Forum - Le Cardinal - Long pensum
Accueil
Forum : Le Cardinal

Sujet : Long pensum


De Crego, le 22 mars 2003 à 13:39

C'est un long pensum, pas même sauvé par un cast intéressant. Il faut dire que le héros du film, le très figé Tom Tryon n'est pas brillant (il deviendra un romancier plus doué) et Romy Schneider a un rôle bref et ingrat. Il y a sûrement mieux à exhumer de la carrière de Preminger que ce pudding.

Au fait, en parlant de Romy… Quand Studio Canal va-t-il sortir "L'Important c'est d'aimer", où elle trouve le rôle de sa vie ?


Répondre

De Dumbledore, le 2 juillet 2004 à 22:29
Note du film : 3/6

Le roman de Henry Morton Robinson, The Cardinal s'éternisait dans les cartons de la columbia depuis bientôt 10 ans quand Otto Preminger lit le livre. La columbia avait renoncé à produire le film suite aux attaques particulièrement violentes du Cardinal Spellman qui pensait avoir été le modèle du personnage principal. Quand Otto Preminger remet le couvert, il doit faire des pieds et des mains pour convaincre le Studio. Spellman se réveille, mobilise toute l'église américaine pour boycotter le film et Otto Preminger n'arrive pas à avoir de prêtre comme conseiller technique. Tous disent non. Seul un défroqué acceptera. Aucun église de Boston n'accepta non plus d'ouvrir ses portes au tournage. Ce sera qu'à la veille du tournage qu'une église acceptera le tournage. Son prêtre étant un cinéphile fou, trop fier de voir Otto Preminger en personne lui serrer la main!

Si Otto Preminger est aussi concerné par ce sujet au point de se battre contre les autorités catholiques de l'église aux Etats-Unis, c'est pour une petite partie de son récit. Une vingtaine de minutes perdue au milieu de trois heures de film : le comportement de l'Eglise catholique pendant l'occupation de l'Autriche par les Nazis, et notamment la décision de collaboration du cardinal Innitzer. Le retour en Autriche fut d'ailleurs douloureux pour Otto Preminger comme en témoigne cette anecdote tirée de son autobiographie "''A mon arrivée à un des plus beaux hôtels de la ville, le directeur me conduisit dans ma chambre, très fier.

  • C'est notre plus belle suite, monsieur Preminger. C'est l'appartement où Hitler a séjourné.

J'étais très impressionné :

  • J'espère que vous l'avez nettoyée depuis!

Il n'a pas eu l'air de trouver ma réponse amusante".''

Si l'on peut comprendre pourquoi et surtout comment Le Cardinal est un film important pour son réalisateur, il faut admettre que le film n'est pas une des grandes réussites de son auteur. La construction d'abord est très voyante et sans doute trop systématique: lors de l'investiture comme Cardinal, Stephen Fermoyle se souvient de son ascension. Ses souvenirs couvrent trois moments clés. Le premier concerne sa famille et notamment sa soeur amoureuse d'un juif qui sera refusé par sa famille (et par Stephen). Elle se perdra comme danseuse, tombera enceinte hors mariage et mourra en couche car son frère refuse l'avortement qui seul aurait sauvé la mère. Le second moment clé est une lutte pour un curé noir du sud contre le KKK et les autres "chrétiens" blancs et racistes. La dernière lutte, la plus troublante et le passage le plus réussi du film est l'Autriche pendant la montée du nazisme. Stephen y retrouve la seule femme dont il fut tombé amoureux et la découvre avec un discours pro-nazi, tout comme le cardinal de Vienne et qui paiera cher par la suite son erreur de jugement…

Malheureusement le film n'arrive pas à trouver le ton juste, et surtout hésite entre deux thématiques qui s'entrechoquent, se troublent et s'annihilent. D'un côté, le film pose le problème de la foi, surtout dans la première partie du film. Ensuite se pose le problème de la politique, ou du moins de la diplomatie vaticane. Autrement dit le pouvoir au sein de l'église. Si les aléas moraux d'un prêtre ne sont pas fortement passionnant, ce n'était pas le cas de l'aspect politique du Vatican. Cet aspect n'est malheureusement pas assez fouillé pour tenir un film de trois heures. Pourtant l'époque couverte (début de la première guerre mondiale, début de la seconde guerre mondiale) était en soit passionnant. Surtout concernant la politique du Vatican qui ne réussit pas à s'adapter ni à évoluer vers la modernité.

