Forum - Mon homme Godfrey - Un classique de la comédie américaine
Accueil
Forum : Mon homme Godfrey

Sujet : Un classique de la comédie américaine


De vincentp, le 18 avril 2009 à 23:53
Note du film : 5/6

Comédie de moeurs socialement engagée, comme pour les films signés Preston Sturges, bénéficiant d'une bonne côte encore aujourd'hui, voilà un classique -disponible à petit prix-, que je glisserai dans la liste des "meilleures comédies américaines" de l'âge d'or.


Répondre

De jeff94, le 4 septembre 2015 à 02:21
Note du film : 6/6

Voila une excellente comédie de 1936, (My man Godfrey), du tres méconnu metteur en scène Gregory Lacava. Avec William Powell (Godfrey Smith), Carole Lombard (Irene Bullock)e la veine du grand Frank Capra, même si il fait souvent appel a votre philanthropie ,l'histoire est assez originale,Cornelia Bullock s'extirpe d'une voiture de luxe, suivie de sa sœur Irene, pour chercher un clochard dans la décharge publique de New York. Elles effectuent une "course aux objets" un peu snob et même un peu indécente. Elles doivent ramener un "homme oublié". Cornelia jette son dévolu sur un clochard nommé Godfrey qui la repousse…et la fait tomber sur les ordures. Cornelia s'enfuit mais Irene, un peu ivre, poursuit la conversation et finit par convaincre Godfrey, devenu curieux, de la suivre.

Irene gagne la course aux objets grâce à Godfrey qui ne se prive pas de dire leurs quatre vérités aux grands bourgeois désœuvrés, ignorant de la misère qui les entoure. Irene est tellement contente d'avoir, pour une fois battue, sa soeur qu'elle engage Godfrey comme majordome de la maison familiale et lui donne quelque sous pour s'acheter un costume. je vous laisse decouvire la suite…. godfrey Smith aurait pu dire comme son contemporain Deeds : "Les gens d'ici sont bizarres : ils s'efforcent tant de vivre qu'ils oublient comment vivre… Je me suis promené en regardant les grands immeubles et j'ai pensé à ce que Thoreau a dit : "Ils ont créé des palaces grandioses, mais ils ont oublié de créer les nobles pour les habiter". Dans Mr. Deeds goes to town (Frank Capra, 1936), l'extravagant monsieur Deeds distribuait sa fortune aux chômeurs. Ici, Godfrey Smith pratique de même et utilise l'agent du collier pour loger et fournir un travail aux cinquante chômeurs qui habitaient la décharge. Celle-ci, une fois remblayée (coût 5 800 dollars), devient une boite de nuit branchée.

Il n'est évidemment pas question pour La Cava d'en appeler à la lutte des classes mais, en exposant crûment la totale inconscience des riches, il fait rire ("Pourquoi vivez-vous dans ce dépotoir alors que c'est plus joli ailleurs ?") tout en faisant prendre conscience de ce qu'a d'inacceptable une telle situation. La Cava montre dans cette comédie brillantissime, que même la bourgeoisie n'a rien à gagner à sa vautrer dans son désoeuvrement et que c'est vivre bien plus intensément que d'être responsable de soi-même et des autres… ce que même la tête de linotte d'Irene finira par découvrir, bref…

Une perle du septième art , avec un excellent William Powell , à découvrir ou a revoir


Répondre

De Impétueux, le 28 mars 2023 à 14:14
Note du film : 4/6

Le cinéma des années qui ont suivi la grande crise de 1929 – le cinéma qui, finalement, correspond à la grande expansion du parlant – est plutôt intéressant. Quelquefois ambigu, d'ailleurs. Doit-il inonder les écrans de féeries chatoyantes, dansées, musicales, présenter des monstres terrifiants c'est-à-dire tenter de faire oublier par des moyens antagoniques, mais nullement différents, en fin de compte, la réalité quotidienne de la crise et de la misère ? Doit-il – ce qui est plus subtil – faire surgir un bout de critique sociale ? Cela, bien sûr, sans appel révolutionnaire au renversement de la table et de l'écrasement des possédants ; car les États-Unis, terre de pionniers animés d'un rêve, n'ont jamais marché dans les billevesées égalitaires. En d'autres termes, mieux vaut la charité efficace que l'utopie révolutionnaire à la fois sauvage et inutile.

