Attiré par la présence de Dewaere, j'ai jeté un coup d'oeil curieux à ce film antédilluvien, sans doute sympathique au moment de sa sortie, mais qui aujourd'hui ressemble à une antiquité bien décatie. Pseudo poétique, mièvre et gentillet, dérivant parfois dans un discours politique totalement hors-propos (il en fallait beaucoup moins, ou beaucoup plus), Lily, aime-moi est un festival d'acteurs médiocres (Zouzou, Folon, Blin, et Juliette Gréco et Andreas Voutsinas dans un impossible pastiche de bourgeois décadents), et donne la vedette à Rufus, clown triste dont les mimiques rappellent Bourvil. Quant à Dewaere, dans un rôle de faire-valoir, il apporte un peu de vie et d'insolence à cette espèce de road movie immobile, dans un rôle de boxeur rigolard. Il a d'ailleurs une réplique ("Y'a des mecs qui ont tellement peur de la mort, qu'ils finissent par se faire sauter le caisson") qui résonne étrangement.

Film d'une époque, fleurant les derniers effluves de 68, Lily, aime-moi se noie dans les bons sentiments, là où on aurait aimé un peu de férocité. Et puis, c'est d'une lenteur…

("Y'a des mecs qui ont tellement peur de la mort, qu'ils finissent par se faire sauter le caisson")

Dans Preparez vos mouchoirs, Dewaere dit en parlant de Mozart :

Le pauvre mec, il est mort à trente-cinq ans. Tu te rends compte de la perte ? Quelle époque de cons

Et Dewaere est mort à trente-cinq ans.