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Forum : Le Passager de la pluie

Sujet : Représentatif du style Japrisot


De Jarriq, le 7 mars 2003 à 09:16

Le Passager de la Pluie est sans doute le film le plus représentatif du style Japrisot : personnages prisonniers des traumas enfantins, références à Lewis Carroll, à Hitchcock, scénar policier extrêmement complexe, affrontement entre l'héroïne et un étranger ami-ennemi, dialogue très décalé, etc.

Réalisé par un des plus grands noms du cinéma français, ce film quasi parfait mériterait d'être redécouvert via le DVD. Ce serait le plus bel hommage à faire à Jean-Baptiste Rossi, dit Sébastien Japrisot. Sans oublier la BO magnifique de Francis Lai


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De Impétueux, le 27 mai 2006 à 09:26
Note du film : 2/6

Alors là, les amis, vos commentaires me stupéfient !

J'ai revu ce film hier soir, qui m'avait bien plu lors de sa sortie (comme à tout le monde, je pense : il me semble me souvenir que ça a été un gros succès public), et j'ai pourtant dû me tenir pour le regarder jusqu'au bout, tant je l'ai trouvé daté, chichiteux, niais et, pour tout dire, emmerdant.

Il est vrai que vous paraissez tenir Japrisot en haute estime, alors que ses histoires horlogères m'ont toujours (ou presque) paru le comble de l'afféterie artificielle ; je crois l'avoir écrit déjà une ou deux fois ici, notamment sur le fil de La course du lièvre à travers les champs où je disais pourtant (je viens d'aller jeter un coup d'oeil !) que je m'étais agréablement laissé faire par ce Passager de la pluie !

Eh bien, je me renie !

Et je me demande pourquoi l'excellent René Clément, sacrément inspiré dans Le père tranquille, la quasi-ethnographique et exaltante Bataille du rail, dans le mythique Jeux interdits, dans l'excellente adaptation Gervaise, dans le coupant Plein soleil, pourquoi, donc, Clément est allé chercher pour ses deux derniers films les histoires invraisemblables de Japrisot (dont je ne retiens que L'été meurtrier, grâce à l'exaspérante – mais superbe – Isabelle Adjani). Sans doute une panne d'inspiration, et la croyance qu'une histoire d'apparence subtile, et en fait tordue, peut sauver un film… (J'ai remarqué que les deux ou trois derniers films d'un auteur sont bien souvent des films "de trop").

Ah ! Si Bronson fait du Bronson, plissant les yeux et souriant énigmatiquement à tout instant, Marlène Jobert prouve définitivement que son minois était infiniment charmant et son talent absolument infime. La meilleure, c'est encore Annie Cordy, qui, un peu avant une apparition remarquée dans Le chat prouve qu'au lieu de chanter Tata Yoyo, elle aurait bien mieux fait de se consacrer au cinéma.

C'était la minute de bienveillance d'Oncle Impétueux.


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De Arca1943, le 27 mai 2006 à 09:52

« Marlène Jobert prouve définitivement que son minois était infiniment charmant et son talent absolument infime. »

Pincement au coeur, ici. Aaaah, Marlène Jobert, etc ''gros soupir''. Pas «absolument infime», quand même… (snif)? Disons : limité ? Hein ? Dites ? Moi je l'ai trouvée très bien, par exemple, dans Dernier domicile connu et j'aime bien son personnage comique dans Alexandre le bienheureux et Julie pot de colle. Et pui moi 7 mef jla kiffe grave, là.

« La meilleure, c'est encore Annie Cordy, qui, un peu avant une apparition remarquée dans Le chat prouve qu'au lieu de chanter Tata Yoyo, elle aurait bien mieux fait de se consacrer au cinéma. »

A-ha !!! (Exclamation triomphale) Aurais-je trouvé un signataire pour la pétition de l'invisibleRue haute ?


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De Impétueux, le 27 mai 2006 à 10:00
Note du film : 2/6

Allez, va, je concède que je me suis laissé un peu emporter sur Marlène Jobert ! Mais il est vrai que, devant, dans Le passager de la pluie jouer un personnage infantile, ses défauts s'accentuent et sa charmante allure, ses tâches de rousseur, sa joliesse spontanée, qui, d'ordinaire séduisent (et un peu au delà), ici exaspèrent.

J'ignorais qu'Annie Cordy eût tourné un film en vedette ; je doute qu'elle ait eu la surface nécessaire, mais je veux bien essayer d'aller voir !


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De François Maréchal, le 8 février 2007 à 13:52

Le passager de la pluie est un très bon film un peu incompréhensible à la fin.Marlène Jobert joue bien son rôle de femme naïve et je l'ai déjà appréciée dans certains films comme Dernier domicile connu et Folle à tuer.Charles Bronson lui va très bien en flic borné.La musique est très bonne.


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De WARRIOR, le 15 février 2007 à 17:11

Je crains que ce ne soit le contraire : le film s'éclaire complètement à la fin (comme toujours chez Japrisot, quels qu'en soient les adaptateurs), et c'est Bronson le malin.

On n'a peut-être pas vu le même film !!!


