'est été donné de voir. Et puis cette idée de placer l'action dans ce tunnel qui s'éffondre, ça fait une moyenne entre les hauteurs de Cliffhanger et le Voyage au centre de la Terre.

Quoi, les invraisemblances ? On s'en contrefiche ! Et ma soeur, elle est invraisemblable ?

« Quand la mer rouge s'ouvre devant Moise dans Les Dix Commandements, personne ne trouve rien à redire. »

Ah, vous parlez pour qui, là ? J'ai toujours ri aux éclats pendant cette scène des Dix commandements (qu'il m'a fallu subir, étant petit, étant donné l'omniprésence de ce genre de films à la télé pendant les Fêtes).

Arca, vous êtes un esprit cynique et négatif ! Comment ça, vous n'avez pas admiré l'ouverture de la Mer Rouge sous le bâton de Moïse et par la volonté de l'Éternel ?

Sacripant !

Et Tamatoa a le chic pour donner envie de voir des films à quoi on n'aurait jamais pensé !

Ah oui, c'est tout moi, ça. Pour me cerner, il suffit de lire les deux planches de la Rubrique-à-brac de Gotlib consacrées à la lecture des Roses de Saadi…

Enfinmoi, tous ces machins spirituels, j'y pige rien, mais je pense que dans le temps, il a dû y avoir une sacrée sécheresse cette année-là, et alors, pour une rare fois, on avait pied dans cette portion de la Mer Rouge, et alors le peuple juif traverse (non sans attraper au passage, d'après moi, les poissons qui gigotaient dans les flaques du bras de mer tari, vu qu'ils devaient avoir rudement faim après tout cet esclavage) ; puis éclate une forte averse de pluie juste comme leurs poursuivants Égyptiens traversent et crac ! le Pharaon est kaput. Ensuite, le téléphone arabe a fait le reste – et le téléphone judéo-chrétien aussi – d'où cette histoire de baguette magique à la Cecil B. De Mille.

…l'impression de remonter à la préhistoire du cinéma et d'avoir été filmé avec les pieds tant ses défauts visuels sont patents.

Je veux bien admettre que certaines séquences rappellent quelques vieux péplums du genre Le colosse de Rhodes. Mais ne me dites pas que dans ce magma de cascades et d'éffets spéciaux, dans cet enchevêtrement de catastrophes, vous "voyez" des défauts . Moi je vois mes DVD sur une télé, pas sous un microscope. Nous sommes très loin de la géométrie quasi parfaite de playtime de tati. Quant' aux dialogues, ce ne sont pas Les frères Karamazof, ni les carmélites qui sont coincés sous ce tunnel ! Ce genre de film n'est pas vraiment destiné à être "écouté" mais à se laisser voir sans chipoter outre mesure sur quelques failles. On "écoute" Duvivier, pas Rob Cohen.. Parcontre, là ou je vous donne raison, c'est pour mon raisonnement "juvénile". J'ai eu 55 ans hier, et vous m'ôtez un poids.