Le film reste finalement très hollywoodien et bien pensant. Heureusement, il y a le talent de Otto Preminger, toujours aussi solide dans ses cadres (surtout le scope) et toujours aussi tranchant dans ses personnages féminin. Que ce soit la soeur détruite par un monde machiste, religieux dont la révolte sera punie finalement de mort (on ne lui demande pas son avis si elle préfère se sauver ou sauver le bébé, on le demande à l'homme de la famille : le frère). Ou bien le personnage de la jeune viennoise romantique (Romy Schneider) à une période où le romantisme n'a plus sa place.

Question comédien, Otto Preminger fait même une découverte. Il offre en effet à John Huston son premier rôle de comédien pour le personnage du Cardinal Glennon, sans aucun doute le personnage le plus haut en couleur du film. Une parfaite réussite, Huston sachant donner à son rôle à la fois la dureté nécessaire et une humanité étonnante. On pourrait même avoir envie de croire que c'est dans ce personnage que Otto Preminger se reconnaît le plus.


Répondre

De verdun, le 15 février 2005 à 22:16
Note du film : 6/6

Ce "cardinal" est bien sur un très grand film qui réussit l'exploit d'etre à la fois le preminger le plus fastueux(quoique "Exodus"..) et le plus personnel à travers un épisode viennois qui-je crois savoir-n'existe pas dans le roman-et des observations fortes sur les intolérances du monde.

Ce film montre comme l'immense "tempete à washington" l'intelligence des analyses politiques et philosophiques du cinéma de Preminger.La mise en scène est inspirée tout comme la direction artistique ou encore la musique majestueuse de Jerome Moross.

Le scénario est trés subtil et ce que je trouve remarquable,c'est justement cette opposition entre la première partie ou l'on se centre sur les tourments personnels du cardinal et la seconde partie plus ouverte sur les tourments extérieurs.

Le casting,très étrange est très réussi:Huston livre en effet sa plus belle prestation en tant qu'acteur (avec "chinatown") mais Tom Tryon affirme un charisme et une prestance qui servent le film et rendent très crédible son début d'idylle avec Romy Schneider qui trouve enfin ici un vrai role éloigné de Sissi et autres patisseries indigestes.La scène ou Romy réalise qu'elle n'obtiendra pas l'amour du futur cardinal est d'une pudeur admirable.

"Le cardinal" est donc un très beau film incroyablement sous-estimé et desservi par un dvd zone 2 abominable(le film y est recadré).


Répondre

De droudrou, le 9 février 2006 à 13:13
Note du film : 5/6

Je dis qu'il faut reproposer "Le Cardinal" dans une version qui respecte le format écran. J'ajoute qu'il convient d'y apporter de nombreux suppléments, y compris une comparaison entre le roman de Robinson, ouvrant le débat en quoi ce Preminger est un grand film parce qu'il suscite nombre d'interrogations.

On se trouve confronté à beaucoup d'éléments polémistes et, pour bien faire, le titre "Le Cardinal" en fait trop un film "catho" quand là n'étaient pas les objectifs.

En ce qui concerne l'analyse de base du film, j'ai trouvé qu'elle était bien faite puisque rapportant des éléments anecdotiques intéressants.


Répondre

De droudrou, le 8 mars 2007 à 10:42
Note du film : 5/6

Je viens d'avoir un souci avec l'ordi… Je recompose mon message.

En réponse à la remarque de Verdun sur le forum de "Première Victoire".

En ce qui me concerne, j'aime beaucoup ce Cardinal mais ne peux m'empêcher de faire un reproche à Otto Preminger à propos de certaines scènes de ce film.

J'ai déjà évoqué que j'avais lu le roman qui a servi de base au film. L'adaptation en est très bien faite puisqu'il me semble même qu'elle complète la vision de Robinson, abordant, entre autre et si ma mémoire ne me fait défaut, le problème du Ku Klux Klan, de façon un peu simpliste, peut-être, mais néanmoins intéressante. Pour le moins, la parabole du "bon larron" me semble quelque peu poussée ou fantaisiste…

Là n'est pas la question essentielle.

