Forum - Polisse - Comment dire ?
Accueil
Forum : Polisse

Sujet : Comment dire ?


De Impétueux, le 27 octobre 2011 à 11:15
Note du film : 3/6

C'est bien toujours un peu la même chose, lorsqu'il s'agit de filmer un métier aussi accaparant, aussi passionnant – aussi passionnel -, aussi usant que celui des brigades spécialisées de la police : des individus rassemblés par de drôles de hasards d'existence dans un même espace de vie, conduits par l'exercice de leur métier à déjeuner ensemble, à planquer ensemble, à se détendre ensemble, à partager des heures et des heures sur des affaires graves, blessantes, violentes : on n'échappe que rarement à la collection de têtes, au rassemblement de personnalités aussi différentes que possible, avec des histoires intimes qui surgissent au milieu du boulot – ou ne surgissent pas, d'où frustrations -, avec des amitiés, inimitiés, luttes de pouvoir, séductions diverses, histoires de sexe passées, présentes ou à venir…

Sans en avoir jamais beaucoup vu, je crois que les séries à succès de la télévision sont à peu près toutes de cette eau-là, de Julie Lescaut (Véronique Genest !!) à Navarro (Roger Hanin !!!) ; ça plaît parce qu'un microcosme affronté aux dures réalités de la vie policière satisfait un besoin de romanesque sans nuance.

Je ne ferai pas à Polisse l'injure d'être comparé aux exemples précités, mais il y a tout de même un peu un air de déjà-vu dans ces aventures d'une section de la Brigade de Protection des Mineurs qui s'étire pendant deux heures. S'y entrecroisent des anecdotes dont la plupart sont épouvantables et dont on se rend compte qu'elles sont sûrement exactes, aux mots près, extraits sûrement de PV d'audition de victimes et de prévenus, insérées pour le réalisme du propos. On n'invente sûrement pas l'histoire de la sous-prolétaire qui, sur le conseil de l'assistante sociale, a renoncé à pratiquer vespéralement une gâterie sur la personne de son bébé ce qui le calmait, alors que maintenant il pleure tout le temps ; on n'invente pas le dialogue entre les flics stupéfaits et une gamine qui a trouvé normal de turluter dans une cave tout un régiment de camarades de sa copine pour récupérer son portable malicieusement dérobé, parce que tout de même c'est un très beau portable ! ; on n'invente pas le mot de ce Chinois soupçonné de polygamie et qui proteste avec vigueur puisque, n'ayant que deux femmes, il n'est que bigame.

La dureté de la vie de ces gens confrontés aux pires horreurs et abjections humaines pourrait être insupportable. Heureusement, la réalisatrice, Maïwenn, se garde d'appuyer sur les pires détails, d'introduire le voyeurisme un peu louche du spectateur dans son récit, ne dissimulant rien des faits évoqués, mais avec une sorte de pudeur bienvenue, fouillant et montrant juste ce qu'il faut pour qu'on comprenne sans images ou évocations trop crasseuses. Ceci est le meilleur du film, comme l'est toute sa partie quasi-documentaire : l'irruption à l'aurore blême dans un camp de Romanichels trafiquants d'enfants (ces malheureux gosses d'abord mendiants et chapardeurs, puis prostitués, dès qu'ils se sont un peu formés) et l'arrestation, dans un centre commercial des mêmes vendeurs de chair fraîche humaine.

Je suis beaucoup moins convaincu par l'importance que prennent graduellement, dans le courant du film, les intrigues connexes, et notamment par l'histoire amoureuse qui se noue entre Melissa (Maïwenn elle-même), silencieuse délicate photographe censée effectuer un reportage sur la Brigade, et Fred (Joey Starr), grande gueule brutale et sensible… Je veux bien que Mélissa vive une curieuse histoire familiale, j'admets que tous les goûts soient dans la nature et qu'une jeune femme issue d'un cocon préservé ait un jour envie de s'envoyer en l'air avec un mâle rustique ; mais enfin… c'est à l'auteur du film de nous faire accepter ces prémisses jusqu'à les rendre presque naturelles, et je ne trouve pas que Maïwenn y soit parvenue… Il faut dire aussi que Joey Starr a tout de même un physique pas très ragoûtant (c'est une litote) et qu'il ne semble briller sur aucun autre plan… Enfin… Voilà qui fera toujours quelques entrées dans les salles de banlieue…