Ce préalable est posé sur une comédie charmante, virevoltante, quelquefois très drôle, qui fait regretter que son réalisateur Gregory La Cava ne soit pas davantage connu et diffusé. Ceci alors qu'il est pourtant auteur d'une Pension d'artistes que j'ai trouvée encore supérieure à Mon homme Godfrey, qui est un peu plus banal et prévisible.

Le meilleur de Mon homme Godfrey, c'est sans doute l'observation narquoise, ironique, méprisante sûrement aussi (mais gentille : on n'est pas dans l'acidité de la comédie italienne), l'observation, donc, de la cinglerie absolue de la famille Bullock, qui vit d'affaires instables menées par le père Alexander (Eugene Pallette) sur la corde raide de l'opulence. Auprès de lui, sa femme Angelica (Alice Brady), bêtise et superficialité abyssales et ses deux filles, Cornelia (Gail Patrick), méprisante, hautaine, pleine de morgue, collectionneuse d'hommes, diablement séduisante et Irène (Carole Lombard), tête-en-l'air virevoltante, immature, puérile.

Lancées en concurrence et avec bien d'autres groupes dans une sorte de course au trésor où il faut, pour gagner, rapporter le plus grand nombre d'objets incongrus les deux sœurs doivent notamment se procurer un exclu ; peut-on imaginer, aujourd'hui, dans nos vertueuses années, que cette sorte de jeu pourrait aller aussi loin dans le cynisme et le mépris de la dignité humaine ? Toujours est-il qu'il y a un riche gisement à exploiter : une décharge publique où de pauvres chiffonniers tentent de gagner leur pain quotidien. Ne pas oublier que le film date de 1936, au pire de la dépression et que les mesures prises assez vite par Franklin Roosevelt après son élection en 1932 (le New Deal) ne donnent pas encore leur mesure. De toute façon c'est seulement la Guerre qui permettra aux États-Unis de retrouver la prospérité…

Dans leur recherche de pauvres gens, les deux sœurs croisent Godfrey (William Powell, vraiment excellent) qui, d'abord, envoie sur les roses l'altière Cornelia puis cède aux prières d'Irène, tout heureuse de pouvoir damer le pion à son aînée. Il accepte même de devenir le maître d'hôtel de la famille : à la fois laquais et parasite comme le sont le soupirant de Cornelia et le protégé de la mère, le pianiste Coco (Misha Auer, impeccable). Une sorte d'animal de compagnie. Seulement Godfrey n'est pas n'importe quel pauvre diable : diplômé de Harvard, rejeton d'une riche famille bostonienne, il ne s'est retiré de la belle vie qu'à la suite d'un chagrin d'amour… Et sa classe, sa distinction, ses placements avisés, sa parfaite maîtrise des codes lui valent d'être bientôt apprécié de la folle maisonnée.

Apprécié puis bientôt chéri ; de la fofolle mère, de la femme de chambre Molly (Jean Dixon), de l'évaporée Irène qui lui fait une cour infernale ; mais aussi, plus subtilement, de la rogue Cornelia ; le spectateur un peu malin s'est d'ailleurs bien aperçu lors des premiers échanges de regards cette sorte de déclic qui, s'il prend souvent l'apparence de l'animosité est pour autant parfaitement éclairant. Cela dit, on a avant tout l'impression que le héros souhaite se consacrer à tout autre chose qu'à l'amour : à la bienfaisance, par exemple, à la philanthropie…

Je passe sur les péripéties qui ne sont pas d'une folle originalité mais dont le rythme et la vivacité donnent lieu à d'excellents et spirituels échanges. Je m'attarde un peu davantage sur la dernière séquence : Godfrey/William Powell a tout fait pour échapper à la furie amoureuse d'Irène/Carole Lombard mais n'y est pas parvenu : traqué dans sa chambre, il est à deux doigts d'être marié par le Maire. C'est la dernière réplique : Ne bougez pas ! Dans une minute ce sera fini. Rien ne dit que Godfrey dira Oui. Ce n'est pas mal du tout cette incertitude ambiguë.


Répondre

De vincentp, le 28 mars 2023 à 19:07
Note du film : 5/6

Primrose Path me semble être le meilleur film de La Cava. The Lady Eve, Christmas in July, et subjectivement à un degré moindre Sullivan's Travels sont à voir du côté de Preston Sturges. Il y a aussi Mitchell Leisen (La Baronne de minuit), dans le même registre.


Répondre

Installez Firefox
Accueil - Version bas débit

Page générée en 0.0030 s. - 5 requêtes effectuées

Si vous souhaitez compléter ou corriger cette page, vous pouvez nous contacter