Je pense que Otto Preminger a voulu trop bien faire et par trop complaire peut-être aux autorités ecclésiastiques lors de la sortie du film qui remettait, néanmoins, quelques tabous en question et on ne saurait critiquer l'interprétation de Tom Tryon et Romy Schneider dans l'évocation du célibat des prêtres.

Par contre, la dernière partie du film se situe dans l'Allemagne Nazie et, pour ma part, Otto Preminger a quelque peu poussé le bouchon un peu loin au niveau de l'imagerie :

  • 1ère : le choeur des chanteurs interprétant l'alléluia tandis que la folie nazie ravage tout sur son passage ;
  • 2ème : quand les hordes nazies envahissent le palais du nonce apostolique, la caméra se braquant et insistant sur l'un des nazis qui sort un couteau à cran d'arrêt et lacère une scène représentant Jésus en croix…

C'est par trop voyant et par trop symbolique d'autant que, sur ce sujet, les exactions des nazis nous sont largement connues et que, régulièrement, mister Indiana Jones (c'est le nom du chien) nous dit je hais les nazis tout en aimant beaucoup Venise…

Plaisanterie mise à part, c'est là le gros reproche que je ferai à ce Le Cardinal que j'attends impatiemment dans un format DVD qui les respecte…

De tous ceux à qui je l'ai montré, je n'ai jamais entendu d'avis négatif, bien au contraire. La découverte était intéressante. Et si ma mémoire ne me fait défaut, sur un site consacré aux DVD Z1, il y a eu une excellente intervention à ce sujet.


Répondre
VOTE
De frontine, le 4 juillet 2007 à 21:05
Note du film : 5/6

Magnifique film à diffuser en DVD dans une présentation acceptable et non "charcutée.


Répondre
VOTE
De fandecinema, le 17 juillet 2009 à 23:52
Note du film : 6/6

Une réédition comme le dvd zone 1 serait la bienvenue chez nous. Moi qui me fesait une joie de rajouter un film supplementaire a ma collection de Romy Schneider et a mes films d'otto preminger.Et que vois je un cinemascope charcuté et pas le moindre bonus sur le film. Aventi s'est moqué du monde.


Répondre

De Impétueux, le 29 avril 2022 à 19:47
Note du film : 3/6

Trois heures bien tassées pour l'adaptation d'un de ces gros romans étasuniens élaborés sous l'emprise des ateliers d'écriture. Des romans où il ne manque ni un retournement de situation, ni une scène larmoyante, ni un cas de conscience qui vous glace dans votre siège (en vous interrogeant sur ce que vous, vous auriez fait). Qui, aussi, vont chercher les remugles de l'Histoire pour les exhiber devant le spectateur indigné des exactions racistes du Ku-Klux-Klan et des hystériques du national-socialisme allemand. On met un peu de tout dans la centrifugeuse : histoires d'amour contrariées ou vaines, tutoiements de l'Histoire, choc des volontés, mystères du Vatican. Il ne manque que la cerise confite pour emballer le chaland.

Otto Preminger, honnête artisan du cinéma hollywoodien, fait le boulot, comme on dit aujourd'hui. Importants moyens, images bien cadrées, multitude d'acteurs, sens des scènes de foules, habile manipulation des différentes temporalités. Car Le Cardinal est, finalement, le filmage de la suite des réminiscences qui empreignent et secouent Stephen Fermoyle (Tom Tryon) lorsqu'on lui lit la bulle qui le crée Cardinal. Une plongée dans le passé, lors d'épisodes cruciaux de sa vie et de sa vocation. Vie et vocation agitées, placées à quelques carrefours.

