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Forum : Douze hommes en colère

Sujet : L'ombre d'un doute


De verdun, le 18 décembre 2005 à 20:04
Note du film : 6/6

En 1957, enthousiasmé par la pièce de théâtre de Reginald Rose, TWELVE ANGRY MEN, Henry Fonda décide d'en produire une adaptation au cinéma.Il y voit une nouvelle occasion de jouer un rôle humaniste à dimension humaine.

Tout se déroule dans les meilleures condition: Fonda engage un débutant, Sidney Lumet, avec qui il s'entendra à merveille. Les comédiens secondaires sont admirablement choisis: Lee J Cobb, Martin Balsam, etc.

On comprend que Fonda ait voulu ce film et ce rôle en or: l'individu épris de justice et de liberté qui fait face à un jury prêt à condamner un innocent et doit les convaincre de remettre en cause une "quasi" certitude. Et le résultat confirme nos attentes: Henry Fonda EST le film, ne se contente pas de jouer de son physique de "Don Quichotte" mais donne une vraie profondeur à son emploi.

Nous sommes pris à la gorge du début à la fin -malgrè un dénouement prévisible- par les tergiversations qui agitent cet échantillon de l'humanité qu'est le groupe de onze jurés. D'ailleurs, Lumet manifestera son son intérêt pour ce thème du groupe et des relations dans une collectivité, y compris dans un film apparemment peu personnel comme son adaptation du CRIME DE l'ORIENT EXPRESS.

DOUZE HOMMES EN COLERE est donc un très grand moment de cinéma, où le septième s'enrichit en faisant appel à un matériau de base télévisuel (une nouveauté à l'époque)d'une dramatique télé.

Aussi bizarre que celà puisse paraître, DOUZE HOMMES EN COLERE fut un échec commercial malgrè entre autres un ours d'or à Berlin.Aujourd'hui, le film est unanimement célébré.

Sidney Lumet était au début d'une carrière inégale certes mais riche en chefs-d'oeuvre: SERPICO, NETWORK, UN APRES-MIDI DE CHIEN,etc.. Quant à Henry Fonda, il s'apprêtait à entamer une seconde carrière faite de rôles plus ambigus voire négatifs: L'HOMME AUX COLTS D'OR, TEMPETE A WASHINGTON, IL ETAIT UNE FOIS DANS L'OUEST.

Quoiqu'il en soit, une oeuvre indispensable et incontournable !

    

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De PM Jarriq, le 19 décembre 2005 à 11:13
Note du film : 6/6

Le film, apparemment simple dans sa forme, est inégalable. Il n'y a qu'à jeter un coup d'oeil au remake télé, pourtant réalisé par William Friedkin, avec Jack Lemmon et George C. Scott (des pointures, donc) : malgré ses qualités, il ne possède pas un dixième de la puissance du film de Lumet. Je crois effectivement, que la présence emblématique de Fonda, y est pour beaucoup.


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De lych666, le 31 mars 2006 à 12:43
Note du film : 5/6

Ce qui est le plus effrayant dans ce film, c'est que le personnage interpreté par Henry Fonda, c'est à dire, celui qui renverse la balance, est peut-être le moins humainement crédible. C'est un peu le personnage surnaturel, une sorte de super héros qui a finalement peu de chance d'exister dans la réalité (sans vouloir être trop pessimiste).

Par contre, les onzes autres représentent parfaitement tous les petits travers de l'homme qui peut, comme le démontre le film, prendre de mauvaises décisions aux conséquences graves.

Il y a celui qui ne veut pas rater son match de Baseball et qui est prêt à tout pour abréger la scéance, tout ça pour son petit plaisir personnel. Il y a celui qui veut se défouler à travers le verdict pour régler une histoire personnelle (un substitut de vengeance). Un autre ne cesse de se faire influencer et de changer son avis selon celle des deux parties qui à l'avantage ou l'autre. Puis évidemment, il y a celui qui est aveuglé par ses préjugés et serait prêt à envoyer un gamin à la mort, juste pour conforter ses préconceptions et son jugement sur la société.

