J'ai été attaché par un film de série, tourné sans grands moyens, mais qui est bien intéressant, malgré certaines désinvoltures de scénario et de tournage ; mais l'ambiance y est savamment posée, les extérieurs fascinants, la musique, grise et triste, assez fascinante…
Le terme de rififi – quelle trouvaille ! – était alors bien à la mode ; les histoires de casse l'étaient déjà, et le sont restées : elles se terminent habituellement très mal, de L'ultime razziaOn ne peut pas vraiment dire que ce soit le cas, dans Rififi à Tokyo, parce que les personnages sont soit trop marmoréens et figés (Vanel,
mais aussi Böhm
et surtout Vitold)
, soit trop peu caractérisés et à peines ébauchés (la bande de joyeux malfrats branlottins, compagnons de toujours de Van Hekken (Vanel)
, qui se font d'ailleurs tous dessouder au cours d'une séquence délicieuse et ridicule par une horde de yakusas).
Tout cela dit, Rififi à Tokyo est un film pas mal du tout, avec un Vanel
excellent et, me semble-t-il, contre l'avis de AlHolg meilleur dans le rôle que Gabin,
s'il avait été choisi, qui aurait été trop amer et solitaire : Vanel
est plus jouisseur, sûrement plus veule et plus humain…Mais on ne va pas se disputer pour ça…
« Ce qui est très bien, c'est de voir ce qu'était Tokyo en 1961. »
Tiens donc ? Étrange remarque venant de vous, cher Impétueux !
« …une ville misérable, aux trottoirs à peine entretenus, aux masures entrelacées, aux avenues lugubres et aux ruelles patibulaires… »
Oui, un peu comme dans L'Ange ivre ou Rivière noire,
en somme ?
« …la ravissante Keiko Kishi… »
Ravissante, en effet ! Et heureux que vous êtes, vous pourrez la retrouver, votre ravissante, dans Printemps précoce de Ozu,
Arakure
de Naruse,
Tendre et folle adolescence
de Kon Ichikawa,
Kwaidan
de Masaki Kobayashi
ou encore, si vous préférez les films de sabre, Chasseur des ténèbres
de Hideo Gosha
…
Ah ah ah ! Je ne tomberai pas dans le panneau que je me suis tendu et dans quoi vous prétendriez me confronter, cher Arca !
Ce qui m'a fait regarder le film, c'étaient évidemment (je l'ai dit) Vanel et Deray
: ç'eût été Rififi à Tegucigalpa ou à Bobo-Dioulasso, je m'y serais adonné avec autant de plaisir…
En d'autres termes, j'ai été bien amusé de voir des Occidentaux se débattre avec un monde étrange et, à mes yeux, parfaitement incompréhensible (un peu comme dans Lost in translation), mais un Monde qui ne correspondait pas, en 1961, avec les images, vraies ou fausses, que nous nous faisons aujourd'hui du Pays du soleil Levant (ou du Matin calme ? Ah ! Non, ça c'est la Corée, je crois !).
Keiko Kishi est, certes, bien jolie…mais enfin, on ne peut pas dire que la jolie fille soit une denrée rare sur le marché du film…
Et je reconnais bien volontiers que j'ai tendu le cou à votre admonestation qui est aussi narquoise que fraternelle !
Un excellent Deray (un peu oublié) en effet. Un polar filmé au rasoir avec une musique japonisante très belle de Georges Delerue (totalement inédite en CD hormis le générique) et des acteurs très crédibles.
A voir dès que possible (pour ma part, je l'ai en bonus du coffret d'"Un homme est mort")
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