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De PM Jarriq, le 15 février 2007 à 17:39

Effectivement, et même si Impétueux et moi avons déjà débattu des mérites (ou du manque de…) du Passager de la pluie, je crains bien que ce soit lui, qui ait la bonne lecture. Dobbs (Bronson) est très loin d'être borné : c'est lui qui manipule Mellie depuis de début du film, depuis l'église, où il la force à se débusquer, jusqu'à cet autre meurtre, dont il se sert pour l'obliger à agir. Il tire les ficelles de A à Z, et Marlène Jobert n'est qu'un gibier plus ou moins récalcitrant. Sans le geste généreux de la fin, elle aurait fini en prison. Cher François Maréchal, il ne vous reste qu'à revoir le film. Il y a pire, comme pénitence…


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De Pianiste, le 13 mai 2014 à 16:45

Après de nombreuses fois où j'ai regardé Le passager de la pluie, je fais toujours le même constat. Le film commence très bien, se met à dérailler en chemin et finit assez bizarrement. L'atmosphère du début est vraiment prenante. Cette ville sous la pluie et cette villa abandonnée dans les bois créent une ambiance très angoissante. Et puis il y a Marlène Jobert aux prises avec son violeur et ensuite, après l'avoir tué, sa rencontre avec Charles Bronson qui a toujours l'air de se moquer d'elle. Pour moi, tout change lorsqu'elle décide de vraiment régler cette sale affaire. Enfin bref, la fin s'est enfin éclairée pour moi, mais il y a toujours un passage très obscur. Sinon, c'est un film que j'aime beaucoup et l'envoûtante musique de Francis Lai ne fait qu'en rajouter.


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De Impétueux, le 29 mars 2018 à 15:42
Note du film : 2/6

Rejoignant le disparu François Maréchal, je célèbre le début du film, ces images déprimantes de la côte varoise sous le ciel uniformément gris, sous la pluie drue et les quelques séquences qui suivent immédiatement ; il est vrai que rien n'est plus triste que ce paysage fait pour le soleil qui subit le crachin qu'on réserverait volontiers aux terres océanes et qu'il n'y a rien de plus désolant que de considérer ainsi agaves et pins parasols. C'est donc une très bonne entrée en matière : on ne sait pas trop à quel moment de l'année on se situe, sans doute au début d'un printemps pourri ; il n'y a pas l'ombre d'un touriste égaré et les bourgades faites pour les visiteurs de l'été sonnent creux sous le rythme agaçant de l'ondée.

Mais pas davantage que la pluie ne durera, le film ne tiendra ses promesses, essentiellement du fait de la toujours extrême complication des intrigues conçues par Sébastien Japrisot, fumeuses, fuligineuses, improbables, trop pleines de marqueteries sophistiquées pour être convaincantes (mais j'ai déjà dû dire dix fois, à dix occasions, mon sentiment là-dessus). Qu'il y ait dans Le passager de la pluie tout ce qui est spécifiquement japrisotien (les traumatismes de l'enfance, l'ambiguïté du méchant qui est en fait un ami, l'atmosphère souvent onirique, les dialogues décalés) ne me prédispose pas à la bienveillance tellement je trouve ça artificiel et généralement mal fichu. Et je m'étonne que René Clément qui ne semblait pas, du moins à ses débuts, aller dans le sens de cet excessif romanesque soit tombé, pour ses dernières réalisations dans ce panneau. Que signifie, par exemple cette visite de la gentille Mélie (Marlène Jobert) dans la maison de rendez-vous parisienne de qualité supérieure ? Elle nous permet de voir, ce dont on est toujours ravi, Corinne Marchand en maîtresse des lieux, Jean Piat (il est vrai peu convaincant en l'espèce) en trafiquant de haut vol d'on ne sait quoi et la si belle Marika Green dans le tout petit rôle d'une hôtesse ou camériste parfaitement stylée pour la clientèle raffinée de la maison, mais c'est bien tout.

Ce qui a sans doute valu au film un réel succès, outre le titre, de qualité et inquiétant à souhait, c'est le jeu des acteurs, particulièrement bien distribués au demeurant ; je renie, au fait, tout ce que j'ai pu dire et écrire de désagréable ou de condescendant sur les qualités de Marlène Jobert, qui donne à son personnage à la fois une grande fragilité à la limite de l'idiotie et une grande capacité de séduction charnelle ; j'ai désormais bien compris que l'histoire est aussi celle de la transformation d'une adolescente retardée en femme enfin adulte : le rôle est affreusement caricatural et déséquilibré mais si on pousse la bienveillance à faire semblant d'y croire un peu, on doit honnêtement reconnaître que l'actrice l'interprète brillamment. Et cela même si – j'y reviens ! – ça part dans tous les sens. Je persiste à dire que je trouve Annie Cordy, très loin de ses gugusseries chantées, tout à fait excellente dans son personnage de femme amère, infidèle et alcoolique.

Mais la meilleure trouvaille, c'est tout de même Charles Bronson, félin, narquois, qu'on sent terriblement dangereux, dont le jeu est à la fois tout contenu et tout explosif ; on peut bien se demander pourquoi il trimballe dans cette station vide de la côte varoise, alors qu'il est en mission secrète, son uniforme de colonel étasunien et pourquoi il écrit ses rapports sur papier à en-tête de l'Ambassade, mais si on se laisse fasciner par le caractère primitif, instinctif, immédiat de l'acteur on en a pour son content…

Dommage que la musique de Francis Lai soit si mièvre et que, funeste concession aux exigences de la coproduction, le rôle du mari soit tenu par le bien fade Gabriele Tinti, dont la carrière entre le péplum et le porno-soft n'a pas laissé d'autres traces concluantes…


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