…avec Charles Laughton
dans le rôle du roi Hérode !
Exactement ! Un Charles Laughton concupiscent, bavant presque devant la fille de son épouse… Il faut dire qu'il est difficile de rester de marbre devant le corps de déesse de Rita Hayworth
ôtant un à un chacun des sept voiles dans cette forme de danse strip-tease antique, chaque tombée de voile étant soulignée par un accord de harpe…
Le scénario de ce Salomé
posa de gros questionnements à la Columbia
: ce personnage de danseuse contemporaine du Christ était idéal pour relancer la carrière de Rita Hayworth, qui tentait de renouer avec Hollywood après de malheureux mariages avec Orson Welles
puis le prince Ali Khan. Mais depuis la Bible, le personnage de Salomé était considéré comme celui d'une vraie garce luxurieuse et sans morale… Or, il était important que Rita demeure sympathique aux yeux du public.
On se mit donc en quête de toutes les sources possibles au sujet de cette histoire de princesse danseuse se dénudant devant Hérode, son oncle et beau-père, et obtenant en récompense… la tête du prophète Jean-Baptiste sur un plateau d'argent !
La Bible demeurait laconique sur la personnalité de Salomé, devenue depuis un symbole de débauche et de péché. La pièce d'Oscar Wilde,
inspirée des tableaux de Gustave Moreau, dépeignait dans une atmosphère décadente très "fin de siècle" une Salomé pire encore que les autres, faisant carrément décapiter le prophète pour avoir le plaisir de baiser sa bouche morte, par perversité et dépit qu'il ait refusé ses avances… Il va sans dire qu'Hollywood ne pouvait montrer cela !
Alors on se rappela que dans la nouvelle "Hérodiade" de Gustave Flaubert,
la princesse Salomé n'était que l'instrument de son horrible mère (la dite Hérodiade), celle-ci manipulant sa fille pour lui faire obtenir la tête du prophète, parce que celui-ci montait le peuple contre elle et son époux.
Il faut dire que Hérode, le roi de Judée (en fait, roi fantoche manipulé par les Romains) avait épousé la veuve de son frère, Hérodiade donc, après la mort de celui-ci, ce qui était visiblement contraire à la loi des Hébreux. Tous deux étaient donc considérés comme vivant dans un état continuel de péché mortel. Le prophète Jean-Baptiste, ermite vêtu de peaux de bêtes, quand il ne baptisait pas les gens dans le Jourdain en leur promettant la venue du Messie, avait la fâcheuse habitude de venir clamer sous le murailles du palais d'Hérode que le couple royal devait répondre de son impiété. Les puissants supportent généralement assez mal pareille licence…
qui fut la nourrice Memnet dans Les dix commandements,
la belle-mère d'Elizabeth Taylor dans La chatte sur un toît brûlant,
et finit grande prêtresse de Vulcain aux oreilles pointues dans Star Trek IV
!) profitant du retour en Judée de sa fille la trop belle Salomé (fichue à la porte de Rome par l'empereur Tibère pour avoir séduit un patricien romain destiné à une autre union) pour la convaincre de la malfaisance de cet illuminé de prophète.
Oui mais voilà, en chemin vers la Judée et le palais familial, la belle princesse (un peu hautaine tout de même) n'est pas restée insensible aux tempes grisonnantes de Stewart Granger,
le second de Ponce Pilate, nouveau procurateur dépêché par Rome dans ce pays de fanatiques pour y faire régner l'ordre.
Or, Stewart Granger est justement un bon copain de Jean-Baptiste ! Saura-t-il à temps ouvrir les yeux de la belle et la détourner de sa décision de s'offrir nue à son beau père en échange de la mort du prophète ?
Scénario alambiqué, mais qu'importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse, et l'ivresse réside ici dans ces cinq minutes de danse inoubliable de Rita / Salomé, clou du film.
Pour la petite histoire : malgré les efforts de la Columbia pour humaniser le personnage, et le « body » couleur chair porté par la belle sous ses voiles de couleur, les ménagères américaines défilèrent pourtant dans la rue à la sortie de ce film pour manifester devant ce « spectacle honteux et dégradant pour le femme ! »
Ah bon, la danse des 7 voiles par Rita Hayworth, dégradante pour la femme ? J'y verrais plutôt l'un des summums de la glorification de la femme fatale hollywoodienne, par celle qui, sous le nom de Gilda,
avait déjà mis le feu aux poudres en 1946 rien qu'en ôtant ses gants…
Bref, tout cela vaut bien un dvd !
selon le site amazon la sortie du dvd est prévue pour le 7 octobre Laurent ! les concupiscents peuvent se réjouir…
Quelle excellente nouvelle ! De quoi célébrer avec festin et danseuses…
"- J'offre la moitié de mon royaume…
La section "Péplum" serait incomplète sans cette ultime splendeur.
Tous les personnages sont attachants. Même le roi et la diabolique reine, finalement…! Magnifique musique allant crescendo au rythme de la sublime danse, interprétations parfaites, scénario génial qui prend à contre-pied ceux qui connaissent par coeur le récit de la Bible, dialogues beaux comme le Technicolor.
Un reproche : 1h40… Beaucoup trop court. On a encore très faim. Il y avait pourtant de la matière à exploiter, de caractères aussi charismatiques… À la fin du film, seule envie : revoir tout le film, puis revoir et encore revoir la scène de la danse et réécouter cette musique !…
Je confirme la sortie de Salomé en dvd dans une collection Columbia. Acheté à la Fnac la semaine dernière pour 13 € si j'ai bonne mémoire… Il serait dommage de bouder ce beau spectacle hollywoodien en radieux technicolor !
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