Finalement, il n'y a que le plus vieux, qui était depuis le début, je pense, avec Henry Fonda, mais que sa faiblesse ne lui permettait pas d'aller contre l'opinion générale.

Ce Huis-clos est palpitant du début à la fin, je ne savais pas qu'il était inspiré d'une pièce de théâtre, en tout cas, c'est un très bon film qui mérite son ours d'or.


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De paul_mtl, le 31 mars 2006 à 16:06
Note du film : 6/6

Excelent film.

Imaginez qu'on demande son visionement pour un cours universitaire sur le 'Leadership'.

Le personnage interpreté par Henry Fonda est un bon 'leader' qui est confronté a 2 ou 3 autres mauvais 'leader' parmi ces 12 jurés.

Sa determination, son calme et son argumentation lui donne une grande capacité de persuasion.


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De droudrou, le 16 juillet 2008 à 08:02
Note du film : 4/6

J'ai revu ce film que j'avais vu il y a un temps déjà.

Il est intéressant. Il nous fait réfléchir sur les jugements à l'emporte-pièce. Il est excellement interprété et c'est vrai que le côté mélodramatique en est respecté.

Finalement, le coupable n'est pas coupable. Au moins, ça rassure !

Une chose est certaine, nos p'tits travers quotidiens sont évoqués dans ce film et c'est vrai qu'humains nous sommes faillibles surtout par rapport à l'homme au complet blanc, Henry Fonda…

Eh bien, néanmoins, je suis déçu ! La pièce est très bien jouée, certes, très bien dirigée, certes, mais elle n'est pas crédible !

La couteau à cran-d'arrêt avait été perdu mais il figure parmi les pièces à conviction ! Ca veut donc dire qu'on a procédé à des recherches minutieuses et qu'on l'a retrouvé à moins qu'un clochard ne l'ait trouvé et soit allé spontanément le reporter au commissariat de police !

Et Henry Fonda, le 8ème juré, est allé faire le tour des brocanteurs la veille au soir et a fini par dénicher une pièce identique ! Sur quoi s'est-il basé ? Son intime conviction ? A ce moment je m'en étonne un peu…

Donc, effectivement, c'est plus une réflexion sur le leadership parce qu'à la fin les onze autres jurés se sont mis d'accord sur le fait que le procès avait été "mal conduit" et que "l'enquête de la police" n'avait pas été probante ce qui, à mon sens, n'a rien d'extraordinaire quand on sait quand même la quantité de délits qui semblait déjà caractériser la nation américaine et qui n'a pas dû s'améliorer.

Par contre, je me pose la question de savoir si le personnage interprété par Henry Fonda a une âme car, en fait, tout son argument repose sur des éléments matériels ou mécaniques dont en fait au fil du déroulement de l'action ils viennent s'emboîter les uns avec les autres. Ce qui m'amène à penser que le personnage peut être particulièrement dangereux en fonction des faits auxquels il se trouve confronté.

Ce qui me déçoit, c'est la dernière scène où les jurés quittent le tribunal.

Je pense que la base était de démontrer la faillibilité de la justice et du système. Je pense que la démonstration en est faite et j'en ai l'intime conviction.

Par contre, ce que le film ne nous dit pas et que j'aurai aimé savoir c'est la décision du juge et ce qu'il va ordonner. Le juge est quelqu'un que nous ne voyons pas sauf le début du film et, à l'égal de la façon dont cette affaire est traitée, il n'est pas du tout convaincant. La confrontation juge/jury aurait été intéressante. La conclusion ne m'apparaît pas particulièrement optimiste même s'il y a un "happy end" à propos d'un jeune homme qui ne passera pas sur le chaise électrique. Et effet voulu, quand nous le voyons au début du film, un certain moment son image se mélange à celle du prétoire, c'est donc bien que son destin va être scellé à partir de la décision d'autrui.

Il y a dans ce film un rare aspect inhumain que l'on perd rapidement de vue dans la mesure où tout se centre sur le personnage en blanc de Henry Fonda.