Les autres acteurs ne sont pas mal : Louis-Do de Lencquesaing et Sandrine Kiberlain jouent très finement un couple de grands bourgeois déchiré par l'abomination pédophile. Wladimir Yordanoff en fait trop, en Commissaire un peu lâche, un peu veule, un peu agacé (en plus, il porte fort mal sa rosette rouge, la plaçant soit au dessus, soit au dessus de sa boutonnière). Karin Viard, il est vrai, est rarement mauvaise mais devrait prendre garde à ne pas se confiner dans des emplois un peu souffrants de laissée-pour-compte ; Marina Foïs, Iris, l'anorexique, est remarquable, exception faite de la ridicule scène finale du film, cette sorte de point final brutal sans aucune nécessité par quoi la réalisatrice a cru devoir achever Polisse.


Répondre

De JBSOA, le 18 janvier 2012 à 18:02
Note du film : 4/6

"Marina Foïs. Iris, l'anorexique, est remarquable, exception faite de la ridicule scène finale du film, cette sorte de point final brutal sans aucune nécessité par quoi la réalisatrice a cru devoir achever Polisse" écrivez-vous. J'avoue quant à moi, que non seulement je trouve cette scène ridicule mais de plus, je ne la comprends pas….


Répondre

De Nicoco, le 14 avril 2012 à 21:02
Note du film : 3/6

Il serait malhonnête de comparer ce vrai-faux documentaire aux innombrables émissions-reportages dites "en immersion" qui polluent les chaînes de la TNT. Poutant je me suis fait la réflexion plusieurs fois au cours du film que ces scènes de la vie quotidienne d'une brigade de la police des mineurs s'y apparentaient.

Certaines scènes me paraissent surjouées (par exemple l'engeulade entre le binôme féminin joué par les actrices Marina Foïs et Karin Viard ) voire décalées ou peu crédibles. Je n'ose imaginer autant d'actes de rebellions dans les rangs de la police. J'avoue mal connaître l'esprit et la camaraderie de ce corps mais j'espère que dans la vraie vie la hiérarchie policière sait se montrer plus autoritaire. Ainsi, Joey Starr que je ne porte pas tellement dans mon coeur mais dont il faut reconnaître que sa prestation est convaincante, me semble un poil nerveux – c'est un euphémisme, quand on se croit le droit de pouvoir tabasser au cours d'un interrogatoire un pédophile – pour porter l'uniforme.

Une scène marquante, chaleureuse, est celle de la danse initiée par Joey Starr, rejoint sur la piste par toute l'équipe de la brigade. La musique est tout à fait entraînante et le bonheur affiché dans ce moment de liberté fait plaisir à voir. En revanche, la chute finale (dans tous les sens du terme) clôt le film d'une manière bien étrange.

Bizarrement, l'idée m'est venue que la réalisatrice Maïwenn faisait preuve d'un certain narcissisme en se mettant en scène dans le rôle d'une timide photographe, en couple au début du film avec un bellâtre et riche italien, et qui tombe finalement amoureuse de la brute au coeur tendre. Les scènes coupées le confirment : plusieurs d'entre-elles accouchent d'une rivalité stupide entre les deux hommes, prétendants de la réalisatrice.

Je me suis surpris à regarder longuement les bonus du DVD. Les scènes coupées, nombreuses, partent dans tous les sens et laissent penser que la réalisatrice s'est perdue dans ses idées, voulant trop en montrer, surtout que le film, après montage, dure déjà deux heures. Certaines scènes apportent un éclairage différent de la version finale. Ainsi en est-il de l'avortement de la jeune fille violée : la suite "cachée" de la scène révèle que le viol n'est qu'un mensonge inventé par la mère et la jeune fille afin de bénéficier de la prise en charge d'un avortement térapeutique…

Exceptées ces quelques critiques, le film est plaisant, drôle, parfois émouvant. Il mérite donc un bon 3 sur 6.


Répondre

Installez Firefox
Accueil - Version bas débit

Page générée en 0.0070 s. - 5 requêtes effectuées

Si vous souhaitez compléter ou corriger cette page, vous pouvez nous contacter