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Forum : Le Roman de Mildred Pierce

Sujet : Les alligators ont raison


De DelaNuit, le 8 octobre 2008 à 22:46
Note du film : 6/6

Enfin disponible, Le roman de Mildred Pierce, célèbre film noir au dénouement inattendu, qui relança en 1945 la carrière déclinante de Joan Crawford !

Le scénario est adapté d'un roman de James Mac Cain (Le facteur sonne toujours deux fois, Assurance sur la mort).

Argument : "Tout ce que Veda (Ann Blyth, la soprano de Kismet) souhaite, sa mère – Mildred Pierce – le lui offre. Mildred irait jusqu'à rompre avec son mari, à se démener à grimper les échelons sociaux dans un univers machiste, à épouser un homme riche qu'elle n'aime pas, tout cela pour l'amour qu'elle porte à sa fille : "Je ferais n'importe quoi pour elle !" Mais cela inclut-il le meurtre ?

Répliques célèbres du film :

" – L'amitié est bien plus durable que l'amour – Certes, mais pas aussi distrayante !"

" – J'étais toujours dans la cuisine. Je me sentais comme si j'étais née dans une cuisine, et y avais vécu toute ma vie excepté pour les quelques heures nécessaires à mon mariage…"

" – Vous connaissez cet homme ? – Oui, nous avons été mariés une fois…"

" – Je t'aime aussi maman, mais ce n'est pas une raison pour me coller autant…"

" – Personnellement, je suis convaincue que les alligators ont raison : ils mangent leur progéniture ! "


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De DelaNuit, le 12 octobre 2008 à 18:26
Note du film : 6/6

Relevé dans "Le film Noir" de Patrick Brion (éditions de La Martinière) :

"Le personnage que je jouais dans le film – avouera Joan Crawford – était un mélange des rôles que j'avais joué précédemment et d'éléments provenant de ma propre personnalité et de mon propre caractère. (…) Mes univers professionnels avaient tant évolué… Des amis étaient morts ou partis… Le public lui même ne semblait plus savoir ce qu'il souhaitait… Les compagnies cinématographiques avaient de plus en plus de problèmes. Mes jours dorés et souvent glorieux s'étaient achevés et Mildred Pierce apparaissait comme une sorte de célébration amère de la fin."

"Superbement dirigé (par Michael Curtiz), Mildred Pierce marque non seulement l'une des apogées artistiques de la Warner Bros, mais la réunion en un seul film de plusieurs genres particulièrement chers à cette firme. Le personnage de Mildred Pierce rappelle ceux que jouèrent précédemment Kay Francis ou Ann Dvorak – notamment dans The strange love of Molly Louvain de Curtiz -, des femmes victimes de l'adversité mais luttant jusqu'au bout pour préserver leur enfant ou leur amour impossible, et le style du film est propre au "film noir", un monde nocturne où s'affrontent – Milderd Pierce mise à part – des êtres sans scrupules. Veda finit par devenir la maîtresse du mari de sa mère, Monte et Wally n'hésitent pas à trahir Mildred qui leur a toujours été fidèle et seul l'infidèle Bert témoigne d'une réelle sensibilité.

Nommée pour les oscars, Joan Crawford sera choisie parmi ses pairs comme la meilleurs actrice de l'année dans Mildred Pierce. Une seconde carrière allait pouvoir commencer…"


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De vincentp, le 2 septembre 2014 à 23:12
Note du film : 6/6

Oeuvre artistique superbe, à la croisée du film noir, du mélodrame, et de la "screwball comedy". Les dialogues brillants et vachards fusent à toute vitesse sur tous types de sujet et régalent le cinéphile… La mise en scène de Michael Curtiz est magnifique mais les acteurs (n'oublions Jack Carson comme contributeur émérite), la photographie (Ernest Haller -La fureur de vivre, Autant en emporte le vent,…-), la musique (Max Steiner) sont au diapason.

Une très belle réussite du studio Warner, datée de 1945, qui traverse les époques en se bonifiant, grâce à ses qualités intrinsèques et son approche impertinente de sujets intemporels (relations parents-enfants, hommes-femmes, argent et bonheur…). Utilisation réussie des apports du cinéma expressionniste allemand (ombres et des lumières créant à peu de frais un climat d'angoisse et de tensions, en intérieurs et extérieurs).


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De vincentp, le 3 septembre 2014 à 20:43
Note du film : 6/6

Ajoutons que des contributeurs talentueux sont à l'origine de cette histoire : James M. Cain (auteur), Ranald MacDougall, William Faulkner (non crédité), Catherine Turney (non crédité).

C'est aussi une oeuvre portée parfaitement par des seconds rôles très performants du cinéma hollywoodien, impeccablement dirigés : Ann Blyth, Zachary Scott, Jack Carson,

Beau travail d'équipe.