Si je me place par rapport à un autre procès, Jugement à Nuremberg le petit juge Spencer Tracy représente une autre valeur humaine. A peu près la même période de réalisation et un générique composé lui aussi de grosses pointures où les grands réalisateurs américains de l'époque viennent se confronter…


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De littlecat, le 18 juillet 2008 à 08:30

pourriez-vous me dire si la pièce "douze hommes en colère", interprété par Michel Leeb à la scène, a été enregistrée et commercialisée (vidéo ou CD) ?


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De PM Jarriq, le 18 juillet 2008 à 12:16
Note du film : 6/6

Etonnant, ce rôle de juré, qui peut être joué successivement par Henry Fonda, Jack Lemmon et… Michel Leeb.


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De droudrou, le 18 juillet 2008 à 12:23
Note du film : 4/6

Si Michel Lebb est dans la sobriété, pourquoi pas ! Des gens comme Fernandel, Bourvil, Coluche et bien d'autres encore nous ont surpris en interprêtant des rôles qui sortaient de leur image commune…


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De marge33, le 28 février 2009 à 09:44

De la part de Littlecat : Merci DUDUL69 de votre message. J'ai vu, il y a quelques années, au théâtre de Nîmes dirigé à l'époque par M. Lebeau, Douze hommes en colère. Michel Lebb dans le rôle principal et les comédiens qui l'entouraient, donnaient à la pièce une humanité et une chaleur que j'ai eu du mal à trouver dans le film avec Henry Fonda. Ce fut une excellente soirée et je serais heureuse de retrouver ce spectacle.


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De Gilou40, le 5 janvier 2010 à 23:28

De Gilou40, le 5 janvier 2010 à 23:28 Je viens de voir la pièce de théâtre, tirée du film. Ou serait ce le contraire ? Vous me direz…Mais quel bonheur, tous ces vétérans de la scène autour d'un Michel Leeb éffaçé, pour une fois, et possédant beaucoup moins de métier que ses collègues de scène. J'ai trouvé que cette pièce avait quelques ressemblances avec Marie-Octobre. Ce doit être peut être plus marquant dans le film.

J'adore le théâtre mais, malheureusement, et le temps et les finances me privent trop souvent de ce plaisir. Alors, pour une rare fois, vive la bonne télé ! Je vais essayer de me procurer le film dont vous dîtes grand bien. Et quelle distribution !


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De NucLeo, le 16 août 2012 à 18:30

J'ai vu la pièce sur France 2, et je suis très déçu qu'il ne la sorte pas en DVD, je pense qu'elle ferait un carton, car elle est vraiment géniale, pleine d'humanité. Un vrai bon moment !


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De Steve Mcqueen, le 30 juin 2015 à 19:48
Note du film : 6/6

Un huis clos d'une remarquable densité et d'une intense sobriété. 12 jurés doivent statuer sur le sort d'un jeune homme de 18 ans accusé d'avoir poignardé son père, avec préméditation. Il risque la peine capitale, mais seulement si les jurés se prononcent à l'unanimité. 11 des jurés le déclarent coupable lors du premier vote, à l'exception du juré numéro 8 (Henry Fonda). Peu à peu, au fil des délibérations, il va semer le doute dans l'esprit de ses collègues, en reprenant point par point les failles de l'accusation. Du couteau supposément utilisé pour commettre le crime à la reconstitution des faits et gestes des témoins, il ne va pas prouver l'innocence du jeune homme, mais simplement démontrer que les preuves à charge sont toutes minées par un doute qui suffit à remettre en cause un verdict couru d'avance.

La présentation du juré numéro 8 est exemplaire : on le voit d'abord de dos, puis en train de fumer une cigarette à la fenêtre, toujours de dos. Dès le début Sidney Lumet l'isole de la masse des autres jurés, faisant naître le suspense sur son rôle futur lors des délibérations. Tout de blanc vêtu, il est l'archétype de l'homme intègre jusqu'au bout des ongles.

La mise en scène de Sidney Lumet est brillante, confinée entre les quatre murs de la salle de délibération, mais jamais statique ou théâtrale. Il cerne brillamment ce lieu clos écrasé par une chaleur de plomb, à l'extérieur duquel couve un violent orage. Alors que l'issue du verdict ne fait aucun doute lors des premières minutes du film, il alimente le suspense et fait monter la tension dramatique au fur et à mesure qu'Henry Fonda retourne les jurés un à un, sans que cela se traduise par un procédé répétitif de mise en scène. Les jurés sont d'ailleurs remarquablement caractérisés, du vieil homme irascible au jeune homme timide, du publicitaire désinvolte au dernier réfractaire qui craque lors des dernières minutes du film.

