Quand j'ai vu ce film, j'ai été très déçu. Dégoûté, même parce que c'était signé de Tim Burton. Alors j'ai décidé de le revoir à tête reposée, histoire de vérifier. La 2ème vision est encore pire ! C'est mauvais, mal écrit, tourné de façon complètement aseptisée, le dialogue est à pleurer et Wahlberg comme toujours insupportable (le pire acteur U.S. avec Richard Gere). Que reste-t-il ? Tim Roth géant en singe mégalo et féroce et le caméo de Charlton Heston en vieux singe agonisant (on reconnaît sa dentition !). Triste… Burton nous doit une sacrée revanche.

Je me joins au message précédent et je l'accentue même: ce remake est absolument épouvantable.Le scénario est d'une platitude incroyable par rapport au conte philosophique imaginé par Pierre Boulle, les acteurs sont pâles (Wahlberg, pourquoi pas Ben Affleck pendant qu'on y est ?) ou ont fait des tonnes (Tim Roth) avec la palme à la potiche blonde Estella Warren,la réalisation honnête sans plus, les décors peu convaincants,la fin a voulu se rapprocher de Boulle mais sans convaincre non plus.

Je termine là l'inventaire des horreurs tant ma note est évocatrice de la déception que m'inspire ce film.Mais ce qui m'inquiète le plus, ce sont les conséquences qu'il y a à tirer de ce film:

1° Même un auteur doué comme Tim Burton ne peut exprimer dans un blockbuster sa personnalité, ce qui en dit long sur la force néfaste des studios.

2° Pourquoi donc faire un remake d'un chef d'oeuvre absolu qui n'a rien perdu de sa force tragique et militante pour en faire un film si aseptisé, si anodin? N'y a t-il pas aujourd'hui un problème d'ambition dans le cinéma? N'Y a t-il plus la volonté de faire un film à divertissant mais qui serait aussi une oeuvre cinématographique inoubliable, marquant, lyrique… Pourquoi si peu de force dans ce film ?

3° Le film a marché au box-office,soit. Mais quand on compare à la réflexion intense proposée par l'original, est-ce à dire que l'on ne peut plus faire confiance en l'intelligence du public, que l'on ne peut plus faire de référence à la Bible, aux oeuvres de l'esprit, tout en faisant un spectacle mené tambour battant. Sans doute est-ce là le problème du cinéma actuel: le divorce entre les films d'auteur très confidentiels, nombrilistes, refermés sur eux-mêmes et de l'autre côté des films grands publics à grand moyens mais qui ne font aucun effort de subtilité ou d'intelligence et visent un public de préadolescents.

Or, la force du cinéma américain, italien, d'une oeuvre comme celle d'un Truffaut, c'était à la fois defaire oeuvre personnelle et de faire preuve d'exigence, de noirceur parfois et dans le même temps de chercher quand même à être vu par le plus grand nombre.

Certes, je suis sévère avec cette PLANETE DES SINGES et Tim Burton a su revenir à un très bon niveau, dans BIG FISH notamment. Mais ce film donne un bien triste visage du cinéma (us) actuel, qui est quasiment tout le temps-ou du moins souvent- incapable de faire revivre les mythes ou les genres. Rendez-nous donc Charlton Heston (qui certes est un réac mais ses films sont très loins de l'être et fait preuve d'un charisme impressionnant), Frankiln Schaffner et Jerry Goldsmith.

J'ai beaucoup apprécié Burton à ses débuts. Même Pee-Wee's big adventure avait ses bons moments. Mais depuis ce honteux Planet of the apes, il n'est plus vraiment lui-même, se répète, fait du Burton comme s'il plagiait ses propres films. Il y a de bonnes scènes dans Big fish et Charlie et la chocolaterie, mais tout sonne faux, bidon, racoleur, la musique de Elfman n'est qu'une redite des anciennes. Qu'il prenne des vacances, le brave Tim, et qu'il nous revienne en pleine forme avant de se ringardiser définitivement.

Descentes en flammes hélas des plus méritées. Au fait, est-ce que la fuite dans les remakes n'est pas un symptôme ? Ça me semble un paradoxe de voir un artiste comme Tim Burton, reconnu pour son riche imaginaire, se lancer comme ça dans de projets qui sont pour ainsi dire destinés à ne pas être originaux. Le remake de Charlie et la chocolaterie ne m'a guère impressionné non plus, même si ce n'est pas une catastrophe comme cette Planète des singes. Pourtant, l'univers de Roald Dahl – celui de ses livres pour enfants, s'entend – me semblait non seulement compatible, mais contigu à celui de Burton. Et pourtant…

Je m'ennuie très fort d'Edward Scissorhands. En attendant, je constate que Tim Burton est revenu au film d'animation avec Corpse Bride. Il fait bien. On pourrait conseiller la même chose à son principal compétiteur Terry Gilliam, dont la dernière livraison est plutôt décevante, elle aussi…