Fernandel registre dramatique !

Le voyage du pére essaye d'être un beau film et s'en est un, par de nombreux cotés. C'est même certainement le dernier bon film, de Denys de La Patellière, qui après ce film ne réalisera plus que des films bancals avec Gabin tel que Du rififi à Paname ou Le tueur.
Fernandel est ici un paysan du Jura ; un paysan tel que l'on en voit plus. Ignorant qu'en dehors de son village et de sa province, qu'il n'a jamais quitté, existe des métropoles avec ses violences, sa drogue, ses personnages douteux ou la population vit dans la modernité et l'égoïsme.
Dans les années soixante, un paysan du Jura, sans télévision et sans réelle culture ne connaissait pas grand chose de la société de consommation, de la politique, des problèmes de société. Ce brave paysan doit alors pour la première fois de sa vie quitter ses montagnes pour aller chercher sa fille de dix-neuf ans, qu'il imagine encore comme une enfant, dans la grande ville de Lyon. Sur place il découvrira que celle-ci est devenue "une putain", rencontrera ses étranges fréquentations et passera une nuit cauchemardesque, à tenter de la retrouver dans un univers qui lui parait monstrueusement titanesque. Fernandel est magnifique. Découvrant le monde et ses horreurs, l'acteur ferait presque penser à un enfants croyant au père Noël, et perdant en l'espace d'une journée toute ses illusions. Laurent Terzieff lui renvoie extrêmement bien la balle, quand au passage de quelques minutes dans la gare avec Philippe Noiret il est extrêmement bienvenu.

Et dans la dernière scène, lorsque Fernandel part se cacher dans son jardin pour pleurer, après avoir fait croire à sa famille, que sa fille avait réussi ; si je ne suis pas du genre à pleurer devant un film, je mentirais si je ne reconnaissais pas qu'a ce moment là, Fernandel m'a ému.

Pas un grand film, mais un drame valable, dont l'émotion fonctionne.

Voici effectivement un film très imparfait, souvent qualifié par la critique de "mélodrame grossier et sordide".

Les qualités déployées ici sont nombreuses: le rythme est soutenu, La Patellière sait filmer -ce dont on a pu douter par la suite-, les acteurs sont tous très bons. Cette oeuvre est une belle occasion de reécouvrir à quel point Fernandel était un acteur de talent qui pouvait jouer autre chose que les rigolos méridionaux dans des films médiocres que la télévision aime à rediffuser. Les rôles secondaires sont bien campés par un pléiade d'acteurs remarquables.

Le sujet touche et n'a rien perdu de son actualité: un père inculte et candide qui découvre que sa fille chérie exerce le plus vieux métier du monde, se trouve à jamais blessé par cette sombre découverte.

Pour le reste, le film alterne les trouvailles comme le fait que la fille disparue reste une "Arlésienne" et des effets plus contestables, notamment ce gros plan d'une fille de joie qui s'avance vers un Fernandel décontenancé. Mais ce qui passe le plus mal, ce sont ces scènes de larmes assez longues qui s'avèrent répétitives et inutiles: le sujet et les acteurs sont assez poignants alors pourquoi en rajouter ?

Dommage que l'excès de pathos détruise un film de qualité qui n'était pas forcément loin d'être un chef-d'oeuvre..

Le plus beau métier du monde…

Ou, plutôt, le plus vieux ?

Effectivement, dans ce voyage du père, Fernandel découvre que sa fille pratique le plus vieux métier du monde et non pas le plus beau métier du monde.

Nous sommes ravis de vous retrouver parmi nous, Verdun. Selon l'expression de l'éditeur de Arca1943, vous "brisez un long silence littéraire".

On l'saura ! Bienvenue chez vous, Verdun.

Eh oui, chers Camarades, le virus de la cinéphilie m'étant revenu, voici mon retour sur DVDTOILE !