Entre ces quatre murs se joue un huis clos oppressant, tendu de la première à la dernière minute.

Passionnant !


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De droudrou, le 1er juillet 2015 à 06:21
Note du film : 4/6

Un SteveMcQueen en état de grâce dans son commentaire !


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De Impétueux, le 18 octobre 2018 à 17:36
Note du film : 2/6

J'aurais bien aimé être de l'avis de tout le monde et porter aux nues Douze hommes en colère, célébrés sur tous les tons, acclamés par la critique et le public. Trois Oscars, l'Ours d'or de Berlin, une réputation de film à la fois passionnant, tendu, intelligent et humaniste. Et puis Henry Fonda à un de ses (multiples) sommets, la chère vieille sale gueule de Lee J. Cobb et celle, à peine moins notoire de Martin Balsam, le détective de Psychose. Certes, si tout le film avait été tourné avec des acteurs que je connaissais et reconnaissais (comme dans Marie-Octobre, par exemple), je me serais senti plus à l'aise, mais je ne peux pas imputer à un film étasunien de la fin des années 50 mes insuffisances sur 9 des tronches présentées.

C'était la première fois que je voyais le film, ce qui permet souvent, le regard restant attentif, d'être séduit sans subir les déceptions des redécouvertes réchauffées. Et je n'ai pas marché ; et je me suis même passablement ennuyé. Est-ce que ça vient de mon aversion habituelle pour le théâtre, dont vient évidemment le film ? C'est possible en partie, même si le réalisateur Sidney Lumet parvient à peu près correctement, avec une certaine habileté à faire un peu oublier l'ennuyeux confinement dans l'exiguïté d'une pièce étouffée de chaleur les tempêtes qui se déroulent sous tous ces crânes. Crânes qui – je le remarque cum grano salis et au vu des débats de notre époque – sont tous masculins et blancs. Mais là n'est pas la question.

Je crois que ce qui me gêne, c'est le caractère pesamment démonstratif du film, son côté œuvre à thèse ; et ce n'est évidemment pas l'orientation de la thèse défendue qui m'agace. Je tiens depuis longtemps qu'un bon roman, un bon film peuvent argumenter sur tout et n'importe quoi. C'est le talent qui fait la différence et je ne suis pas ami de la censure, d'ailleurs le plus souvent contre-productive. D'autant que le récit des incertitudes qui pèsent sur la culpabilité d'un homme qui encourt la peine de mort n'est pas, en soi, un mauvais combat.

Dans Douze hommes en colère, lorsqu'avec les jurés du procès on entre dans la salle des délibérations, on sait que la peine de mort est évidemment promise au jeune homme qui a tué son père. Mais dès que le Juré n°8 (Fonda, donc) a manifesté ses premiers doutes puis a commencé à saper les faciles certitudes de ses compagnons, on sait que la délibération se terminera à son avantage. À tout le moins, on le sait trop.

Dès lors le film – et c'est aussi en cela qu'il est assimilable à une pièce de théâtre – devient une sorte d'exercice de style très adroit, très brillant même à plusieurs reprises, fondé sur la détermination de N°8 et son sens de la manœuvre. Habilement, il ne s'attaque à aucun moment aux personnalités des autres Jurés, même aux plus outrancières, mais il sème le doute et décortique patiemment. Humaniste scrupuleux, il dénote au milieu d'un conglomérat de braves gens réunis par le hasard, bien ennuyés d'être là et qui ne se préoccupent d'en finir le plus vite possible pour se séparer et courir à leurs occupations.

Tout ça est un peu grandiloquent et très verbeux ; mais c'est le propre du genre. De façon plus substantielle et au vu des retournements successifs des opinions des Jurés, c'est un monument de culpabilités accumulées, anglo-saxonnes et protestantes. Repentances et grattage des plaies, finalement. Ce qui est aujourd'hui trop actuel.


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