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Sujet : Avis


De Arca1943, le 7 août 2008 à 23:10
Note du film : 5/6

Que font nos amis chez Wild Side, chez Asian Star, chez HK Video ? Une petite réédition, m'sieurs-dames, pour ce Kobayashi de 1971 parfois intitulé L'Auberge du mal, avec Tatsuya Nakadai et Shintaro Katsu !


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De Arca1943, le 14 novembre 2011 à 00:45
Note du film : 5/6

J'ai complètement effacé mon message précédent, qui sous-évaluait mesquinement ce beau film. « Deux fois dans le lecteur remettez vos galettes», disait approximativement un penseur français. Mon message précédent datait d'une époque où je voyais trop de films et je commençais, en toute inadvertance, à saturer.

Sans être le chef-d'oeuvre méconnu que j'espérais, ce film de Masaki Kobayashi est très bon et mérite sûrement une sortie. Ses moyens de production n'ont pas l'ampleur d'oeuvres précédentes du cinéaste et ce n'est pas nécessaire étant donné le sujet. On sait que la Shochiku avait "lâché" Kobayashi un peu vite, sur la foi d'un seul insuccès commercial, celui de Kwaidan. Auparavant Harakiri, d'après mes renseignements, avait été un grand succès en salle au Japon, et plus encore la trilogie Ningen no joken. Je dis que tout en étant une maison de production glorieuse et magnifique, la Shochiku n'aurait pas dû lâcher monsieur Kobayashi comme ça, sur la base d'un seul insuccès commercial ! que ce fut une erreur ! Voilà mon opinion.

Mais revenons à cette Auberge du mal, donc, il s'agit de l'adaptation d'une pièce de théâtre et on s'en cache fort peu, bien que le splendide finale nocturne en extérieurs ne soit pas théâtral du tout. C'est qu'il y a ce lieu unique, très particulier – une auberge abandonnée sur une petite île fluviale où se terrent des contrebandiers, spécialisés dans les produits étrangers interdits arrivant par bateau. Une bonne portion du film se passe à l'intérieur de cette auberge où les contrebandiers, contre leurs habitudes, ont recueilli un blessé – ce qui de fil en aiguille va les entraîner à leur perte.

Les dialogues sont abondants, l'action souvent racontée plutôt que montrée. Tous les acteurs jouent au diapason de cette clé théâtrale. Ainsi Tatsuya Nakadai comme Shintaro Katsu mettent plus d'emphase dans la parole et le geste ; comme toute la troupe d'ailleurs, que je soupçonne d'avoir "rodé" ce spectacle sur scène avant de le porter à l'écran.

Le vrai sujet du film est l'ironie absurde du destin : où une bande de voleurs redoutable va se faire mettre hors d'état de nuire par les autorités alors même que pour une fois, ils ne sont pas motivés par le vol, qu'ils ont pour une fois des motifs élevés d'agir.

C'est un film très composé, qui prend tout son temps pour nous exposer ses personnages et leur désarroi moral de voleurs, d'ivrognes, de pas-bons. Ce qui fait reposer en partie la réussite du film sur les épaules de ses interprètes. Or ça tombe bien, Nakadai, Katsu et leurs collègues sont vraiment excellents.

L'action finit par éclater à la toute fin du film. C'est une longue séance nocturne de combats et poursuites, éclairée pa la seule lueur des nombreuses lanternes des forces de l'ordre qui, vues de loin, ont l'air de lucioles. Le mouvement d'ensemble est magnifiquement orchestré. Et comme même les films indépendants et théâtraux peuvent être enracinés dans le cinéma d'action, dans ce finale nocturne Tatsuya Nakadai joue non seulement du sabre mais se montre aussi un dangereux lanceur de couteau !

La traduction littérale du titre (« Nous donnons nos vies pour rien ») prend tout son sens moral dans cette fin – en somme, des criminels réunis par l'appât du gain se mettent à agir pour des motifs désintéressés, trouvant dans leur ultime action à la fois rédemption et mort.


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