Comme on est dans un gros roman de plage, on s'imbibe de préoccupations existentielles. Finalement, Le Cardinal, c'est un peu le festival des cas de conscience, ces fameuses angoisses qui mettent mal à l'aise des hommes qui croient en une transcendance et se trouvent coincés devant les grincements qui surviennent entre la théorie et la pratique. Ou plutôt l'idéal et la réalité. Depuis l'Antiquité, le cas de conscience est un vieux truc qui marche toujours : je ne suis pas certain que les lycéens de notre siècle se penchent encore sur les tourments du Cid, partagé entre son amour et son devoir, mais c'est une affaire qui fonctionne un maximum.

Henry Morton Robinson, qui est l'auteur du livre dont a été adapté le film de Preminger, n'a pas trop fait dans la nuance : dans la centrifugeuse que j'évoquais plus avant, il a mis, pêle-mêle, les questions qui touchent le mariage inter-religieux, la sauvegarde, lors d'un accouchement dangereux, de la vie de la mère ou de celle de l'enfant, le célibat des prêtres, voire le suicide libérateur devant la barbarie : on n'est guère plus exhaustif. Pour faire bonne mesure, il y a une large pincée d'un racisme abominable pratiqué en Georgie par les fous furieux du Ku-Klux-Klan et la mise à sac par d'autre cinglés nazis de l'archevêché de Vienne juste après l'Anschluss de 1938.

Au fait, ai-je conté l'histoire ? Celle d'un jeune prêtre d'origine irlandaise, Stephen Fermoyle (Tom Tryon),issu d'une famille modeste, extrêmement brillant, repéré, lors de ses études de théologie à Rome par le cardinal Quarenghi (Raf Vallone, remarquable). Un Prince de l'Église qui va le suivre, le piloter, l'orienter durant tout son parcours. Mais ce parcours ne manque pas d'aspérité, d'autant qu'il ne s'inscrit pas dans une perspective de carrière mais dans une vocation exigeante. Et que l'Histoire, la grande, entre la Première et la Deuxième guerre, ne se laisse pas oublier.

Si le film prend quelques libertés avec la vérité, il n'est pas pour autant à charge. En fait, Fermoyle joue, dans la fiction, et lors des derniers épisodes, ceux de l'Anschluss, de l'annexion enthousiaste de l'Autriche à l'Allemagne, en 1938, le rôle que joua Eugenio Pacelli, le futur Pape Pie XII, à qui des ignares et des crétins imputent une responsabilité dans la déportation des Juifs. Pacelli, alors Secrétaire d’État (c’est-à-dire ministre des affaires étrangères) du Saint Siège, outre qu'il fut le rédacteur de l'encyclique Mit brennender Sorge (Avec une brûlante inquiétude) qui, en mars 1937 avertissait les catholiques de l'horreur du nazisme, fut, aux côtés de Pie XI, celui qui convoqua à Rome l'archevêque de Vienne, le cardinal Innitzer (Josef Meinrad) après ses déclarations complaisantes vis-à-vis de l'hitlérisme.

Trois heures, n'empêche, c'est long. Mais ça se laisse voir. Un gros reproche toutefois : l'acteur principal, sur qui, finalement, repose toute l'architecture du film, (l'inconnu Tom Tryon), est doté d'une belle physionomie mais n'a aucune densité, aucune épaisseur, aucune présence. J'aurais aimé Burt Lancaster, par exemple…


Répondre

De droudrou, le 30 avril 2022 à 09:07
Note du film : 5/6

Notre ami Impétueux nous dit que l'acteur principal, sur qui, finalement, repose toute l'architecture du film, (l'inconnu Tom Tryon), est doté d'une belle physionomie mais n'a aucune densité, aucune épaisseur, aucune présence. J'aurais aimé Burt Lancaster, par exemple…

Tom Tryon sera à nouveau embauché par Otto Preminger pour jouer au côté de John Wayne dans le film Première Victoire

Certes Burt Lancaster a une forte présence mais je l'imagine mal en partenaire de Romy Schneider pour toute la première partie viennoise et comme il dit dans Les professionnels "Paix mon frère !"

Pour ma part celui que je trouve le plus convaincant c'est John Huston dans le rôle du cardinal Glenon ! quelle autorité !


Répondre

Installez Firefox
Accueil - Version bas débit

Page générée en 0.0054 s. - 5 requêtes effectuées

Si vous souhaitez compléter ou corriger cette page, vous pouvez nous contacter