Jack Carson (John Elmer Carson) est un acteur canadien né à Carman (Manitoba) (Canada), le 27 octobre 1910 et décédé le 2 janvier 1963 à Encino, (Californie) États-Unis. Il repose au Forest Lawn Glendale à Los Angeles. (Wikipédia)

Et selon IMDB :

During the 1940s, he would often disappear from Hollywood for weeks at a time. Only his wife knew where he went, and she (Kay St. Germain Wells) would tell no one. Years later Carson revealed the secret: he had joined the Clyde Beatty circus as a clown and was traveling with their show. Audiences never knew it was him; "They loved me and my routines," he said,.


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De Impétueux, le 23 juin 2023 à 11:58
Note du film : 5/6

C'est vraiment très bien et ça montre que des réalisateurs de second rang, comme Michael Curtiz, prolifiques et solides, pouvaient apporter au cinéma quand ils étaient établis sur un scénario bien étayé, émanant d'un bel écrivain, James Cain et aidés par des acteurs de qualité. En fait, au lieu d'acteur, on pourrait davantage écrire actrice tant Le roman de Mildred Pierce s'établit presque entièrement sur le magnifique talent de Joan Crawford qui emplit tout l'espace et règne absolument sur ce beau mélodrame.

Mélodrame, oui, bien sûr, mais aussi thriller, film noir, drame familial, mystère policier, tout cela en proportions variables et très habilement dispersé au gré de flashbacks intelligemment insérés dans le récit. De nombreux personnages, dont les principaux sont parfaitement découpés, avec qui on est de plain-pied et qu'on voit avancer, poussés par la Fatalité – ou plutôt par la logique des systèmes et des personnalités – vers une fin minable.

Ce n'est pas forcément un compliment sous ma plume mais le film est d'une étonnante modernité. Il sort sur les écrans des États-Unis à la fin de septembre 1945, alors que la guerre est finie, que le pays a triomphé, qu'il n'a pas le moindre concurrent au monde, Allemagne et Japon écrasés, Union soviétique devant reconstituer ses forces. En d'autres termes, les États-Unis donnent alors une sorte d'image idéale, exemplaire, à quoi chacun est invité à se conformer.

Et voilà qu'une famille qui représente presque caricaturalement cette image est secouée, bouleversée, éparpillée. Que l'on est dans le drame. Parce que le film de Michael Curtiz commence par la vision d'un homme, Monte Beragon (Zachary Scott), blessé à mort qui s'effondre dans une belle villa. Se poursuit par l'errance sur les quais de Mildred Pierce (Joan Crawford), manque de se suicider puis, se reprenant, monte une machination machiavélique pour compromettre Wally Fay (Jack Carson), son ancien associé et surtout le type qui lui court infructueusement après depuis leurs années de collège.

Flashback. Quatre années auparavant, Mildred était la jeune dinde idéale de l'American Way of Life, mariée à 17 ans, confinée à la cuisine, mère de deux filles, la jeune Kay (Jo Ann Marlowe), garçon manqué et l'adolescente Veda (Ann Blyth), qui ne rêve que d'argent et de vie brillante. Mais Bert Pierce (Bruce Bennett), le mari, fait de mauvaises affaires et ne supporte pas que sa femme gâte au-delà du raisonnable sa fille Véda, en achète en quelque sorte l'affection. Séparation, d'autant que Bert a une maîtresse.

Période de gêne financière ; presque par hasard Mildred se fait embaucher comme serveuse dans un restaurant. Y réussit magnifiquement ; poussé par son soupirant Wally, qui voit là l'occasion d'avancer une nouvelle fois ses pions, décide d'ouvrir elle-même un bistro. Rencontre Monte Beragon (Zachary Scott), rejeton d'une ancienne famille prospère qui dépense ses derniers milliers de dollars dans une existence de parasite brillant. Mildred, aidée par le culot et le sens des affaires de Wally, plaît à Beragon qui lui met le pied à l'étrier. Peu à peu, réussite formidable. Et c'est l'amour avec Beragon. Simples nuées dans ce bonheur si semblable aux mythes étasuniens de la réussite, la gêne croissante de Beragon, qui a dépensé son patrimoine et vit désormais aux crochets de sa femme et l'affreuse mentalité de Veda, qui n'a d'amour et d'intérêt pour les gens qu'en fonction de l'épaisseur de leur portefeuille.

Tout cela – dont on voit les ramifications compliquées – va se développer jusqu'au drame final. Eh bien ces complications ne sont jamais obscures ni invraisemblables. Le déroulement des événements est celui d'une chute fatidique, d'une catastrophe inéluctable.

Ce qui est impeccable, c'est aussi vraiment l'absolue médiocrité de la plupart des personnages, Mildred excepté. Mais sa fille Véda est un petit monstre de futilité, d'égoïsme et de cruauté, une des pires incarnations de jeune fille perverse jamais vue, son premier mari Bert un jaloux falot qui méprise sa femme mais qui va, à la fin, la récupérer, son second époux un sale parasite social ; et même l'ami Wally n'a que deux objectifs – profiter financièrement de la situation de Mildred et en faire enfin sa maîtresse.

Que de sales gens. Et quel bon film !


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